«J’ai enlevé plus de 400 places de parking dans la commune depuis mon arrivée», assure Patrick Goldschmidt. «Personne n’en a jamais fait autant.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

«J’ai enlevé plus de 400 places de parking dans la commune depuis mon arrivée», assure Patrick Goldschmidt. «Personne n’en a jamais fait autant.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Patrick Goldschmidt, échevin (DP) en charge de la mobilité à Luxembourg-ville, explique la complexité de mettre en place une politique pro-vélo dans une ville où les bus et les voitures sont très présents. Et n’hésite pas à recadrer les propos du ministre en charge de la mobilité, François Bausch (Déi Gréng).

Piqué au vif? (DP) fut surpris des propos de   en matière de promotion du vélo. L’échevin de la capitale en charge de ce ressort lui répond avec des résultats.

Le ministre de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng), demande aux Communes, et notamment à la Ville de Luxembourg, de faire preuve de «courage politique» concernant le vélo. Et notamment de supprimer les places en surface en centre-ville pour gagner de l’espace. Que pensez-vous de cette suggestion?

Patrick Goldschmidt. – «Mais où est-ce qu’il y a encore des places de parking en centre-ville? J’ai enlevé plus de 400 places de parking dans la commune depuis mon arrivée. Personne n’en a jamais fait autant.

Le fait est qu’il y a 444 vignettes de stationnement résidentiel dans le secteur centre, et 50.000 dans toute la commune. Or, il doit rester une centaine de places dans le centre, sinon il n’y a rien, à part le parking du Glacis.

La voiture n’est-elle pas «une logique urbaine du siècle dernier», comme le dit aussi François Bausch?

«En ville, il y a, en dehors de la période Covid, entre 190.000 et 200.000 entrées journalières de véhicules (individuels, camions et bus). Beaucoup de gens ne peuvent pas faire autrement. On ne peut pas fermer la ville à toutes les voitures.

Avant, il y avait trois voies pour venir de la gare au centre-ville en voiture. Désormais, il n’y en a plus qu’une, comme sur le boulevard Royal. Donc on diminue. On ne peut pas avoir plus de voitures, c’est saturé au niveau du trafic individuel.

En comparaison, vous avez seulement 2.000 vélos en ville. Et la plupart des gens ne font pas leurs achats à vélo, notamment pour les grandes surfaces. Il faut même renforcer les lignes de bus le samedi vers les deux Auchan. Donc je dois trouver des solutions pour tous les utilisateurs, dont les bus.

Donc ce n’est pas qu’on ne veut pas, mais l’équation est difficile. Maintenant, une de nos tâches est notamment d’optimiser les transports en commun.

Quelle est la stratégie pour réaliser cette optimisation?

«Une de nos demandes au niveau national est de sortir le plus de bus possible, notamment les bus RGTR. Ce n’est pas normal qu’un bus qui vient de Metz aille jusqu’au centre. Tout ce qui vient de l’extérieur doit basculer sur le réseau urbain. Donc je demande au niveau national de faire davantage d’efforts. Mais ce n’est pas encore fait. Il y a un manque de courage politique…

Or, cela pose des problèmes pour les vélos. Par exemple, maintenant que le tram va bientôt passer, beaucoup de bus empruntent le boulevard Prince Henri. Cela fait trop de bus pour installer une piste cyclable bidirectionnelle, car il est dangereux de mélanger les voies de bus et les cyclistes. D’ailleurs, quand François Bausch était échevin à la mobilité, ils ont essayé de trouver une solution, mais ils n’y sont pas parvenus…

Avec le tram, une piste cyclable traversera de manière transversale la ville. Qu’en est-il des liens avec les quartiers?

«On arrive à venir des quartiers à vélo. Dans les zones 30, il n’y a pas besoin de pistes cyclables, et sur les axes principaux, il y a des pistes cyclables ou des voies suggestives.

Mais le fait est que dans les quartiers, les gens réclament toujours des places de parking. Donc je pense que cela va prendre du temps pour que les vélos se développent. Et il y a aussi beaucoup de personnes à mobilité réduite et de personnes âgées.

Depuis 2007, François Bausch veut une liaison allant de Cents jusqu’au Kirchberg. Il n’y a jamais eu de décisions prises malgré les nombreuses réunions. Quand je suis arrivé en 2018, j’ai voulu faire avancer ce dossier. Et nous avons pris une décision. J’espère que d’ici la fin de l’année, ce sera possible de présenter le projet au collège échevinal.

Est-ce que l’engouement est réel pour le vélo?

«Depuis notre décision fin 2018 de passer au 100% électrique – je pense que c’est l’avenir –, les chiffres ont doublé. Il y avait 521 locations quotidiennes en 2018, pour 2.100 en 2019. Le nombre d’abonnés est passé de 7.768 en 2017 à 8.604 en 2018 et 16.676 en 2019.

En 2010, nos compteurs enregistraient 1.100 vélos par jour, et environ 2.000 en 2019. C’est une belle augmentation, mais je serai content quand il y en aura 10.000. Notre rôle reste d’inciter les gens à prendre le vélo de plus en plus.»