L’artiste luxembourgeois Jeff Dieschburg a présenté une œuvre très proche de la photo de Jingna Zhang (à gauche). (Images: Jingna Zhang et Jeff Dieschburg – Montage: @zemotion/Instagram)

L’artiste luxembourgeois Jeff Dieschburg a présenté une œuvre très proche de la photo de Jingna Zhang (à gauche). (Images: Jingna Zhang et Jeff Dieschburg – Montage: @zemotion/Instagram)

La 11e Biennale d’art contemporain de Strassen est confrontée à des allégations d’infractions à la propriété intellectuelle. Jingna Zhang, une photographe singapourienne, accuse en effet Jeff Dieschburg de plagiat.

«Nous avons décidé de saisir un spécialiste en la matière dans l’attente d’un avis juridique», a indiqué, dans un bref communiqué, Stéphanie Baustert, porte-parole de la 11e Biennale d’art contemporain de Strassen.

L’organisation fait effectivement face à une affaire délicate. Ouvert depuis le 20 mai dernier (et devant se clôturer le 8 juin prochain), l’événement installé au Centre culturel Paul Barblé expose les œuvres récentes dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de la photographie et des installations.

La biennale se trouve dans la tourmente depuis que Jingna Zhang, une photographe singapourienne, accuse Jeff Dieschburg de violation de sa propriété intellectuelle. Le jeune artiste luxembourgeois a exposé à la biennale une peinture rappelant très fortement une photographie prise par Jingna Zhang.

Sur les réseaux sociaux, Jingna Zhang évoque clairement une violation du droit d’auteur et s’est étonnée de la justification de Jeff Dieschburg, préférant parler d’inspiration.

«Ce type a copié mon travail, l’a exposé au Centre culturel de Strassen, a remporté un prix de 1.500 euros lors d’un événement soutenu par le gouvernement luxembourgeois et le ministère de la Culture, et l’a présenté à la Grande-Duchesse héritière Stéphanie», a exprimé Jingna Zhang sur Instagram, avant de poursuivre: «Il m’a envoyé une déclaration par courriel, me disant qu’en tant que peintre figuratif, il est évident qu’il a besoin de matériaux de référence, qu’il s’est inspiré de quelqu’un d’autre qui s’est approprié mes photos en premier, et que, même s’il s’est inspiré de certains de mes choix artistiques, il avait créé une image de manière artisanale, avec des couleurs différentes, retourné la photo, et ajouté des boucles d’oreilles et une épée», a encore indiqué l’artiste sino-américaine, décrivant un ton «mièvre» et condescendant de la part de l’artiste luxembourgeois.

Jeff Dieschburg se défend

Enfin, Jingna Zhang s’est dite toujours heureuse de laisser les étudiants se référer à son travail pour leurs études ou leur pratique, tant que ce n’est pas pour des portefeuilles officiels ou des gains commerciaux, et à la condition d’être toujours créditée.

Une publication qui a été largement suivie et commentée sur les réseaux sociaux, avec visiblement une préférence pour le point de vue de Jingna Zhang, suivie par plus de 100.000 personnes sur Instagram.

L’artiste luxembourgeois a confirmé sa position à nos confrères de L’essentiel en maintenant qu’il s’agit «d’une production réalisée dans le cadre de mes études. Un peintre peut s’approprier un matériel et le transposer dans un autre contexte. Je défends le principe de mimétisme. C’est une stratégie artistique courante. Je suis encore étudiant. J’ai besoin de références pour retranscrire le monde qui m’entoure.» Son avocat, Gaston Vogel, a également ajouté qu’il n’était pas possible de l’accuser de plagiat. «Dans l’histoire, les artistes s’inspirent les uns des autres. Ceux qui l’accusent se trompent. Je ne supporte pas qu’un talent exceptionnel soit persécuté pour des bêtises», a-t-il souligné de son côté.