Pour Irina Svinar, «remplir ses fonctions avec excellence constitue une manière efficace de démontrer la valeur que les femmes apportent aux postes de direction». (Photo: Maison Moderne)

Pour Irina Svinar, «remplir ses fonctions avec excellence constitue une manière efficace de démontrer la valeur que les femmes apportent aux postes de direction». (Photo: Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

Depuis 2015, (49 ans) exerce divers mandats, principalement dans le secteur de l’immobilier hôtelier, en collaboration avec des opérateurs hôteliers de renommée internationale tels que Four Seasons, IHG, Residor, Hard Rock, entre autres. Administratrice indépendante certifiée, elle dispose d’une expertise en gouvernance d’entreprise et conformité réglementaire, en gestion stratégique d’actifs ou encore en fiscalité internationale et ingénierie fiscale transfrontalière.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

Irina Svinar. – «Parmi les nombreux défis rencontrés, je considère que l’un des plus significatifs réside dans l’égalité des chances pour les femmes d’accéder à des fonctions leur permettant d’acquérir l’expérience et la visibilité indispensables à un rôle au sein d’un conseil d’administration. Ces fonctions jouent souvent un rôle clé en tant que tremplins vers des responsabilités plus élevées. Bien que des progrès notables aient été accomplis, je pense qu’il reste encore du chemin à parcourir pour que davantage de femmes soient pleinement reconnues, soutenues et activement encouragées à occuper ces positions stratégiques.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou scepticismes à votre égard?

«J’aborde les résistances et le scepticisme avec sérénité, en évitant toute posture défensive. Je privilégie une réponse fondée sur des faits, un raisonnement clair et structuré, tout en adoptant une attitude professionnelle. Cette approche me permet de renforcer à la fois le respect et la crédibilité auprès de mes interlocuteurs.

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?

«Oui, je suis convaincue que des progrès significatifs ont été réalisés. Une sensibilisation croissante et une pression sociétale accrue ont favorisé la nomination de davantage de femmes au sein des conseils d’administration. Des initiatives concrètes, comme les programmes de mentorat ou les objectifs de diversité, jouent un rôle essentiel dans cette évolution et contribuent indéniablement à la progression vers une véritable égalité entre les hommes et les femmes.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? 

«Les quotas ont le mérite de créer des opportunités pour des femmes compétentes qui, autrement, pourraient être écartées en raison de préjugés ou de biais inconscients. Cependant, ils risquent également de véhiculer l’idée que ces femmes sont sélectionnées davantage pour remplir une obligation de diversité que pour leurs compétences professionnelles. À mon sens, les nominations au sein des conseils d’administration devraient avant tout se baser sur les qualifications, l’expertise. 

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Bien que je ne sois pas directement engagée dans un militantisme actif pour la parité hommes-femmes, je considère que le fait de remplir mes fonctions avec excellence constitue une manière efficace de démontrer la valeur que les femmes apportent aux postes de direction. Cette démarche inspire et encourage d’autres femmes à suivre la même voie et à aspirer à des rôles de leadership.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«La diversité, qu’elle concerne les parcours professionnels, les expertises ou les expériences, y compris la diversité des sexes, contribue souvent à améliorer les résultats et à prendre des décisions plus éclairées. Cela enrichit les discussions stratégiques et renforce la capacité d’adaptation à des environnements complexes. Cela dit, j’aspire à ce que nous atteignions un point où le genre ou d’autres caractéristiques immuables ne soient plus au centre des débats sur les décisions d’embauche, laissant place à une évaluation fondée uniquement sur les compétences et la valeur ajoutée.

 Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Les programmes de mentorat représentent une solution efficace pour promouvoir la parité hommes-femmes. Ils permettent d’accompagner, de conseiller et de soutenir les talents féminins dans leur parcours professionnel. Je tiens particulièrement en haute estime des initiatives comme le programme de mentorat de l’Ila, qui joue un rôle clé en aidant les futurs leaders à développer leur potentiel et à surmonter les obstacles liés à l’accès aux postes de direction.

Pour finir, avez-vous eu une occasion ou un moment marquant dans votre carrière qui illustre l’intérêt d’être une femme au conseil?

«De nombreuses femmes mentionnent avoir été la seule femme autour de la table ou avoir ressenti un manque de considération. Pour ma part, mon expérience a été différente: je suis particulièrement reconnaissante envers mes collègues masculins, qui ont toujours su créer un environnement de travail inclusif et exempt de préjugés. Leur soutien a démontré que la diversité, y compris celle des genres, peut être un atout indéniable pour le fonctionnement et les décisions d’un conseil.

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société ? Que lui déconseilleriez-vous ?

«Je lui conseillerais de suivre ses passions avec détermination et résilience, tout en restant fidèle à ses valeurs. Il est essentiel de se concentrer sur ce qui a du sens pour elle et de ne pas céder à la pression de se conformer aux attentes des autres. L’authenticité est un atout majeur pour laisser une empreinte durable et significative. Ce que je déconseillerais, c’est de minimiser ses ambitions ou de sous-estimer ses capacités par crainte de ne pas être à la hauteur. Croire en soi est la première étape pour réussir.»