Rien n’y fait: ni les investissements de Meta dans la modération ou dans la pédagogie, ni les rapports qui sortent à échéance régulière. Et même et des autorités ne découragent pas les mineurs… ni les déviants de la planète, presque aussi nombreux que sur Pornhub.
Lundi, la CNPD irlandaise a confirmé avoir infligé une amende de 405 millions d’euros à Meta après une enquête entamée début 2020. Un data scientist, David Stier, avait alerté l’entreprise de Mark Zuckerberg des failles béantes dans la protection des mineurs, inscrits sur le réseau social et qui passaient en compte professionnel, ce qui les obligeait à donner nom, prénom, adresse et parfois numéro de téléphone.
Meta fera appel
Comme un white hacker, David Stier a longuement échangé avec les ingénieurs en sécurité de Meta avant de prévenir le régulateur de la donnée en Irlande, où le groupe Meta/Facebook a son quartier général européen.
Sans sembler parvenir à les convaincre d’œuvrer plus durement pour protéger les mineurs, y compris contre eux-mêmes, selon les échanges qu’il a lui-même publiés.

YouTube et Instagram sont les deux applications les plus utilisées par les plus jeunes, indique une fois encore le rapport annuel sur les influenceurs de Morning Consult. (Screenshot: Influenceur 2022 Morning Report)
Meta fera appel, considérant que le régulateur n’a pas assez pris en compte tout ce que le groupe a fait pour protéger les mineurs – qui peuvent s’inscrire à partir de 13 ans. Déjà poussé par les nombreuses critiques, Instagram avait annoncé , pour contourner sa difficulté à les protéger, mais le projet a été gelé six mois plus tard devant des dizaines de milliers de parents ulcérés, des sénateurs américains et 44 procureurs.
Le réseau social n’est pas le seul à faire face à ce problème: il y a un an, l’Autoriteit Persoonsgegevens, l’équivalent de la CNPD aux Pays-Bas, avait condamné TikTok à une amende de 750.000 euros pour atteinte à la vie privée des enfants utilisateurs de son réseau social. Dans la foulée, la Cnil en France et l’Union européenne ont lancé une enquête sur les pratiques du géant chinois, détenu par ByteDance.
Les deux records d’Instagram
Une ONG américaine, que 75% des moins de 18 ans sont déjà allés sur Instagram (85% des 13-17 ans et 65% des 8-12 ans), la moitié d’entre eux y passant même quotidiennement. Soit la deuxième application la plus utilisée derrière YouTube et devant TikTok et Snapchat.
Un sur quatre avait avoué avoir eu une expérience pénible sur le réseau «social» et un sur six une expérience sexuelle, double record par rapport aux 27 applications sondées, devant SnapChat, YouTube et TikTok. Parmi les résultats les plus surprenants de cette étude, plus d’un garçon de 9 à 12 ans était inscrit… sur une application de rencontres. Quel rapport avec Instagram? Comme avec Facebook, cela permet de créer un compte sur la plupart des applications de rencontres sans même avoir à justifier son âge.
Dans deux cas sur trois (en général) et un cas sur deux (pour les sollicitations sexuelles), l’enfant a considéré que ce n’était pas si grave. Soit deux fois plus que la peur que le fait de dénoncer ne soit pas anonyme ou la peur d’avoir des problèmes avec ses parents pour le côté sexuel. Dans deux cas sur trois, ils se sont contentés de bloquer la personne. Un sur quatre l’a réduite au «silence» et les autres l’ont ignorée.
Plus les filles concernées sont jeunes, plus elles ont quitté l’application en question. Surtout si leur interlocuteur a partagé une photo ou une vidéo de nu d’un autre enfant (40%) ou de lui (39%).
Au Luxembourg, , Instagram ne devient l’application la plus utilisée qu’à partir de 17 ans, indiquent les parents interrogés. Ce chiffre est contredit par les sondages menés auprès de 20.000 jeunes lors des sessions de formation de l’année scolaire 2020-2021, plaçant sur le podium TikTok, Snapchat et YouTube. Notons que Bee Secure, très active sur ces sujets, édite et .
Enquête sur les apps de rencontres et les mineurs
, McAfee semble dessiner une «géographie du harcèlement à connotation sexuelle» des mineurs, qui atteindrait 30% en Inde et 20% aux États-Unis, contre une moyenne mondiale à 15%. Le spécialiste américain de la cybersécurité pointe deux autres réalités: deux tiers des mineurs sont harcelés par quelqu’un qu’ils connaissent et quatre sur cinq ont eux-mêmes harcelé quelqu’un d’autre qu’ils connaissent. Même quand les parents tentent d’en parler avec leurs enfants, le rapport explique que le message ne passe pas, les parents n’étant pas assez bien informés sur la manière d’en parler et d’apporter des solutions à l’enfant.
pour tenter de mesurer l’ampleur du phénomène. L’enquête a démarré après la publication d’, dans lequel Tinder était accusé de n’avoir pas assez fait pour mettre fin aux comptes de 1,5 million de mineurs.