«L'influence est une énergie qui déborde de la structure où elle prend sa source», analyse Vinciane Istace. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne Publishing SA)

«L'influence est une énergie qui déborde de la structure où elle prend sa source», analyse Vinciane Istace. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne Publishing SA)

La cérémonie du Paperjam Top 100 aura lieu ce mercredi soir. Tous les deux ans, à l’initiative de Paperjam, un jury d’experts indépendants établit le classement des décideurs économiques les plus influents du pays. Vinciane Istace, associée chez PwC, en faisait partie.

La notion d’influence a été au cœur des arbitrages du jury, selon le principe du Paperjam Top 100. Comment appliquer la notion d’influence à différents profils? Quelle connotation avez-vous souhaité donner à cette vaste notion d’influence?

. – «J’ai privilégié la double notion de leadership d’influence. Dans son premier volet de leadership, il s’agit de reconnaître à la fois la capacité et la responsabilité de définir la raison d’être d’une organisation et de mettre en place un environnement de travail où les collaborateurs vont pouvoir et vouloir contribuer collectivement à remplir cette mission. Dans le second volet de l’influence, il s’agit de mesurer l’impact au-delà des frontières de l’organisation: quelle est l’empreinte sur le marché local (ou international), sur le secteur d’activité, sur la société civile. L’influence est une énergie qui déborde de la structure où elle prend sa source pour créer un impact plus large sur l’écosystème économique: elle agit comme un jeu de dominos et rayonne pour inspirer, stimuler, encourager, partager, recadrer et actionner la transformation. 

Il faut choisir entre des centaines de candidats et toujours traquer l’omission.
Vinciane Istace

Vinciane Istacemembre du jury du Paperjam Top 100PwC

Sur base de quelles valeurs avez-vous opéré vos choix? Quelle forme de leadership avez-vous souhaité mettre en avant, via ce classement? Avez-vous souhaité transmettre un signal ou un message, via ce classement?

«Je me suis engagée dans ce rôle avec une conscience particulière pour l’inclusion. Ma préoccupation a été d’élargir le champ et de considérer la vaste palette des leaders au Luxembourg. Il a fallu sortir des chemins classiques et s’échapper du conditionnement que ‘big is impactful’. Regarder l’influence, d’où qu’elle provienne: multiplicité des secteurs d’activités, équité de reconnaissance aux deux genres, panachage des cultures, diversité des styles de leadership, ouverture aux leaders plus jeunes, car tout s’accélère, et la prise de responsabilités aussi! 

Qu’est-ce qui a été particulièrement difficile dans ce travail? Que retenez-vous de cette participation en tant que juré?

«Le ‘ranking’… c’est un exercice périlleux, même avec Excel comme partenaire! Combien d’itérations n’avons-nous pas faites: il n’y a pas de classement idéal ni objectif, d’ailleurs. Chaque jury prend ses responsabilités, se donne une philosophie et une ligne de conduite, et y met sa sensibilité. Et puis, enfin, il faut choisir entre des centaines de candidats et toujours traquer l’omission. C’est une aventure passionnante, mais chronophage!

Comment la crise actuelle a-t-elle pesé dans vos choix?

«La crise actuelle nous amène à plus d’acuité sur la dimension éthique, la responsabilité sociétale, les valeurs de respect et d’altruisme qu’incarne le leader. En situation de crise, les KPI financiers sont une mesure tout à fait partielle du leadership.

Il y a des entrepreneurs qui ont un courage et une détermination à rebondir, qui sont parfois plus grands que leurs résultats financiers ponctuellement dégradés par la crise. 

Quelles (bonnes) surprises retenez-vous? 

«Mes bonnes surprises: la structure de notre approche et la méthodologie suivie et respectée. Chaque séance de travail avait un objectif précis en termes de résultats à atteindre. Cela nous a permis d’arriver, chaque fois, préparés et ainsi de progresser dans le respect de notre timing, et de nous donner des temps d’écoute attentive des différents points de vue. La diversité des membres du jury a été pour moi un gage de qualité dans les interactions: il y a eu bien sûr des différences de points de vue, des perceptions même opposées, et tout cela est rentré dans le puzzle de la complémentarité. Pas de consensus mou, pas d’accord sur tout, mais la capacité de confronter sa position aux arguments amenés et de pouvoir la faire évoluer. Cela a amené des profils inhabituels dans notre classement provenant de secteurs autrefois ignorés, comme la restauration, par exemple, et l’impact déterminant des associations/fédérations professionnelles à Luxembourg. Un signe des temps!

La question qui fâche: comment l’influence a-t-elle opéré au sein du jury?

«Il y a les expérimentés de cet exercice – car ils l’ont déjà pratiqué dans des éditions antérieures – et les nouveaux venus, dont je fais partie. Il faut donc prendre sa place, sa parole et publier son opinion, car chacun amène sa pierre à un édifice assez ambitieux de nommer 100 décideurs et décideuses influents. Il est interpellant de constater que nous avons tous un prisme différent selon le rôle que nous occupons dans nos organisations respectives ou en tant qu’indépendant.

Ma leçon: une personnalité féminine en tant que présidente du jury privilégie la souplesse des interactions et fluidifie les échanges. Un gage de réussite dont je remercie

La cérémonie du Paperjam Top 100 aura lieu ce mercredi 16 décembre à partir de 19h depuis les locaux de PwC.

Pour la suivre:

- Si vous êtes un CEO membre du Paperjam Club, vous pourrez profiter d’une plateforme exclusive pour rencontrer les lauréats et échanger avec vos pairs. 

- Une retransmission en streaming sera assurée sur le site  et accessible à tous.

Plus de 1.000 personnes sont attendues en ligne pour ce qui sera la soirée incontournable de cette fin d’année.

Le classement du Top 100 et les biographies des lauréats seront publiés dans le magazine Paperjam, disponible en kiosque à partir du jeudi 17 décembre.