Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, a reconnu avoir fait une erreur en parlant d’une élimination physique du président russe.  (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/archives)

Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, a reconnu avoir fait une erreur en parlant d’une élimination physique du président russe.  (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne/archives)

Sous le coup de l’émotion, Jean Asselborn n’a pas mâché ses mots à l’égard de Vladimir Poutine, en soulignant qu’il devait être éliminé physiquement pour arrêter la guerre en Ukraine. Le ministre s’est ensuite expliqué.

Le ministre des Affaires étrangères n’a pas mâché ses mots, mercredi, lorsqu’un journaliste de la radio 100,7 lui a demandé s’il y avait un espoir de voir la guerre en Ukraine prendre fin rapidement. Visiblement peu optimisme,  (LSAP) a répondu: «Si le peuple russe voyait ce que Poutine fait là-bas, à quel point il fait peur aux Ukrainiens, et combien de vies il a sur la conscience, alors, à mon avis, le Kremlin serait renversé. C’est tout ce que je lui souhaite, qu’il puisse vraiment être physiquement éliminé, pour que ça s’arrête.»

En souhaitant «l’élimination physique» du président russe, Jean Asselborn a reconnu par la suite qu’il s’agissait d’une «erreur», tout en assumant. «C’était une erreur, mais aussi une soupape d’échappement, pour tenter de faire face à la situation. J’accepte la critique, elle est valable. Je ne me cacherai pas la tête dans le sable», a-t-il déclaré quelques heures plus tard. Le ministre s’est ensuite expliqué.

Les deux mots ‘éliminer physiquement’ m’ont échappé. Je sais qu’un ministre des Affaires étrangères ne devrait jamais utiliser de tels mots.
Jean Asselborn

Jean Asselbornministre des Affaires étrangèresLuxembourg

«Avant mon interview de ce matin sur la station de radio 100,7, je venais d’entendre la description par le maire de Kharkiv de la situation dramatique dans sa ville. Il a dit que les troupes de Poutine étaient en train de détruire complètement Kharkiv, que même un hôpital avait été bombardé, que de très nombreux civils avaient perdu la vie dans les combats de rue et que d’autres allaient certainement suivre», a précisé le ministre, avant de continuer: «Ma réaction à la question de savoir si une ‘solution’ pouvait être trouvée a été que la guerre en Ukraine ne peut être arrêtée que si les actions de Poutine peuvent être arrêtées. Je ne vois pas d’autre solution. Les deux mots ‘éliminer physiquement’ m’ont échappé. Je sais qu’un ministre des Affaires étrangères ne devrait jamais utiliser de tels mots.»

Jean Asselborn a souligné qu’il était très difficile de rester insensible face à la souffrance qu’endurent actuellement les civils en Ukraine. «Même après 18 ans en tant que ministre des Affaires étrangères, je ne suis pas capable de réprimer mes émotions et mon sens de la justice, face à une telle souffrance humaine incommensurable endurée par des personnes innocentes», a terminé le ministre.

Par ailleurs, La Cour internationale de justice (CIJ) a annoncé mardi qu’elle tiendra des audiences les 7 et 8 mars dans une affaire portée devant la Cour par Kiev, quiaccuse Moscou de planifier un génocide en Ukraine. Le Luxembourg fait partie des 38 pays qui ont demandé cette saisine, la plus importante de l'histoire de la CIJ à ce jour.

«Merde, alors!»

Pour mémoire, Jean Asselborn avait déjà montré une certaine fougue dans ses interventions de par le passé, notamment lors d’un échange resté célèbre avec Matteo Salvini, avec, pour toile de fond, la crise migratoire en Europe.

En 2018, le chef de la diplomatie luxembourgeoise avait perdu son sang-froid pendant une intervention du ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, qui avait comparé les migrants africains à des esclaves, tout en attaquant le Luxembourg.

«Je suis payé par les citoyens pour faire en sorte que nos jeunes aient de nouveau des enfants, comme c’était le cas il y a des années; et non pas pour déraciner les meilleurs jeunes d’Afrique afin qu’ils viennent remplacer les Européens qui n’ont plus d’enfants (…). Peut-être, au Luxembourg, ce besoin existe-t-il, mais en Italie, notre besoin, c’est de permettre à nos enfants d’avoir des enfants, et non pas d’avoir de nouveaux esclaves pour remplacer les enfants que nous n’avons pas», avait dit Salvini, lors d’une conférence en présence du ministre luxembourgeois. Ce dernier était alors sorti de ses gonds en lançant: «Au Luxembourg, cher Monsieur, ce sont des dizaines de milliers d’Italiens qui sont venus comme migrants, pour travailler, pour que vous, en Italie, vous ayez de l’argent pour vos enfants. Merde, alors! Dedieu!»