Si la tendance désinflationniste devait se poursuivre cette année, la fragmentation du commerce mondial et des chaînes de valeur, alliée à l’appétit pour les largesses fiscales, pourrait contribuer à un taux moyen d’inflation structurellement plus élevé et à une volatilité de l’inflation plus marquée dans les années à venir. Dès lors, le niveau neutre des taux d’intérêt devrait être légèrement plus élevé.
Dans ce contexte, les actifs obligataires sont à nouveau un moteur de la performance des portefeuilles. Mais la normalisation de la corrélation entre actions et obligations pourrait s’opérer plus lentement qu’à l’accoutumée, soulignant le besoin de nouvelles sources de diversification pour les portefeuilles.
Les actifs obligataires sont à nouveau un moteur de la performance des portefeuilles.
Compte tenu de ces facteurs, nous pensons que les actifs alternatifs joueront un rôle plus important au sein des portefeuilles d’investissement. Pour les investisseurs qui peuvent placer leur capital sur le long terme et qui tolèrent une certaine illiquidité, les actifs non cotés permettent d’élargir le champ des opportunités et d’améliorer la robustesse et la performance globale d’un portefeuille sur l’ensemble d’un cycle économique.
Capter la croissance en amont
Les entreprises choisissent aujourd’hui de rester en mains privées plus longtemps qu’il y a 20 ans et une grande partie de la valeur des entreprises et des «licornes» peut être captée uniquement avant leur introduction en Bourse. Par ailleurs, le champ des opportunités sur les marchés cotés se rétrécit depuis les années 2000, conséquence du recul des introductions en Bourse et d’une multiplication des retraits de la cote. Les marchés cotés présentent une concentration de la création de richesse. Les plus grandes entreprises, essentiellement technologiques, ont tiré parti de leurs avantages concurrentiels pour s’arroger une part disproportionnée de la création de valeur et de la capitalisation boursière.
Le Private Equity (capital-investissement) a surperformé en 2020, de grandes entreprises actives dans les technologies de la santé ayant bénéficié de la pandémie de Covid-19. À l’inverse, certains segments du Private Equity ont sous-performé les marchés publics. Nous voyons à cet égard de timides signes de redressement. Selon Preqin, la valeur des transactions au niveau mondial a progressé de 58% au quatrième trimestre 2023 par rapport aux trois mois précédents, les gérants de Private Equity faisant par ailleurs état d’un flux de transactions plus encourageant et d’un pipeline d’opportunités relativement solide.
Le Private Equity a surperformé en 2020, de grandes entreprises actives dans les technologies de la santé ayant bénéficié de la pandémie de Covid-19.
Création de valeur
Le cycle économique en cours amène de nouvelles sources de création de valeur au sein du Private Equity. Un contexte de taux d’intérêt plus élevés devrait favoriser les gérants les plus solides, œuvrant activement à la transformation de leurs actifs. La réussite d’un placement requiert désormais des améliorations stratégiques et opérationnelles, ainsi qu’une croissance de la rentabilité. D’où l’importance d’une sélection judicieuse des gérants de fonds.
Les investissements en actifs non cotés comportent bien sûr des risques: perte de liquidité et perte potentielle en capital. Nous considérons qu’une approche rigoureuse, sélective et graduelle de l’investissement en actifs non cotés est essentielle, de même qu’une diversification adéquate entre les différentes sous-classes d’actifs, de manière à bénéficier de leurs différentes caractéristiques tout au long du cycle économique.
Lombard Odier (Europe) SA Dr Nannette Hechler-Fayd’herbe Head of Investment Strategy, Sustainability and Research, CIO EMEA