«On a pu lire dans la presse beaucoup trop de raccourcis qui n’ont pas lieu d’être», glisse Michel Wolter (au centre), l’ancien ministre et actuel député. (Photo: Romain Gamba/Archives Maison Moderne)

«On a pu lire dans la presse beaucoup trop de raccourcis qui n’ont pas lieu d’être», glisse Michel Wolter (au centre), l’ancien ministre et actuel député. (Photo: Romain Gamba/Archives Maison Moderne)

Bien que pro-référendum pour tout ce qui touche aux questions constitutionnelles, le député CSV et bourgmestre de Käerjeng, Michel Wolter (59 ans), tient à respecter la ligne de son parti. Il est surtout remonté contre les raccourcis faits dernièrement entre son parti et l’ADR.

La pétition pour un référendum sur la réforme de la Constitution a recueilli 18.579 signatures électroniques. Même si des signatures manuscrites peuvent y être ajoutées, il semble improbable d’atteindre le seuil des 25.000. Or, cette barre était fixée par votre parti, le CSV, comme condition préalable à l’ouverture d’un référendum. Que va-t-il se passer maintenant?

Michel Wolter – «Je voudrais d’abord rappeler qu’il y a deux moyens de déclencher la tenue d’un référendum. Premièrement, via la signature d’au minimum 16 députés. Et ensuite via la collecte de 25.000 signatures dans les communes. Cette deuxième procédure est toujours d’actualité puisqu’elle vient de commencer et qu’elle durera quelques semaines. Nous, au CSV, nous parlions bien de la première option. Ayant eu le sentiment qu’une partie de la population avait envie d’un référendum sur cette question de la réforme constitutionnelle, nous nous sommes dit: ‘Donnons-nous encore trois semaines pour écouter cette même population.’ En pensant que nous déclencherions la procédure de référendum via 16 signatures de députés si l’engouement était présent. Et en fixant donc cet engouement au seuil de 25.000 signatures. 

Il y a donc une grande différence entre le CSV et l’ADR concernant le contenu de cette réforme. Nous sommes bien plus proches des Pirates que de l’ADR.
Michel Wolter

Michel Wolterdéputé et bourgmestre de KäerjengCSV

Nous avons constaté que 18.579 personnes avaient signé électroniquement cette pétition. Et je ne pense pas que 7.000 autres personnes aient envoyé un vote par courrier. Donc, même s’il faut avoir une certaine réserve tant que le chiffre officiel n’a pas été annoncé, je ne pense pas que l’on atteindra cette barre des 25.000. Et donc, nous ne déclencherons pas la procédure via nos députés. Mais, dans ce dossier, il faut aussi faire la part des choses entre les différentes procédures et les prises de position…

Que voulez-vous dire?

«On a entendu beaucoup de choses dans certains médias… Déjà, je tiens à rappeler qu’il y a trois partis qui demandaient ce référendum. Et non un seul comme on a pu en avoir l’impression! Il y a l’ADR, déi Lénk et les Pirates.

Ensuite, on a beaucoup entendu que le CSV avait rejoint la position de l’ADR dans ce dossier. Ce qui est tout à fait faux. Dans la mesure où nous avions exprimé à la Chambre des députés que, s’il y avait un référendum, nous demanderions aux gens de voter pour cette réforme de la Constitution. Et nous avions dit, dès le jour de l’annonce, vouloir prendre le pouls de la population vis-à-vis de ce référendum. Il y a donc une grande différence entre le CSV et l’ADR concernant le contenu de cette réforme. Nous sommes bien plus proches des Pirates. On a pu lire dans la presse beaucoup trop de raccourcis qui n’ont pas lieu d’être…

La position du CSV vis-à-vis de ce référendum n’a pas toujours été simple à suivre. Cela ne donne pas le sentiment qu’il y a une ligne claire dans votre parti…

«Le Luxembourg a un Premier ministre qui disait, en mai dernier, qu’on ne forcerait jamais les gens à se faire vacciner. Le même Premier ministre avait aussi dit qu’il ne serait jamais à cette place, tant il se sentait bien à la tête de la Ville de Luxembourg… Donc, si on nous fait la leçon sur le fait que l’on peut changer d’avis au niveau de certaines procédures, je répondrais simplement qu’en tant que parti politique, il faut toujours être à l’écoute de ce que souhaite la population.

Mais vous avez quand même donné l’impression de beaucoup changer d’avis…

«Nous sommes allés aux élections de 2018 en demandant ce référendum. Après, il y a eu un revirement, c’est vrai. En 2019, nous avons dit que nous n’y tenions plus. Mais la réforme ne concernait plus que quatre chapitres…

La réforme de la Constitution? Sur le fond, cela ne correspond pas à ce que l’ADR veut faire croire aux gens.
Michel Wolter

Michel Wolterdéputé et bourgmestre de KäerjengCSV

Donc, oui, nous avons changé d’avis. Mais nous l’avons fait parce que l’on regarde ce qui se passe dans notre société. Il faut savoir voir ce qui se passe dans les rues. Des gens qui ne sont pas forcément contents. Et parfois, ils se demandent pourquoi un gouvernement qui a imposé un référendum en 2015 a peur d’en réaliser un autre aujourd’hui.

On dit que c’est vous qui êtes derrière cette idée de référendum si 25.000 personnes se mobilisaient?

«Non, je ne suis pas l’auteur de cette proposition. Je suis clairement en faveur d’un référendum sur les questions constitutionnelles depuis toujours. Et je n’ai pas changé de point de vue en 2019. Je considère que lorsque l’on change la loi la plus importante du pays, on doit faire les préparations nécessaires au niveau du Parlement, mais qu’ensuite, on doit demander à la population si elle est d’accord ou non pour ratifier ce texte. 

Pourquoi est-ce que l’on crée des dizaines de forums, colloques, groupes de travail…? Afin d’impliquer les gens au niveau politique – le Premier ministre a encore fait une annonce en ce sens concernant les changements climatiques lors du discours sur l’État de la nation voici quelques semaines – mais qu’on ne leur demande rien lorsque l’on réforme les chapitres de la Constitution qui traitent du Grand-Duc, de la Chambre des députés, de la justice et des libertés fondamentales? A-t-on peur de la population? J’ai peut-être davantage confiance en celle-ci que d’autres…

Quoi qu’il en soit, je suis pour le référendum, mais je suis également un homme politique et je respecte la ligne de mon parti. 

 Et, au final, vous la trouvez comment cette réforme?

«Très bien! Même si on peut toujours faire mieux. Le contrôle interne au sein de la Justice, c’est un changement très important par exemple.

Nous avons été impliqués dans l’élaboration des quatre chapitres qui ont été révisés. Des compromis ont su être trouvés. Sur le fond, cela ne correspond pas à ce que l’ADR veut faire croire aux gens.»