Paperjam a interviewé Alexandre Drabowicz, CIO d’Indosuez Wealth Management, le 28 mars 2025.   (Photos: Shutterstock, Indosuez Wealth Management; Montage: Maison Moderne)

Paperjam a interviewé Alexandre Drabowicz, CIO d’Indosuez Wealth Management, le 28 mars 2025.  (Photos: Shutterstock, Indosuez Wealth Management; Montage: Maison Moderne)

Indosuez n’exclut pas tous les investissements dans la défense, mais seulement ceux qui concernent les armes «non conventionnelles» ou «controversées». Dans le secteur financier, l’idée que la sécurité devrait être considérée comme faisant partie des critères ESG est de plus en plus répandue.

«Ni Indosuez ni Crédit Agricole n’ont jamais eu de politique d’exclusion du secteur de la défense», a annoncé le CIO d’Indosuez Wealth Management, Alexandre Drabowicz, lors d’un entretien. Au lieu d’introduire une interdiction sectorielle, comme l’ont fait certains de ses concurrents, la politique d’exclusion d’Indosuez a été plus spécifique, ciblant des entreprises ou des émetteurs particuliers impliqués dans la production d’armes «non conventionnelles» ou «controversées». Cela indique une position plus pragmatique que le rejet pur et simple de l’ensemble de l’industrie de la défense.

«S» pour «sécurité »

Alexandre Drabowicz a souligné l’évolution de la compréhension de l’ESG (environnement, social, gouvernance), en particulier la composante «S». Les acteurs financiers ont de plus en plus le sentiment que le «S» doit élargir son champ d’application des aspects purement «sociaux» pour inclure la «sécurité».

«Il ne peut y avoir de paix sociale sans un environnement sûr aux frontières nationales», a déclaré M. Drabowicz. Cette prise de conscience fait comprendre que les gouvernements auront besoin d’un soutien financier pour les dépenses de défense et que les réglementations européennes devront tenir compte de ces plans.

Du point de vue de l’investissement, lorsque l’on considère les entreprises de défense, l’approche d’Indosuez pourrait être décrite comme étant la meilleure de sa catégorie. Dans tous les secteurs, y compris celui de la défense, la stratégie consiste à sélectionner des entreprises aux profils ESG solides et à exclure celles qui sont moins vertueuses ou plus controversées. Il ne s’agit pas d’une approche dogmatique visant à exclure l’ensemble du secteur de la défense, mais plutôt d’une approche sélective basée sur des critères ESG.

L’écosystème de la défense

En France, par exemple, le ministère des Finances, par l’intermédiaire de la banque publique de développement BPI, lance des programmes visant à financer des entreprises, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME), dans le secteur de la défense par le biais de capitaux privés. Il convient de noter qu’il y a environ 4.500 PME en France qui font partie de l’écosystème de la défense, et ce sont ces entités qui ont particulièrement besoin de financement.

Contrairement aux grandes entreprises comme Airbus, Dassault et Safran, qui peuvent accéder aux marchés financiers, ces PME ont des carnets de commandes qui se remplissent et ont besoin de capitaux pour investir et embaucher. Par conséquent, le défi actuel dans le cadre de l’ESG est de faciliter le financement de ces PME liées à la défense. Cela a donné lieu à des initiatives en France, et M. Drabowicz prévoit des développements similaires dans d’autres pays.

M. Drabowicz a conclu que le monde financier doit s’aligner sur la nouvelle importance accordée à la sécurité, ce qui nécessitera une compréhension plus souple des critères ESG qui reconnaît l’interconnexion de la sécurité et du bien-être social. Cela implique que la prise en compte de la défense dans un cadre ESG n’est pas contradictoire, mais nécessite une perspective plus nuancée et adaptable.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.