La reprise de l’activité dans le secteur du bâtiment et la nécessité de rattraper le temps perdu a fait du bien au secteur de l’intérim. (Photo: Shutterstock)

La reprise de l’activité dans le secteur du bâtiment et la nécessité de rattraper le temps perdu a fait du bien au secteur de l’intérim. (Photo: Shutterstock)

Après une chute dramatique de l’emploi intérimaire au printemps, l’activité a sérieusement repris depuis le mois de juin. Les acteurs du secteur se montrent optimistes, mais sans espoir de ramener le chiffre d’affaires au niveau de 2019.

Le travail intérimaire a beaucoup souffert du confinement. Selon les chiffres fournis par les ministres de l’Économie, (LSAP), et du Travail, (LSAP), le nombre de personnes employées via les agences d’intérim a chuté de près de deux tiers en mars 2020 par rapport à mars 2019 et de plus de 50% en avril.

Avec une moyenne de travail intérimaire d’environ 2% de l’ensemble de l’emploi salarié, le Luxembourg ne montre pas une grande tradition de recours à l’intérim. Celui-ci est surtout utilisé dans les secteurs de la construction, l’industrie manufacturière et le commerce.

Mais, il reste toutefois un bon indicateur de la santé de l’économie nationale. «L’intérim est un bon baromètre du marché de l’emploi. Nous sommes les premiers à souffrir, mais aussi les premiers à redémarrer quand la situation s’améliore», explique François Dauphin, Industry Business Line manager chez Adecco Luxembourg.

Or, visiblement, les entreprises, en phase de redémarrage, voire de rattrapage, font de nouveau appel aux intérimaires pour assurer le travail. «On le voit clairement, confirme Mathilde Lambin, CEO de Manpower Luxembourg. La situation a encore été tendue au mois de mai. On a ensuite observé une reprise dans le secteur manufacturier en juin, et le mois de juillet a même été très bon».

Elle pointe d’ailleurs que, dans l’industrie et la construction (BTP), juillet 2020 a été meilleur que juillet 2019.

Les entreprises font face à de grosses commandes, il faut les assurer.

François DauphinIndustry Business Line manager Adecco Luxembourg

Différents éléments viennent expliquer cette reprise, qui intervient d’ailleurs plus rapidement que lors de la crise financière de 2008-2009. « a dû embaucher des intérimaires pour tenter de rattraper ce qui n’a pas pu se faire pendant les mois de confinement, explique François Dauphin. Dans l’industrie manufacturière, les vannes se sont rouvertes. Les entreprises font face à de grosses commandes, il faut les assurer.»

Il constate aussi un net regain d’activité chez les concessionnaires automobiles avec la reprise des livraisons et des ventes voitures neuves. «Il y a donc besoin de personnel en amont pour préparer ces ventes.»

Mais une partie des engagements temporaires depuis la sortie de confinement est aussi due à la situation sanitaire et aux mesures de sécurité à adopter. Managing director de Randstad Luxembourg, note que ont dû engager des agents de contrôle à l’entrée des magasins. «Il faut aussi se rendre compte que certaines sociétés doivent faire face à la mise en quarantaine d’équipes complètes suite à la détection d’un cas positif.»

Et, au cours de la période estivale, il faut remplacer le personnel parti en congé alors que l’activité a repris.

Mais si les chiffres s’améliorent, les dégâts restent évidents. Dans le secteur, on parle d’une baisse globale du chiffre d’affaires entre 20% et 30% en 2020, selon la situation actuelle.

«reste très compliqué, explique Mathilde Lambin. Tous les établissements n’ont pas encore rouvert et les horaires d’ouverture sont limités. Ils ont donc moins besoin de personnel. L’hôtellerie souffre des interdictions de voyager ou du fait de ne pas avoir ouvert leur restaurant.»

Tant que le télétravail restera largement pratiqué, le travail intérimaire souffrira.
Mathilde Lambin

Mathilde LambinCEOManpower Luxembourg

La responsable de Manpower au Luxembourg pointe aussi . «C’est un facteur négatif pour l’intérim. Les gens ne viennent pas au travail, ils ne mangent pas au restaurant et ne vont plus dans les magasins en ville. Tant que le télétravail restera largement pratiqué, le travail intérimaire souffrira.»

Pour Marc Lebrun, il faut attendre la rentrée de septembre pour voir comment la situation va évoluer au sein des entreprises. «Il y a aura trois facteurs à analyser: l’évolution du virus, la santé financière des sociétés et donc , mais aussi le comportement de nos clients: vont-ils relancer le plein emploi ou continuer à recourir au chômage partiel.»

Nos clients vont-ils relancer le plein emploi ou continuer à recourir au chômage partiel?
Marc Lebrun

Marc LebrunManaging directorRandstad Luxembourg

Le secteur ne remontera donc pas la pente plus rapidement que d’autres secteurs, mais après l’effondrement du printemps, il se remet d’aplomb à la vitesse de l’économie nationale dont il est un excellent reflet.