«En matière de placements financiers, mieux vaut prévenir que guérir», explique Cédric Arnasalon, juriste au Centre européen des consommateurs (CEC) au Luxembourg, suite au scandale médiatique lié à l’affaire . Cette plateforme en ligne qui promettait à des investisseurs particuliers des rendements allant jusqu’à 66% en retour de l’achat à distance de plants de cannabis thérapeutique, dont les propriétaires sont aux abonnés absents depuis plusieurs semaines.
Une enquête judiciaire est en cours au Luxembourg en lien avec cette arnaque. Les victimes se comptent déjà par quelques milliers en Europe, parfois avec des sommes perdues s’élevant à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cette affaire illustre parfaitement les risques des investissements dans des produits financiers offerts par des acteurs non régulés, également connus comme le secteur du «shadow banking». Fort heureusement, toutes les offres du shadow banking ne sont pas douteuses en soi, mais doivent susciter la vigilance du consommateur, car elles présentent davantage de risques que les produits d’investissement distribués par des professionnels qui disposent d’une licence émise et contrôlée par un régulateur financier.
En matière de placements financiers, mieux vaut prévenir que guérir.
Les investisseurs attirés par le shadow banking ne bénéficient donc pas du contrôle systématique ni des produits, ni du sérieux, ni de la solvabilité des prestataires. Leur viabilité économique n’est jamais examinée ou remise en question. La prise de risque par l’investisseur est alors souvent considérable, pouvant aller jusqu’à la perte totale du capital investi, sans garantie de le récupérer. Un investissement non éclairé peut même, dans certains cas, amener l’investisseur particulier jusqu’à la faillite personnelle et au surendettement.
Une due diligence comme pour tout investissement
L’éducation financière est primordiale. «Dans le domaine des placements, il faut s’y connaître un minimum, car certains marchés sont très spécialisés», souligne Cédric Arnasalon. La base de l’éducation: «Apprendre que derrière tout placement, il y a un risque.» Cependant, «tous les consommateurs ne disposent pas d’une connaissance financière particulière, mais ils peuvent avoir les bons réflexes».
En matière de bons réflexes, le premier est de ne pas se laisser attendrir par les sirènes de promesses trop ambitieuses. «Attention aux gains et aux rendements élevés qui ne sont que des appâts», avertit Cédric Arnasalon. La patience est également de mise dès le départ, au moins pour prendre le temps de se renseigner. «Si l’interlocuteur vous presse, cela fait partie des indices qu’il y a anguille sous roche», indique Cédric Arnasalon.
Attention aux gains et aux rendements élevés qui ne sont que des appâts.
Si tous les investisseurs professionnels réalisent des due diligences approfondies en amont de tout investissement, rien n’empêche l’investisseur particulier de faire de même. «En faisant quelques recherches par soi-même, on peut déjà avoir facilement des indices que certains sites ne sont pas très sérieux.» Cela commence par vérifier si la société dispose d’une immatriculation en consultant le registre du commerce. En outre, il faut s’assurer qu’elle mentionne un numéro de téléphone et une adresse complète. À cet égard, Cédric Arnasalon invite les consommateurs à «éviter des prestataires de pays exotiques, des prises de contact avec des numéros étrangers et des virements bancaires devant être envoyés vers d’autres pays». Du côté des virements, il exhorte les particuliers à n’utiliser que des moyens de paiement qui permettent une traçabilité a posteriori. Le classique virement bancaire reste donc la norme.
Poser des questions dans le doute
Le juriste du CEC exhorte aussi à ne pas répondre aux prises de contact non sollicitées. «Quand nous voulons investir, c’est nous qui allons normalement chercher les informations et non le contraire.» Si cela devait quand même arriver, «il ne faut pas hésiter à questionner l’interlocuteur avant de s’engager dans des démarches plus formelles».
Quand nous voulons investir, c’est nous qui allons normalement chercher les informations et non le contraire.
Le particulier doit ensuite se renseigner sur le produit. «Les consommateurs doivent avoir conscience qu’il ne s’agit pas d’un produit réglementé.» En cas de doute, ils peuvent toujours s’adresser par e-mail ou téléphone aux associations de consommateurs, telles que le CEC, qui pourront les conseiller rapidement.
Les investisseurs potentiels peuvent également se renseigner auprès du régulateur financier, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Cette dernière peut indiquer si un acteur est autorisé à distribuer ses produits. Même non supervisé, un émetteur de valeurs mobilières est obligé de les accompagner d’un prospectus qui doit être approuvé par le régulateur.
Pour aller plus loin, la CSSF a développé , un site web dédié à la promotion de la connaissance générale en matière financière. S’y retrouvent notamment des principes de vigilance indispensables avant d’investir.