Michel Bradtke, à côté d’un portrait de son aïeul, le maître-vitrier Auguste Bradtke, fondateur de l’entreprise familiale. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Michel Bradtke, à côté d’un portrait de son aïeul, le maître-vitrier Auguste Bradtke, fondateur de l’entreprise familiale. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

La Banque de Luxembourg a durant le confinement pour comprendre son vécu de la crise, mais aussi ce qu’elle espère pour le monde de demain. Tout au long de la semaine, Paperjam donne la parole à ces jeunes qui évoluent dans un contexte où entreprise et famille ne font qu’un. Rencontre avec Michel Bradtke, le dirigeant de l’entreprise Vitralux.

Michel Bradtke a 34 ans. En 2012, il a repris l’entreprise familiale de vitrerie . Celle-ci est transmise de père en fils depuis 1865. Le jeune homme incarne donc la sixième génération de cette aventure entrepreneuriale. Rencontre.

Que retenez-vous, en trois mots, du confinement?

Michel Bradtke. – «La mise en confinement de la société, et donc l’arrêt brutal d’une grande partie de notre activité de vitrerie, a tout d’abord été un grand choc. Mais l’esprit entrepreneurial a vite repris le dessus. Dans notre domaine qu’est la vitrerie, qui englobe aussi la réparation de vitrages et le dépannage, on a l’habitude des changements de planning de dernière minute. Avec une partie restreinte de nos effectifs et tout en respectant les gestes barrières, nous avons continué à assurer le service de dépannage en vitrerie 24h/24 et 7j/7. Avec les mêmes effectifs, nous avons aussi fait un entretien général de toute notre ligne de découpe de vitrage et de notre atelier de rodage. Nous avons rénové et adapté notre show-room pour que les règles sanitaires puissent être respectées.

Aussi, les bureaux ont entièrement été réaménagés lors de cette phase et nous avons même créé deux bureaux et une salle de conférence supplémentaire pour espacer davantage notre personnel. Il y avait une ambiance de solidarité entre les effectifs qui ont continué à travailler durant la période de confinement. Cette ambiance de solidarité s’est ensuite transmise aux autres salariés. Après le confinement, tout le monde était content de se retrouver et de pouvoir redémarrer dans de meilleures conditions et dans un but de rattraper le temps perdu. Qu’est-ce que la crise a changé en vous?

«La crise m’a fait prendre conscience du fait que tout peut changer d’un instant à l’autre. Il ne faut pas se reposer sur des acquis mais innover sans cesse pour s’adapter aux crises et au marché. La communication a-t-elle été «facilitée» grâce à la crise qui a réuni les différentes générations autour de la table?

«La communication était excellente avant la crise. Je dirais que la crise n’a pas eu d’influence sur la communication dans notre cas de figure.

Des projets ont-ils été accélérés par rapport à la crise?

«Comme indiqué en amont, 2/3 de nos effectifs sont partis durant le confinement avec un accompagnement du chômage partiel. Le tiers restant a assuré notre service de dépannage en vitrerie 24h/24 et 7j/7, qui pouvait et devait toujours fonctionner pendant la période de confinement, ceci dans un but de sécuriser des bris de glace. Les mêmes effectifs ont fait la révision et le nettoyage de l’ensemble de la ligne de découpe de vitrage et de notre atelier de rodage. Notre show-room a été rénové et adapté aux nouvelles contraintes d’hygiène. Aussi, nous avons rénové nos anciens bureaux et créé en interne deux bureaux supplémentaires, ainsi qu’une nouvelle salle de conférence. Il s’agissait de projets qu’on avait en tête déjà avant et qui n’avaient pas été réalisés faute de temps ou de priorité. La crise sanitaire a accéléré la réalisation de tels projets et je me rends compte qu’il ne faut pas trop hésiter à réaliser des projets une fois qu’on a décidé qu’ils sont importants pour l’entreprise. Qu’est-ce qui vous permet de continuer à croire en l’entreprise?

«Nous sommes une entreprise familiale que je viens de reprendre et je représente la sixième génération. Les générations avant moi ont toutes dû faire face à des crises et des changements. Nous avons un personnel qui est bien formé dans notre métier artisanal de vitrerie et qui croit en l’entreprise. Je leur fais entièrement confiance et réciproquement mes salariés aussi. Ils savent que je prends des décisions modérées dans l’intérêt de la société. On a un bateau solide qui saura faire face à de futures crises.

Les générations avant moi ont toutes dû faire face à de crises et des changements.
Michel Bradtke

Michel BradtkegérantVitralux

Ce monde composé de crises et d’incertitude va faire partie de votre quotidien… Comment appréhendez-vous cela?

«Je crois que la mise en confinement de presque toute l’activité économique nous a appris que le monde qu’on connaît peut changer à chaque instant. Je n’appréhende donc plus tellement les changements. J’essaie d’être vigilant et d’analyser les changements et contraintes et puis d’adapter ma vie et celle de notre société en fonction. Quand on monte sur un vélo, il faut bien pédaler sinon on tombe. Le fait de monter sur un vélo qui se trouve en pente ou qu’il y ait une grande vitesse sur le plateau qui empêche un bon démarrage ne change rien au problème. Une fois monté, il faut pédaler. Je crois que c’est pareil avec les futures crises. On ne peut pas se préparer à toute éventualité et cela ne sert à rien de se demander d’où vient une crise et pourquoi. Pour moi, il s’agit d’une fatalité et il faut trouver les meilleurs moyens pour sortir la tête du guidon. Quel message voudriez-vous envoyer aux responsables publics?

«J’aimerais qu’ils se rendent compte davantage de leur responsabilité au niveau de la gestion des dépenses publiques. Avec toutes les aides et tous les programmes de relance, on a l’impression que l’argent est disponible sans limites pour faire face à cette crise. L’argent reçu facilement est souvent dépensé d’une manière précipitée et sans contraintes ou demandes de garantie. Les responsables publics ont une très grande responsabilité et leurs choix déterminent comment le Luxembourg traverse cette crise et le temps de l’après-crise.»

Ce jeudi, retrouvez le témoignage de Félix Giorgetti de l’entreprise éponyme.