Universal Investment Luxembourg a un : Jeremy Albrecht. Pour M. Albrecht, qui a passé la majeure partie de sa carrière dans l'industrie des fonds au Luxembourg, ce nouveau poste est un «grand défi». «Je souhaitais assumer un rôle plus important, qui me permettrait de diriger l'entreprise localement au Luxembourg et d'avoir un impact sur la stratégie», a-t-il déclaré à Paperjam lors d'un entretien accordé à la mi-avril. Avant de rejoindre Universal Investment, M. Albrecht a travaillé chez Caceis et RBC Investor & Treasury Services.
«Grâce à mon expérience dans le domaine de la vente et de la gestion des relations, je soutiendrai la croissance de la société au Luxembourg.» Fondée en Allemagne en 1968, Universal s'est établie au Luxembourg en 2000, cette année marquant le 25e anniversaire de la société au Grand-Duché. Et «c'est une success story», a commenté M. Albrecht. Présente à la fois dans le quartier de la gare de Luxembourg et à Grevenmacher, à la frontière germano-luxembourgeoise, la plateforme de services de fonds d'Universal administre 407 milliards d'euros d'actifs. La société compte 500 employés au Luxembourg et un total de plus de 1.800 employés dans le monde.
«La plus grande opportunité» au Luxembourg
Universal Investment possède aujourd’hui trois sociétés d’investissement réglementées, basées en Allemagne, en Irlande et au Luxembourg. Mais qu’est-ce qui rend le Grand-Duché si particulier?
«Le Luxembourg a été identifié par Universal comme l’une des juridictions où nous voyons le plus grand potentiel de croissance», explique Jeremy Albrecht. Grâce à sa solide réputation en matière de distribution transfrontalière, le Luxembourg constitue un hub stratégique pour les gestionnaires d’actifs désireux de lancer et de déployer leurs produits à l’international.
«Nous observons également une tendance croissante à l’externalisation dans le secteur de la gestion d’actifs. Dans ce contexte, nous sommes idéalement positionnés pour soutenir leur activité, en leur permettant de se concentrer sur leur cœur de métier – générer de l’alpha – pendant que nous les accompagnons sur les volets front, middle et back-office», détaille-t-il.
Le Luxembourg a su se doter des bons outils pour soutenir le développement des investissements alternatifs, avec notamment la directive AIFMD et le régime Raif. «Le Luxembourg a construit la bonne boîte à outils et le bon écosystème pour assurer le succès des investissements alternatifs», souligne Jeremy Albrecht.
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Cette dynamique est visible: «Nous constatons une forte croissance des services liés au capital privé au Luxembourg. Nous avons pleinement embrassé cette évolution, et c’est un axe stratégique pour nous», affirme-t-il. «Universal au Luxembourg couvre aujourd'hui toute la chaîne de valeur. Et avec la montée en puissance de la “retailisation” dans les fonds d’investissement alternatifs, cette tendance représente une formidable opportunité.»
Deux objectifs principaux
Pour Jeremy Albrecht, deux priorités guideront son mandat. D’une part, «renforcer la trajectoire de croissance du groupe» en positionnant le Luxembourg auprès d’une clientèle de plus en plus internationale. D’autre part, favoriser «une solution plus intégrée» entre les différentes activités d’Universal Investment dans le pays. «Aujourd’hui, nous disposons d’une société de gestion [Universal Investment Luxembourg] et d’une administration centrale [UI EFA]», rappelle-t-il. , EFA propose des services d’administration de fonds ainsi que des prestations en matière de réglementation et de conformité. «Ce sont des activités très complémentaires, et l’un de mes objectifs est de les rendre plus intégrées au Luxembourg», précise-t-il. L’offre reste «très flexible»: les services peuvent être fournis séparément ou combinés selon les besoins.
Ce que nous devons identifier, ce sont les applications concrètes de l'IA, en veillant à ce qu'elles aient un sens pour nos clients et pour nous
Mais l’ambition est claire: «Mieux intégrer les deux structures au Luxembourg», souligne Jeremy Albrecht, en insistant sur l’importance d’évoluer en fonction des attentes des clients et d’adopter résolument «une approche centrée sur le client».
Opportunités à saisir
Pour Jeremy Albrecht, l’intelligence artificielle représente une opportunité majeure dans les années à venir. Tout comme l’essor d’internet en 2000 a marqué une rupture, il estime que l’IA aura «au moins le même impact, mais à un rythme plus rapide». Reste désormais à identifier des cas d’usage concrets, utiles tant pour les clients que pour les équipes internes. Parmi les exemples évoqués : l’optimisation des processus de back-office ou encore la présentation des données de manière plus «significative».
Autre levier stratégique selon lui: la consolidation du marché. «Nous constatons qu’il devient de plus en plus difficile pour un gestionnaire d’actifs de posséder sa propre société de gestion», observe-t-il. Alors qu’un seuil d’entrée d’un milliard d’euros d’actifs suffisait autrefois, il se situe désormais autour de cinq à six milliards. «Cette tendance devrait se poursuivre», prédit-il, incitant davantage d’acteurs à externaliser leurs fonctions. «Le coût de l’infrastructure, la pression sur les ressources humaines et l’évolution de la réglementation poussent naturellement vers des modèles plus flexibles.»
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L’acquisition et la rétention des talents – un défi régulièrement évoqué par l’industrie financière au Luxembourg – peuvent aussi être vues comme une opportunité, estime Jeremy Albrecht. Les entreprises doivent s’assurer d’être «attrayantes» pour les employés et de constituer un lieu de travail dont les collaborateurs sont «fiers». «Le personnel est la clé de notre stratégie au Luxembourg, a-t-il expliqué, en veillant à ce que nous soyons bien équipés pour nous conformer à la réglementation, soutenir nos clients, créer des solutions et rester pertinents dans l’écosystème luxembourgeois.»
Alors qu’Universal Investment Luxembourg célèbre cette année son 25ᵉ anniversaire, l’exercice de projection sur les 25 prochaines années invite à l’imagination. À quoi pourrait ressembler le secteur en 2050 ? «Vingt-cinq ans, c’est un peu loin», sourit Jeremy Albrecht, «mais je vois une industrie profondément transformée», portée notamment par l’essor de l’intelligence artificielle et d’autres technologies. «Le secteur ne ressemblera certainement pas à ce qu’il est aujourd’hui. Ce qui importe, c’est que nous avons su nous adapter au cours des 25 dernières années. Nous devons donc continuer à faire preuve de flexibilité et à évoluer pour rester pertinents et proposer des solutions adaptées au marché.»
«Par exemple, je suis convaincu que notre manière d’effectuer les contrôles et d’interagir avec le régulateur sera très, très différente. De nouveaux métiers apparaîtront. De nouvelles opportunités aussi», conclut-il. «L’essentiel est de rester ouvert et de prendre les décisions nécessaires pour accompagner ce rythme de transformation.»
Cet article a été rédigé initialement en anglais et traduit et édité en français.