«L’économie dynamique de l’Inde, sa main-d’œuvre qualifiée et son secteur technologique en plein essor en font un lieu idéal pour renforcer les opérations mondiales de SES. Nous sommes convaincus que les talents indiens joueront un rôle déterminant dans l’accélération de notre développement et seront des acteurs clés de notre avenir. Nous sommes ravis de faire partie de cette communauté dynamique et nous nous réjouissons des nombreuses années de succès à venir.»
Entre les discussions avec certains des actionnaires, qui ont obligé l’entreprise luxembourgeoise à adapter ses statuts et l’enquête ouverte par l’Autorité britannique de la concurrence, le CEO de SES, Adel Al-Saleh, a récemment inauguré son nouveau bureau à Chennai, sur le campus technologique DLF de 16 hectares dans la Cyber City de Chennai.
La coentreprise de SES avec Jio, baptisée OrbitConnect, dispose déjà des autorisations nécessaires. En misant sur une combinaison de satellites géostationnaires (SES12) et de la constellation à moyenne orbite O3b mPower, SES vise des débits massifs (jusqu’à 100 Gb/s) pour les entreprises, administrations, et le backhaul 4G/5G. Le cadre indien s’est précisé: licence GMPCS, autorisation de l’agence IN-SPACe, passerelles locales, conformité aux lois de sécurité. Le gouvernement veut éviter une dépendance étrangère incontrôlée tout en ouvrant le marché à l’innovation. Seuls OneWeb et Jio-SES ont, à ce jour, tous les feux verts.
Les enjeux sont colossaux: connecter des centaines de millions de ruraux, offrir de la résilience aux réseaux existants, développer une industrie spatiale locale. Le marché potentiel est estimé à plusieurs milliards de dollars, à condition d’adapter les offres aux réalités indiennes. Starlink évoque des forfaits à 15 dollars par mois. Mais pour séduire les consommateurs, il faudra aussi faire chuter le prix des antennes, ou proposer des modèles mutualisés.
Depuis plus de 20 ans, SES fournit, en collaboration avec l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) et d’autres partenaires locaux, des services de télévision par satellite et de connectivité de données à travers tout le pays, y compris dans les domaines de la banque à distance, de la télémédecine et de l’e-gouvernance. L’ouverture de ce bureau à Chennai reflète l’importance stratégique de l’Inde en tant que pôle clé de l’économie spatiale, en adéquation avec la vision du Premier ministre, et représente une source précieuse de talents pour ce secteur stratégique, rappelle l’entreprise luxembourgeoise dans un communiqué.
L’annonce, qui avait suscité les inquiétudes des syndicats, qui regrettent une délocalisation de certains employés luxembourgeois vers l’Inde s’inscrit dans un secteur économique très dynamique où les annonces succèdent aux annonces. Résumé:
Starlink: retour en grâce après des débuts contrariés
Annoncé avec fracas dès 2021, le service Starlink de SpaceX avait été brutalement stoppé par les autorités indiennes en raison d’un démarchage commercial sans licence. Depuis, le dossier a mûri. En mars 2025, coup de théâtre: Starlink signe deux partenariats stratégiques avec les poids lourds locaux Reliance Jio — partenaire de SES — et Bharti Airtel. Ces accords, encore suspendus à une licence finale, pourraient lui ouvrir un accès commercial direct au marché indien. Le revirement est notable, après des mois de bras de fer autour de l’attribution des fréquences.
Le gouvernement indien a finalement tranché fin 2023: pas d’enchères, mais une attribution administrative, rassurant les acteurs satellites face aux exigences des opérateurs télécoms classiques. En contrepartie, New Delhi exige de Starlink qu’il installe une infrastructure locale : centre de contrôle, passerelles terrestres, et conformité aux exigences d’interception et de suspension en cas de nécessité sécuritaire. Elon Musk, après avoir rencontré Narendra Modi, a assuré vouloir répondre à ces exigences.
OneWeb: l’ancrage local, recette du succès
OneWeb, fusionné avec Eutelsat, a pris une longueur d’avance grâce à son actionnaire Bharti Global. Dès 2022, il obtenait une licence GMPCS et s’associait avec Hughes Communications India. Sa constellation est déployée, ses partenariats solides, et les premiers services B2B pourraient démarrer dans les prochains mois.
OneWeb cible en priorité les entreprises, le gouvernement, et le backhaul mobile. Son partenariat avec Airtel lui donne une profondeur commerciale unique, et ses premiers clients pourraient bien être des stations de base mobiles ou des programmes d’e-gouvernance en zones rurales.
Amazon Kuiper et les autres: en phase d’approche
Le projet Kuiper d’Amazon a débuté ses premiers lancements de satellites en 2025, mais reste en attente d’autorisation en Inde. Amazon a annoncé vouloir créer une filiale locale, mais n’a pas encore signé de partenariat local majeur. Globalstar, Intelsat ou Telesat sont aussi sur les rangs, avec différents niveaux d’avancement.