Même sous le coup du chapitre 11 aux États-Unis, Intelsat a été autorisée à acquérir deux OneSat nouvelle génération d’Airbus, pilotés par logiciel. (Photo: Airbus)

Même sous le coup du chapitre 11 aux États-Unis, Intelsat a été autorisée à acquérir deux OneSat nouvelle génération d’Airbus, pilotés par logiciel. (Photo: Airbus)

Le match des fournisseurs de connectivité via un réseau de satellites se poursuit entre la luxembourgeoise SES et l’américano-luxembourgeoise Intelsat. Tout juste sortie de sa procédure de faillite, celle-ci repositionne une quarantaine de forces de vente au Luxembourg pour sa nouvelle idée.

Forces de vente, ingénieurs, spécialistes du marketing et personnel de support. Intelsat va redéployer 80 personnes de son effectif, dont la moitié au Luxembourg, pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Objectif: commercialiser sa dernière idée.

«The future of global connectivity» promet le premier véritable réseau unifié en 5G avec tous les mots d’un bingo de la connectivité: «multi-layer», «multi-orbit», 5G, commandés par logiciel, «cloud native» et… «multi-band». Ce réseau venu du ciel, à grande vitesse et faible latence, assure la brochure en papier glacé, promet d’émettre sur les Ku–, Ka–, C–, L–, Q– et V-band.  

Ont été commandés jusqu’ici cinq Maxar Technologies (Galaxy 31, Galaxy 32, Galaxy 35, Galaxy 36, Galaxy 37), deux Northrop Grumman (Galaxy 33 et Galaxy 34) lancés dès 2022 et deux OneSat d’Airbus, avec une option pour deux autres exemplaires livrables en 2023. Ces bijoux de technologie viendront renforcer un réseau de 52 satellites et 62 points de présence sur Terre.

Après une première bataille judiciaire entre SES et Intelsat – parce que cette dernière voulait obtenir un milliard de dollars de plus que les 9,7 milliards attribués par l’accord de la C-Band Alliance, mise en place pour discuter de manière unifiée avec le régulateur américain des télécoms (FCC) –, Eutelsat, Hughes, Inmarsat et Viasat ont fait entendre leur colère sur le fait qu’Intelsat puisse se faire rembourser ses satellites multi-orbites sur le dos de la 5G. Le groupe a démenti ces accusations en expliquant qu’il ne demanderait pas de remboursement pour ce qui ne concerne pas la 5G.

À eux deux, SES et Intelsat ont commandé 13 satellites dans le cadre du remplacement des satellites de la 5G. Intelsat aurait bien commandé un troisième OneSat d’Airbus, mais les autorités qui surveillaient ses discussions sur le rééchelonnement de la dette ont dit «non».

La raison: Intelsat a finalisé au même moment le rachat, pour 400 millions de dollars, de Gogoair, un projet en discussion depuis plus de deux ans. Le Covid a cloué des milliers d’avions au sol et a fait plonger les résultats du fournisseur de connectivité à l’aviation. Et si le business de Gogoair avait pu décoller en juin 2012… c’est grâce à SES, qui avait déjà perçu une potentielle croissance à deux chiffres pendant des années. 

SES avait consacré . Quatre ans plus tard, Gogoair avait même loué toutes les capacités disponibles sur le SES-4 (Europe) de ce dispositif. Au 30 juin, Gogo a signalé 6.036 avions volant avec ses systèmes «air to ground» à bord et 4.587 avions avec connectivité satellite installée.

Comme toujours, le CEO de SES, Steve Collar, n’a pas montré l’ombre d’une once de stress. «Nos accords avec Gogo sont à très long terme et ma confiance découle du fait que nous possédons un actif très important avec SES-15, qui est devenu en quelque sorte l’emplacement de choix pour le service internet vers les avions en Amérique du Nord», a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphonique au sujet des résultats de la société pour les neuf mois clos le 30 septembre. «Nous avons conçu ce satellite spécifiquement pour ces services et je ne vois pas grand-chose aujourd’hui en bande Ku qui soit en quelque sorte l’équivalent de SES-15.»

Au 30 septembre 2020, les divers  Gogo  engageaient la société à acheter des services de transpondeur et de téléport par satellite pour un total d’environ 28,8 millions de dollars en 2020 (pour la période du 1er octobre au 31 décembre), de 138,6 millions de dollars en 2021, de 118,5 millions de dollars en 2022, de 92,3 millions de dollars en 2023, de 59,4 millions de dollars en 2024 et de 259,4 millions de dollars par la suite.

Stephen Spengler, qui a dépensé 2 milliards de dollars dans le renouvellement de sa flotte, le sait. Mais son appétit est désormais insatiable. Avec un marché de la connectivité par satellite qui devrait passer de 66 milliards de dollars l’an dernier à 132 milliards de dollars en 2028, soit près de 10% de mieux chaque année, les acteurs qui auront financé leurs constellations pourront se concentrer sur le remplissage de leur carnet de commandes.

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