L’été est évidemment toujours une saison de forte tension au sein de Luxair. Mais entre flexibilité accrue et charge de travail en croissance, elle serait cette fois devenue intenable, selon plusieurs syndicats. , son CEO, reconnaît ces turbulences estivales, mais explique aussi que le contexte commercial reste chahuté, alors que de nombreux défis seront à relever à court et moyen terme.
Plusieurs syndicats évoquent au sein de Luxair un fort absentéisme, une charge de travail élevée couplée à une flexibilité toujours plus grande, une pression de plus en plus forte sur le personnel… Ce qui, logiquement, dégrade l’ambiance de travail. La situation est-elle à ce point compliquée au sein de votre entreprise?
Gilles Feith. – «Je pense que la situation est compliquée au sein de Luxair, mais qu’elle l’est aussi partout ailleurs en Europe. Au final, on s’en sort plutôt bien, alors que notre secteur d’activité reste malmené. Raison pour laquelle je veux remercier notre personnel, qui fait preuve de flexibilité et d’engagement, ce dont je ne doute jamais.
Quid de la charge de travail, qui est dénoncée comme étant en constante augmentation?
«L’été est une période de l’année traditionnellement et logiquement très chargée, l’automne aussi. Les charges de travail ont toujours été plus importantes durant ces saisons. C’est le cas aussi cette année, mais je veux préciser que nous sommes encore en dessous de ce que l’on faisait au niveau opérationnel avant la pandémie de Covid. De plus, certaines difficultés rencontrées ici sont des répercussions de problèmes vécus à l’étranger: manque chronique de personnel, retards… Néanmoins on est occupé à restaffer l’entreprise comme il le faut.
Ce que je constate, c’est que le modèle social du Luxembourg ne suffit plus pour attirer des candidats.
Trouver du personnel est difficile pour Luxair?
«Comme partout! Par le passé, tout le monde voulait aller travailler à la Schueberfouer car cela payait bien, maintenant ils cherchent des gens. qui est une réalité. Luxair reste toujours une entreprise attrayante, mais tout est plus compliqué car nos métiers imposent de travailler parfois en shift, de faire preuve de flexibilité… Il y a donc également des contraintes. Ce que je constate, c’est que le modèle social du Luxembourg ne suffit plus pour attirer des candidats. Là-dessus vient se greffer la crise de l’énergie: les employés font de plus en plus attention au coût de leur trajet. Mais je veux aussi relativiser les choses, car, si nous connaissons des problèmes de recrutement, ils sont moindres comparé à d’autres secteurs, comme l’horeca.
Les syndicats sont inquiets quant à la hausse des coûts dans votre secteur d’activité. À raison?
«Les syndicats sont dans leur rôle, mais je suis aussi inquiet, car on reste en perte. Or, nous sommes une société commerciale qui actuellement est toujours en parte. Le gel des salaires prévu dans la convention collective arrivera à terme fin 2023. Cela représentera 8 millions d’euros. Cela m’empêche parfois de dormir, je me fais donc aussi du souci pour Luxair.
Comment s’en sortir?
«Il faut une action nationale pour notamment faire face à l’inflation. Nous ne fonctionnons pas comme certains autres: la hausse des coûts, je ne peux pas la reporter intégralement sur les prix des billets, car, justement, la voie de sortie de crise est de remplir les avions. Mais ce qui était compliqué l’est doublement, puisque les billets que les clients ont en main maintenant ont été achetés quand le prix du kérosène était plus bas. Malgré cela, nous n’avons pas de chômage partiel opérationnel.
Luxair va devoir évoluer?
«On devra encore s’adapter, c’est une certitude. Il y aura en tout cas bien des challenges à affronter dans les mois et années à venir.»