Le directeur de la Fondation Idea, Muriel Bouchet, estime, en se basant sur l’hypothèse d’une fin du confinement à la fin avril, que le PIB reculerait de 4,2% en 2020 dans un scénario mesuré, avant un nouveau départ à la hausse de 4,8% en 2021. (Photo: Patricia Pitsch/Archives Paperjam)

Le directeur de la Fondation Idea, Muriel Bouchet, estime, en se basant sur l’hypothèse d’une fin du confinement à la fin avril, que le PIB reculerait de 4,2% en 2020 dans un scénario mesuré, avant un nouveau départ à la hausse de 4,8% en 2021. (Photo: Patricia Pitsch/Archives Paperjam)

La Fondation Idea préconise une relance budgétaire de 700 millions d’euros par les investissements publics afin d’assurer la sortie de crise en 2021. Cela permettrait de compenser une perte de PIB estimée à 5% d’ici fin 2021, soit 3 milliards d’euros.

Un montant de 700 millions d’euros pour une relance par les investissements publics, c’est ce que recommande la Fondation Idea dans un décryptage présenté ce mardi. Ceci afin d’assurer une «sortie de crise suffisamment robuste» en 2021.

Trois raisons justifient le recours à l’investissement public comme «colonne vertébrale de tout effort budgétaire de relance», selon la Fondation. Tout d’abord, selon le Statec, «le multiplicateur des investissements publics (une hausse des investissements publics à raison de 1% du PIB induit une hausse de 0,8 point de pourcentage de la croissance économique) est nettement plus élevé que celui des dépenses courantes, ce qui assure une plus grande efficacité en termes de relance pour un même montant dépensé».

D’autre part, «des investissements publics bien ciblés peuvent aider à redresser le potentiel de croissance à moyen terme de l’économie». Enfin, une hausse des investissements publics serait moins susceptible d’affecter les finances publiques qu’une hausse des dépenses courantes.

Un montant record depuis 1995

700 millions d’euros seraient, en proportion du PIB, un montant record depuis 1995. Une telle somme permettrait de «raffermir la croissance» avec un cout net de 0,7% du PIB, si l’on prend en compte l’effet de retour favorable sur l’économie. Les administrations publiques afficheraient un déficit «mesuré» de 1,6% du PIB.

En outre, un tel effort «permettrait de ‘gommer’ un peu plus de 15% du décrochage du PIB observé fin 2021 (le ‘gap’) par rapport au scénario hors crise».

Mais cette somme ne pourrait pas raisonnablement s’élever au-delà. Pour effacer intégralement ce «gap», il faudrait un effort en plus de 6% du PIB, qui porterait les investissements publics à quelque 11% du PIB en 2021. Ce qui paraît peu réaliste, selon la Fondation Idea.

Une perte de PIB de 5%

Un plan de relance indispensable au regard de la perte de PIB estimée selon les projections de la Fondation Idea. En se basant sur l’hypothèse d’une fin du confinement à la fin avril, le PIB reculerait de 4,2% en 2020 dans un scénario mesuré, avant un nouveau départ à la hausse de 4,8% en 2021. «Un effet de rebond mécanique», précise l’économiste Muriel Bouchet, «du fait d’un travail pendant 12 mois en 2021 contre seulement 10 en 2020.» Sur les deux années cumulées, la perte du PIB serait ainsi de 5% à titre définitif (environ 3 milliards d’euros) par rapport au scénario hors crise, où la croissance aurait été de 2,8% tant en 2020 qu’en 2021, selon le Statec.

Du côté des finances publiques, l’affaissement du PIB devrait quant à lui se traduire par «une dégradation des soldes budgétaires». Hors crise, les administrations publiques auraient affiché un excédent de 1,7% du PIB en 2020 et de 1,4% du PIB en 2021, selon le Statec. Mais compte tenu du reflux des recettes publiques et de l’augmentation des dépenses, notamment dues au plan de stabilisation du gouvernement, les finances publiques connaîtront en 2020 et 2021 un déficit de 3,3%, puis de 1% du PIB. «Une situation qui se détériore nettement, mais qui n’est pas catastrophique», estime cependant Muriel Bouchet.

Un plan de stabilisation à 14% du PIB

Ces investissements publics viendraient renforcer le annoncé par le gouvernement le 25 mars dernier. Un plan qui, en comparaison avec celui de l’Allemagne, pourrait apparaître «sous-dimensionné», admet Sarah Mellouet: quand le plan de l’Allemagne atteint 47% du PIB, celui du Luxembourg est de 14%, contre 17% pour la France.

Mais l’Allemagne et la France concentrent essentiellement leur plan sur les garanties de prêts (76% en Allemagne et 75% en France, contre 28% au Luxembourg), ce qui ne suppose «pas forcément de décaissement», précise Sarah Mellouet. L’Allemagne ne néglige pas pour autant les aides directes, avec 6% du PIB investis, contre 2,4% au Luxembourg et 1,5% en France.

Une mise en perspective qui implique peut-être des amendements à venir au plan luxembourgeois de stabilisation, conclut la Fondation Idea.