Jean-Baptiste Marx, entrepreneur dans l’événementiel, a relancé le Château de Schengen après dix ans d’inactivité. (Photo: Hugo Hirsch/Maison Moderne)

Jean-Baptiste Marx, entrepreneur dans l’événementiel, a relancé le Château de Schengen après dix ans d’inactivité. (Photo: Hugo Hirsch/Maison Moderne)

Il cherchait un entrepôt. Il a repris un château. À 32 ans, Jean-Baptiste Marx, organisateur d’événements, a tout vendu – jusqu’à sa voiture – pour redonner vie à un lieu à l’abandon depuis près de dix ans. L’ancien couvent devenu centre de conférences vibre désormais au rythme des mariages, séminaires et déjeuners conviviaux. Bienvenue dans le nouveau Château de Schengen.

«Je suis passionné par l’art de recevoir, j’aime voir les gens s’amuser», confie Jean-Baptiste Marx, fier d’avoir réveillé un site que beaucoup pensaient définitivement endormi. Pourtant, rien ne le prédestinait à écrire un nouveau chapitre de ce monument classé, inoccupé depuis 2016.

C’est presque par hasard qu’il découvre l’endroit. «À l’origine, je cherchais un simple entrepôt pour l’une de mes activités», raconte-t-il. «Un agent immobilier du Groupe Guy Rollinger m’a alors demandé: ‘Un château ne vous intéresserait pas?’» Intrigué, il accepte la visite. La suite tient du coup de foudre: «Dès que j’ai franchi le portail, j’ai eu l’impression d’entrer dans le château de La Belle au bois dormant. J’ai ressenti une énergie que je n’avais jamais connue auparavant.»

Derrière les grilles rouillées et les murs patinés par le temps, il entrevoit déjà les réceptions, les rires, les week-ends festifs. «Je connais les attentes des clients. Ce lieu cochait toutes les cases.» Ce pari, l’entrepreneur le finance seul, en vendant tout ce qu’il possède, jusqu’à sa voiture. «J’ai eu plusieurs sociétés dans l’événementiel, toutes mises à mal par le Covid. Il fallait tout recommencer.» Aucun financement bancaire, aucune aide publique. Le groupe Rollinger, propriétaire depuis 2020, accepte de lui céder le site sous contrat de location-achat.

Un pari audacieux

Mais le businessman croit en son intuition. Et en ce lieu chargé d’histoire: château fort au 14e siècle, transformé en manoir au 19e par Jean-Nicolas Collart, puis occupé par des religieuses avant de devenir un hôtel et centre de conférences dans les années 2000, il est déserté en 2016.

Avec 6.000m2 bâtis et 18.000m2 de terrain, le potentiel est immense. «Aujourd’hui, 2.500m2 ont été rénovés (pour environ 400.000 euros, ndlr). On avance étape par étape. Chaque projet précipité est une erreur.» Depuis juin 2024, le site accueille des événements privés et professionnels. Il dispose d’une vingtaine de chambres, de deux suites – dont une future «suite Guillaume» prévue pour l’investiture du Grand-Duc –, de plusieurs salons, d’une tour en hommage à Victor Hugo, d’une discothèque, d’une cave voûtée, ainsi que d’un immense jardin offrant une vue imprenable sur la Moselle.

Il a fallu attendre le week-end de Pâques pour que l’hôtel et le restaurant ouvrent enfin leurs portes. Une date symbolique: «C’était important pour nous de renouer avec l’histoire du lieu, qui a longtemps accueilli un couvent.»

Un lieu convivial et accessible

La philosophie? Offrir un lieu vivant, ouvert et accessible. Loin de l’ultra-luxe, le Château de Schengen propose un menu du jour à 19,90 euros. Plusieurs menus sont également proposés, dont une formule entrée-plat-dessert à 39 euros. «On voulait une brasserie conviviale, pas un lieu guindé», ajoute Jean-Baptiste Marx. «Beaucoup de touristes passent devant le château; on voulait leur ouvrir nos portes.» Carte courte, produits locaux, cuisine de saison: la simplicité est le mot d’ordre.

Donovan Mathon, chef bourguignon de 36 ans, incarne cette approche: «La cuisine la plus simple est souvent la plus complexe», glisse-t-il. «On ne prétend pas vendre une expérience culinaire incroyable. On veut juste que les gens passent un bon moment.»

Aujourd’hui, l’équipe compte douze personnes – contre quatre à l’origine – entre jardiniers, personnel de chambre, de salle et de cuisine. Tous viennent de la région ou des pays voisins. «Le château est à l’image de Schengen: un point de rencontre entre la France, le Luxembourg et l’Allemagne», résume Jean-Baptiste Marx.

Le Luxembourg, terre d’opportunités, représente pour le gérant un contraste avec son histoire familiale. «Ici, on vous pousse à entreprendre», compare-t-il avec son père artisan en France, qui a fini sa carrière «dégoûté» du système.

Jean-Baptiste Marx, lucide sur les défis, avance par étapes. Dans ses cartons: une verrière transformée en spa, une seconde salle de restauration plus haut de gamme et la rénovation de l’ensemble des jardins. «On a toute une vie. J’ai 32 ans. Quand je vois tout ce qu’on a réalisé en deux ans, je me dis qu’on a encore du temps», conclut-il, déterminé.