Le gouvernement de Luc Frieden s’engage à continuer sur la voie tracée par son prédécesseur avec la création d’un one-stop shop de la transition énergétique et environnementale, dans le cadre du Klimapakt fir Betriber, pour orienter les PME vers l’efficience énergétique, la circularité et la durabilité. (Photo: Shutterstock)

Le gouvernement de Luc Frieden s’engage à continuer sur la voie tracée par son prédécesseur avec la création d’un one-stop shop de la transition énergétique et environnementale, dans le cadre du Klimapakt fir Betriber, pour orienter les PME vers l’efficience énergétique, la circularité et la durabilité. (Photo: Shutterstock)

Il faut vivre dans une caverne, aujourd’hui, pour ne pas trouver de ressources pour entamer sa transition «verte». État, Chambre de commerce, House of Sustainability, INDR, Luxinnovation, IMS: tout le monde met le paquet pour embarquer les entreprises à répondre à l’urgence.

«Vous croyez que ça m’amuse d’avoir des factures d’électricité astronomiques? De ne pas pouvoir remplacer une partie de ma ligne de production parce que la banque chouine pour me prêter l’argent dont nous aurions besoin? Vous croyez que je n’ai pas envie de montrer à mes employés que nous faisons tout ce que nous pouvons faire pour limiter notre impact sur la planète? Franchement, ces discussions de gens totalement déconnectés des réalités du monde de l’entreprise, qui font croire que nous pourrions tout changer en un claquement de doigts, ça me surexcite!»

Joignant le geste à la parole, ce chef d’entreprise tourne les talons, rageur. Un petit four avalé plus tard, il revient saupoudrer son propos intelligent, mais énervé, d’une dose de diplomatie pour souligner que tout entrepreneur a, par nature, envie de bien développer son business. Et que ce développement, aujourd’hui, passe aussi par la prise en compte des enjeux environnementaux.

Le Covid a malmené les finances, la crise du logement a des conséquences multiples et la triple indexation rogne encore les marges disponibles de ces patrons qui n’ont pas grand-chose à voir avec ceux qui ont empoché 1.660 milliards de dollars de dividendes en 2023.

Des promesses à tenir au plus vite

Ces artisans et petits patrons, durablement choqués par le populisme des déclarations de Dan Kersch, alors ministre, sur leurs Ferrari supposées, ont probablement trouvé un peu de réconfort dans le programme de coalition, présenté à l’automne.

Le gouvernement de s’y engage à continuer sur la voie tracée par son prédécesseur et précisée l’été dernier dans le cinquième plan national en faveur des PME: un one-stop shop de la transition énergétique et environnementale sera créé – dans le cadre du Klimapakt fir Betriber – pour orienter les PME vers l’efficience énergétique, la circularité et la durabilité et vers des actions constitutives d’une approche RSE; une réorientation des appuis de la Société nationale de crédit et d’investissement; un régime d’aides en faveur des investissements dans la protection de l’environnement qui permet de cofinancer une partie des coûts liés aux projets identifiés en amont, par exemple via Fit4Sustainability ou les SME Packages – Sustainability, régime d’aides dont l’accès doit être simplifié d’un point de vue administratif.

Mais il va plus loin en promettant que «les régimes d’aides aux entreprises seront revus dans le cadre des aides Opex. En particulier, des contrats de différence carbone (‘carbon contracts for difference’) seront introduits en complément aux aides à l’investissement Capex, et cela conformément aux règles européennes en matière d’aides d’État».

Le gouvernement prévoit aussi de compléter le régime de bonification d’impôts, de créer un tax shelter pour les investisseurs privés qui participeraient financièrement au développement de start-up dans les domaines des transitions durable et digitale, d’adapter la formation professionnelle (une étude de la Chambre des métiers pointait un manque de près de 2.000 professionnels pour une PME sur deux, ndlr), d’en faire un axe stratégique de la recherche luxembourgeoise et de créer une agence luxembourgeoise de la propriété intellectuelle par la fusion de l’Office de la propriété intellectuelle et de l’Institut luxembourgeois de la propriété intellectuelle.

  (Source: Ministère de l’Économie)

  (Source: Ministère de l’Économie)

Prévisibilité et accompagnement

«‘Faire mieux avec moins’ est un principe que la Chambre de commerce défend depuis de nombreuses années et qui sera désormais porté également par sa nouvelle House of Sustainability, tout en mettant en avant les nouvelles opportunités économiques que présentent les transitions. Au niveau politique, les entreprises ont besoin de prévisibilité et d’un accompagnement pour effectuer ces transitions écologique et énergétique sans mettre en péril la poursuite de leurs activités. Il s’agit avant tout de remplacer les énergies fossiles et de valoriser les démarches de production moins polluante. Le gouvernement devra ainsi justement doser les subventions, aides et incitants fiscaux, ainsi que le rythme de la mise en œuvre des nouvelles normes et contraintes», suggérait le directeur général de la Chambre de commerce, , dans le très bon livret des recommandations au futur gouvernement sur le sujet.

Entre aides prévues dans le cadre de la loi environnement de 2017 et le triple dispositif adossé au Klimapakt fir Betriber lancé il y a un an, pour approcher le sujet correctement d’un point de vue opérationnel, mieux vaut pousser la porte de la House of Sustainability. Et même si différents acteurs ont de petites spécifités à faire valoir du Fit4Sustainability et de la proximité avec les clusters chez Luxinnovation aux labellisations et au nouvel outil d’analyse de la matérialité de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), créé en 2007, en passant par la Sustainability Academy d’Inspiring More Sustainability (IMS).

Et si on était un petit peu plus «fous»? Puisque les entreprises ont du mal à s’y retrouver, pourquoi ne demanderait-on pas au monde de la tech – dans un appel d’offres public – de développer une plateforme intelligente sur laquelle l’entrepreneur arriverait en donnant son secteur d’activité, son nombre d’employés, son chiffre d’affaires et son objectif pour, à chaque nouvelle étape, l’envoyer directement au bon endroit. Et sans paperasse de plus. Chiche?

57

Pour sa première année d’existence, le Klimapakt fir Betriber a bénéficié à 57 entreprises luxembourgeoises (19 au titre du Fit4Sustainability, 16 à celui du SME Package Sustainability et 22 dans le cadre de l’Aide temporaire d’impact environnemental). Au total, cette initiative a suscité la curiosité formelle de 91 entreprises.

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de Paperjam paru le 27 mars 2024. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.  

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