Le cabinet Neurofeedback Luxembourg se cache à l’intérieur du Centre médical Rollingergrund, à Luxembourg-ville. Une petite pièce coincée entre les Laboratoires Réunis et le Centre de psychologie. Au milieu, un bureau. Dessus, une sorte de casque formé d’électrodes, que le praticien en neurofeedback, François Altwies, commence par déposer sur ma tête, après les avoir imbibées d’eau salée. Devant mon regard un peu inquiet, il me rassure, en souriant: «Je ne lis pas dans les pensées, contrairement à ce que beaucoup pensent.»
C’est au moment où il vérifie une par une que les 24 électrodes sont bien fixées que ses patients lui confient habituellement la raison pour laquelle ils le consultent. «Les raisons principales, c’est l’insomnie, le stress ou la gestion des émotions», révèle-t-il. Soit en prévention, soit après avoir «tout essayé».
Ici, en tant que testeuse, je n’évoque rien et le laisse analyser librement mon cerveau. Il m’explique qu’il va effectuer un électro-encéphalogramme. «On mesure l’activité électrique du cerveau. Pour cela, on va enregistrer la tête au repos, 5-6 minutes les yeux ouverts, et 5-6 minutes les yeux fermés. Au repos, parce qu’il y a toutes les informations qu’il faut pour prédire ce qui marche dans le cerveau ou pas.» Comment? «J’ai l’habitude de lire le signal, et j’ai des bases de données avec lesquelles on effectue des ‘matches’», simplifie-t-il. «Votre mission est donc de rester là et de ne pas trop réfléchir.» Je m’exécute. Quelques minutes plus tard, il m’interrompt dans mes pensées pour m’indiquer que le temps est écoulé. Je m’attendais à un diagnostic classique: vous êtes stressée, etc. Pourtant, il me demande: «Est-ce que vous pratiquez la méditation?» Je confirme, même si je n’ai pas spécialement médité pendant l’analyse. Il me montre à l’écran le graphique des ondes de mon cerveau (appelé «brain map»), qui diminuent après quelques secondes. «Quelqu’un qui n’a pas appris les techniques de méditation ne sait pas le faire.» Autre surprise: il remarque que j’ai subi un choc à la tête. En effet, je m’étais cognée la veille, mais ce n’était pas visible. À part cela, il soulève des détails plutôt vrais, mais aussi communs, liés au stress.
Du burn-out aux troubles de l’attention
Normalement, la première séance s’arrête après l’enregistrement. Le patient reçoit ensuite par mail une évaluation cognitive à réaliser chez lui, qui ressemble à un test de QI, mais n’en est pas un. Puis, François Altwies présente les résultats lors d’une seconde séance, où l’on peut choisir de suivre ou non les entraînements. Pour cet article, j’ai pu directement les effectuer, en accéléré.
D’abord, il y a la neurostimulation. En plus des électrodes sur ma tête, le praticien en ajoute derrière mes oreilles – qui chatouillent – pour stimuler mon nerf vague et aider à la détente. Il me demande aussi de poser un appareil chaud sur mon ventre pour stimuler la production de sérotonine, souvent appelée hormone du bonheur. Et ce, pendant une dizaine de minutes. Vient ensuite le neurofeedback. Toujours assise sur ma chaise, je visionne le début d’un film, dont le son et la luminosité varient en fonction des ondes de mon cerveau. En gros, la qualité diminue quand je suis stressée pour que mon cerveau apprenne à se détendre.
Neurostimulation et neurofeedback sont liés. Avec la première, «j’envoie une information au cerveau par des ondes électriques ou magnétiques. Si vous n’arrivez pas à dormir parce que vous avez trop d’ondes rapides, je vous stimule le cerveau avec une onde relaxante, et il aura beaucoup plus de facilité à se mettre dans cet état, puisqu’il y aura déjà été.» Alors qu’avec le neurofeedback, «je lui apprends à le faire lui-même. Le but est que le cerveau retrouve sa capacité d’autorégulation.» Ainsi, «la neurostimulation décuple les effets du neurofeedback».
Je m’interroge alors sur la possibilité, si l’outil tombe entre les mains d’une personne malveillante, de stimuler le cerveau de manière négative. «Non, cela n’existe pas. J’utilise des bases de données qui viennent de logiciels», répond François Altwies. Finalement, je sors de la séance avec un léger mal de tête. Difficile de savoir en si peu de temps si les exercices ont fonctionné, mais je peux dire que le diagnostic semble exact. Avec 1.300 cerveaux analysés depuis ses débuts en 2015, François Altwies assure en tout cas: «J’aide les gens à aller mieux», que ce soit dans le cadre d’un burn-out, de troubles de l’attention, ou encore de l’apprentissage chez les enfants. Une séance de neurofeedback coûte 130 euros et n’est pas remboursée par la CNS. Il faut généralement s’engager sur au moins 10 séances.
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de qui est parue le 27 janvier 2021.
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