Karine Jacoby est enseignante à l'École européenne du Kirchberg. (Photo: Paperjam)

Karine Jacoby est enseignante à l'École européenne du Kirchberg. (Photo: Paperjam)

Depuis le lundi 16 mars, les enfants ne peuvent plus aller à l’école. Karine Jacoby, enseignante à l’École européenne du Kirchberg, raconte.

Le temps d’un week-end, les établissements scolaires ont dû se réorganiser pour assurer aux élèves un . Même si beaucoup de professeurs s’étaient préparés à cette éventualité, passer de la théorie à la pratique a nécessité des adaptations — technologiques et pédagogiques. «Heureusement, nous sommes plutôt bien équipés, nous avions déjà le système Teams, même si cet outil était sous-exploité jusqu’alors, raconte Karine Jacoby, enseignante en primaire à l’École européenne sur le site du Kirchberg. Dès l’annonce de la fermeture des écoles, j’ai rédigé une note pour expliquer aux élèves et à leurs parents comment nous allions travailler dans les jours à venir.»

L’enseignante réfléchit à comment s’organiser. Elle prévoit deux heures de devoirs par jour à faire à la maison, et ce pour le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi. «Je me suis accordé un jour off, comme cela était préconisé dans notre circulaire.»

Ne pas surexposer les enfants

Mais dans l’urgence, difficile de savoir par où commencer…

Les enfants disposent-ils d’un ordinateur à la maison, d’une imprimante? Il faut aussi veiller à ne pas les surexposer aux écrans… Autant de questions avec lesquelles il faut composer, sans nécessairement avoir de réponses claires.

Nous avons l’habitude de travailler en petits groupes dans la classe. Les enfants se sont spontanément réorganisés à distance.
Karine Jacoby

Karine JacobyEnseignanteÉcole européenne du Kirchberg

Nouvelle organisation

Au total, l’enseignante doit suivre trois classes de 25 élèves, soit 75 familles, dont des enfants à besoins spécifiques et donc pas autonomes. «La direction de l’école a envoyé un message aux parents pour prévenir que les enseignants ne pourraient pas tout corriger, et que les parents doivent collaborer dans la mesure de leur disponibilité. Cela nous a aidés à ce que chacun trouve sa place», reconnaît l’enseignante. Des limites sont posées: pas de contact par e-mail en direct, des réponses par téléphone dans la mesure du possible. La plate-forme Teams sert de lieu d’échange. «Je l’ai pris comme un challenge personnel. Au bout de la première semaine, j’ai fait un bilan avec les élèves et leurs parents. Nous avons fixé des rendez-vous de 15 minutes maximum par groupe de quatre pour faire le point sur les méthodes de travail, la marche à suivre.»

Pendant le week-end, la professeure prépare les cours pour la semaine à venir. Un planning est envoyé en début de semaine. Deux heures de travail découpées en quatre activités de 30 minutes. «Nous avons l’habitude de travailler en petits groupes dans la classe, et les enfants se sont spontanément réorganisés ainsi à distance via Teams. Les élèves peuvent télécharger leur travail via une interface de suivi, ce qui me permet de procéder à des vérifications. Je transmets aussi des corrigés pour que les parents vérifient eux-mêmes les devoirs.» Les enfants disposent aussi d’un chat où ils peuvent échanger entre eux. «Les premiers jours, c’était l’explosion! L’excitation d’avoir un nouvel outil et de vivre une situation inédite sans doute», analyse l’enseignante.

Bientôt des cours en live

La prochaine étape? Tenter un cours en live. «J’ai aussi pensé faire une lecture à haute voix en vidéo, mais cela va dépendre de la qualité de la connexion. Il faut tester, s’interroge Karine Jacoby. Je sais que des collègues et parents sont plus réticents à utiliser les technologies numériques. De mon point de vue, je fais le pari que cela peut être un investissement intéressant à long terme», conclut l’enseignante.