L’infrastructure digitale est considérée comme une infrastructure critique par les consommateurs, les autorités et les entreprises. D’ici 2035, les dépenses totales d’investissement du secteur devraient dépasser celles des infrastructures de l’eau, des chemins de fer et des aéroports, selon Schroders. (Photo: Shutterstock)

L’infrastructure digitale est considérée comme une infrastructure critique par les consommateurs, les autorités et les entreprises. D’ici 2035, les dépenses totales d’investissement du secteur devraient dépasser celles des infrastructures de l’eau, des chemins de fer et des aéroports, selon Schroders. (Photo: Shutterstock)

La forte croissance des infrastructures de communication numérique, portée par le développement de l’économie digitale, offre aux investisseurs un potentiel de croissance résilient. Et plus particulièrement le secteur des antennes-relais.

Chez Schroders, Ben Forster, gestionnaire du fonds Global Real Asset Securities, met en avant cinq tendances de fond qui portent le potentiel de l’infrastructure numérique. D’abord le besoin d’infrastructures pour accompagner les nouvelles formes de communication. «Le télétravail forcé pousse les entreprises à se tourner vers la digitalisation, le cloud computing et les vidéoconférences», avec comme conséquence 50 milliards d’investissements dans le cloud de la part des géants du secteur – Amazon, Google, Microsoft, IBM et Oracle – pour répondre à la demande.

Ensuite le développement de l’externalisation Cloud qui «n’en est qu’a ses balbutiements». D’ici à 2025, le basculement des entreprises vers l’externalisation de tout ou parti de leurs infrastructures cloud nécessitera 1.300 milliards de dollars d’investissements.

La nécessité d’une couverture réseau beaucoup plus dense

Le développement de la 5G porté par l’explosion «exponentielle» du trafic des données mobiles nécessite une couverture réseau beaucoup plus dense. «Les opérateurs de réseaux mobiles sont désormais engagés dans une course pour louer davantage d’antennes-relais, de câbles à fibre optique et de petites antennes pour offrir cette couverture plus dense. On anticipe des dépenses d’investissement mobiles de 1.100 milliards de dollars sur la période 2020-2025.»

Les infrastructures digitales sont immunisées contre la volatilité économique.
Ben Forster

Ben ForsterGestionnaire de fondsSchroders

Pour les investisseurs, le premier avantage est que «les infrastructures digitales sont immunisées contre la volatilité économique.» D’abord à cause des investissements publics massifs et aussi parce que «les propriétaires d’infrastructures digitales structurent leurs baux pour se protéger de chocs externes tels que l’inflation et la dévaluation monétaire». Stabilité et prévisibilité deviennent inestimables dans le monde d’aujourd’hui, caractérisé par sa volatilité.

Pour ce qui est du rendement, Ben Forster favorise les marchés émergents – «c’est de la que viendra la croissance la plus rapide» – et les sous-secteurs des centres de données, des antennes-relais de données et des câbles à fibre optique.

Un secteur qui est extrêmement sensible aux changements technologiques.
Marc Ebert

Marc EbertgestionnaireQuaero Capital

Pour Marc Ebert et David Giboudeau, gestionnaire du Quaero infrastructure securities fund, les infrastructures de communication «sont de loin le secteur qui connaît la croissance la plus rapide dans l’univers des infrastructures, notamment grâce aux investissements publics».

Pour eux, cette thématique apporte tout à la fois de la diversification et de la performance dans les portefeuilles. Sous réserve d’être sélectif. «La difficulté pour les investisseurs, c’est qu’il s’agit d’un secteur qui est extrêmement sensible aux changements technologiques.» Et aussi un secteur où «croissance ne rime pas forcément avec rentabilité».

Privilégier le secteur des antennes-relais

Leur sous-secteur favori, celui qui allie rendement et stabilité, ce sont les antennes-relais. Ces antennes appartiennent soit aux opérateurs de télécommunication, soit à des sociétés spécialisées dans les pylônes. «Le modèle économique est simple, rentable et prévisible.»

Les sociétés de tours les construisent et les louent à un ou plusieurs opérateurs télécoms par tour. Plus il y a de locataires, plus le retour sur investissement est important. Ces contrats de location sont de longue durée – de 10 à 20 ans –, facilement renouvelables, et les tarifs évoluent dans le temps. Aux États-Unis, l’augmentation moyenne par an est de 3%. En Europe, l’augmentation est en général indexée sur l’inflation. L’autre différence majeure entre ces deux marchés est le pourcentage de ces antennes détenues en direct par des opérateurs externes: il est d’un tiers en Europe et de deux tiers aux États-Unis.

Marc Ebert et David Giboudeau sont plus réservés en ce qui concerne les investissements dans les opérateurs de télécommunication «peu rentables et peu prévisibles. Il y a très peu de différenciation dans les offres et ils doivent faire des investissements massifs notamment dans la fibre pour rester compétitifs alors que leurs marges baissent».

Prudence dans le secteur des datas-centers  

Réserve également pour le secteur des centres de données jugé «plus risqué que ces dernières années». Et si la croissance de l’activité est indiscutable, les deux gestionnaires mettent en avant les barrières à l’entrée qui pèsent sur la compétitivité. Et les coûts de l’énergie qui sont difficilement répercutables dans leur intégralité aux clients. Prudence donc…

Les réserves sont encore plus importantes pour les opérateurs de satellite. «Une industrie très petite: on compte moins de cinq entreprises cotées en bourse» – et dont les revenus reposent sur les contrats militaires  («des contrats à court terme») et sur la télévision par satellite («une activité en déclin»). «Pour l’instant, nous ne pensons pas que ce soit une bonne opportunité d’investissement.»

Pour le secteur du câble enfin, outre un univers d’investissement «très limité», Marc Ebert et David Giboudeau constatent un fléchissement de la croissance des câblo-opérateurs qui leur semble structurel.