Jeff Feller deviendra chef de cabinet du Premier ministre dès le 1er septembre. Un «poste unique» dans la politique luxembourgeoise. (Photo: Andrés Lejona/Maison Moderne)

Jeff Feller deviendra chef de cabinet du Premier ministre dès le 1er septembre. Un «poste unique» dans la politique luxembourgeoise. (Photo: Andrés Lejona/Maison Moderne)

Jeff Feller, 30 ans, remplacera Paul Konsbruck au poste de chef de cabinet de Xavier Bettel au mois de septembre prochain. Engagé en politique depuis dix ans, il a fait le choix de l’opérationnel plutôt que du rôle d’élu.

Au mois de mai dernier, vous avez été nommé chef de cabinet du Premier ministre Xavier Bettel et vous prendrez vos fonctions le 1er septembre prochain. Comment s’est faite cette nomination?

Jeff Feller. – «Tout s’est passé très vite. le Premier ministre m’a contacté. Je le connais depuis de longues années, et c’est une opportunité à laquelle on ne peut pas dire non. Si le ­Premier ministre demande à travailler avec vous, c’est une opportunité que vous ne pouvez pas décliner. Donc j’y ai réfléchi pendant quelques jours, mais je n’ai pas hésité longtemps.

Était-ce un poste que vous visiez pour la suite de votre carrière?

«Je ne crois pas que ce soit un poste que l’on puisse envisager, parce que c’est un poste unique au Luxembourg. Si l’on travaille dans le monde politique dans le pays, c’est un des postes les plus intéressants, si ce n’est le plus intéressant, mais on ne peut l’envisager pour soi. Mon objectif était de rester secrétaire parlementaire du DP jusqu’aux élections législatives de 2023 et, par la suite, voir quelles possibilités pourraient s’ouvrir, mais je n’avais pas envisagé cela. Cela a été une vraie surprise quand Xavier Bettel m’a appelé pour me proposer ce poste.

Quels liens entretenez-vous avec Xavier Bettel?

«Nous avons une relation de confiance et c’est une base très importante pour travailler ensemble. Le poste de chef de cabinet nécessite de connaître les institutions, d’avoir un réseau dans le monde politique, et mes précédents postes m’ont très bien préparé pour cette fonction. Jusqu’à présent, mes activités entendaient une implication plus directe dans la politique et il va de soi qu’en tant que chef de cabinet, je resterai proche de la politique, mais mon rôle sera plutôt d’accompagner l’action gouvernementale et non de faire de la politique moi-même. Donc, même si je suis dans le même parti que le Premier ministre, je ne vais pas faire de la politique partisane entre les ministères et je ne serai pas le représentant du Parti démocratique au ministère d’État.

Depuis février 2019, vous êtes le secrétaire parlementaire du DP, comment l’êtes-vous devenu?

«Je travaillais comme attaché parlementaire depuis 2014. Après les élections législatives de 2018, le poste était vacant suite au . J’ai été élu par les 12 députés du DP pour reprendre le poste de secrétaire parlementaire. Ils me connaissaient dans ma mission d’attaché parlementaire; durant près de cinq ans, j’ai pu évoluer à leurs côtés, et lorsqu’ils m’ont demandé de prendre le poste de secrétaire parlementaire, j’ai accepté parce que c’est une grande chance de pouvoir exercer cette fonction.

Je suis entouré d’une excellente équipe, avec des collaborateurs très jeunes et très motivés.
Jeff Feller

Jeff Feller

Je suis entouré d’une excellente équipe, avec des collaborateurs très jeunes et très motivés. C’est un job qui m’a donné beaucoup de satisfaction parce que son but est de conseiller les députés, de travailler avec eux, de les préparer pour les dossiers politiques. Le secrétaire parlementaire est aussi une sorte de stratège politique, et je crois que cette fonction m’a très bien préparé pour le travail qui m’attend au ministère d’État à la rentrée, en septembre prochain. Je suis très heureux d’avoir pu le faire pendant deux ans. L’objectif était de rester plus longtemps, mais le destin en a décidé autrement…

Quels dossiers vous ont marqué durant ces deux ans et demi au poste de secrétaire parlementaire?

«Je dirais que le Covid-19 a tout marqué ces derniers mois. Nous avions un programme gouvernemental assez ambitieux, et on a eu la malchance de ne pas pouvoir réaliser autant de choses que l’on aurait voulu à cause de la crise sanitaire. Donc c’est travailler au milieu d’une pandémie qui m’a le plus marqué. Les citoyens ne voient pas assez le rôle très important qu’a le Parlement dans la gestion de cette crise. Je crois que nous en sommes à la 20e loi Covid, donc pour les groupes parlementaires, c’est un travail qui est dur et stressant. Même si c’est une expérience très enrichissante, j’espère que nous n’aurons pas à la vivre de nouveau.

Vous avez également été élu échevin de la ville de la Vallée de l’Ernz à seulement 20 ans. D’où vous est venue cette envie de vous engager très tôt en politique?

«Je me suis toujours intéressé à l’actualité politique, même très jeune. À 18 ans, j’étais ­primo-votant et j’ai lu les programmes de tous les partis politiques. Après les élections de 2009, pour lesquelles j’ai voté pour la première fois, je voulais m’engager activement, aider à améliorer la vie de mes concitoyens, j’avais beaucoup d’idées. Comme beaucoup de jeunes, j’étais certainement un peu idéologue, mais je voulais faire bouger les choses, c’est pourquoi je me suis engagé en politique, d’abord dans ma commune. Et ensuite, je me suis présenté aux élections législatives en 2013 et aux élections européennes en 2014.

Je suis en train de me préparer, de lire beaucoup de dossiers, pour être prêt à assumer ce rôle à la rentrée.
Jeff Feller

Jeff Feller

Envisagez-vous de vous présenter à de prochaines élections?

«Non, pas du tout. En 2018, j’ai pris la décision de ne plus me porter candidat à des élections et de me concentrer sur des postes opérationnels. Pour être politicien, député ou ministre, il faut beaucoup de compétences, des compétences sur les dossiers, mais aussi en relations publiques pour parler avec les citoyens; on est beaucoup sur la route également. Je me suis dit que je pouvais être plus utile en conseillant les politiciens plutôt qu’en faisant de la politique moi-même. On ne doit jamais dire jamais, mais pour l’instant, je n’ai pas envie de me présenter à des élections. Je préfère travailler dans l’ombre qu’être dans la lumière.

Envisagez-vous un poste au sein d’une institution européenne dans la suite de votre carrière?

«C’est une question intéressante parce que je suis passionné par le projet européen. Mon futur poste de chef de cabinet me donne déjà beaucoup de satisfaction parce que le ministère d’État joue un rôle déterminant dans la politique européenne du Luxembourg. Le Premier ministre est un acteur essentiel sur la scène européenne, donc pour le moment, c’est déjà un défi assez important. Pour le reste, ce n’est pas une question que je me pose pour l’instant. Je vais me concentrer sur les missions qui m’attendent au sein du ministère d’État, et on verra ce qu’il se passera dans le futur.

Dans quel état d’esprit êtes-vous, à quelques semaines de votre prise de fonction au sein du ministère d’État?

«Je ne me sens pas stressé, c’est une fonction très intéressante qui nécessite peut-être une préparation un peu différente que pour d’autres postes. Je suis en train de me préparer, de lire beaucoup de dossiers, pour être prêt à assumer ce rôle à la rentrée. Nous préparerons la suite ensemble, avec Paul Konsbruck, durant le mois de septembre. Mais pour le moment, je suis encore secrétaire parlementaire du DP et il y a assez de travail à faire au sein du groupe parlementaire. On est en train de réorganiser l’équipe. Je prépare, avec mon successeur Gene Kasel, les dossiers qui vont se présenter à la Chambre des députés dans les prochains mois. Mais je suis content et heureux de bientôt commencer ma mission au ministère d’État, je suis dans un bon état d’esprit.»

Cet article a été rédigé pour  parue le 24 juin 2021.

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