Les écoles retrouveront leurs élèves lundi prochain, avec un protocole sanitaire moins strict qu’en fin d’année scolaire 2019-2020. (Photo: Matic Zorman / Archives  Maison Moderne)

Les écoles retrouveront leurs élèves lundi prochain, avec un protocole sanitaire moins strict qu’en fin d’année scolaire 2019-2020. (Photo: Matic Zorman / Archives  Maison Moderne)

À quelques jours de la rentrée, parents et enseignants sont préoccupés par la mise à niveau des élèves après une fin d’année perturbée par la crise sanitaire.

Si la rentrée qui s’approche se veut , avec une reprise des cours tous les jours pour tous, la crise sanitaire laissera des traces. «C’était une année pas comme les autres», résume Patrick Remakel, président du Syndicat national des enseignants (SNE), actif dans le fondamental. Entre le «Schoul Doheem» et une reprise en alternance, les élèves n’ont pas retrouvé les conditions habituelles de scolarité depuis le 13 mars.

«J’ai l’impression qu’on parle surtout des mesures sanitaires et qu’on oublie ces élèves», abonde Patrick Arendt, secrétaire syndical du SEW-OGBL. «La crise ne se terminera pas de sitôt, elle va se poursuivre tout au long de l’année et au-delà. Les enfants qui n’ont pas d’aide à la maison risquent d’être les grands perdants de cette crise.»

«Les instituteurs ont fait beaucoup d’efforts pour garantir l’enseignement à distance durant le confinement», souligne M. Remakel. «Les cours ont repris en mai, en alternance avec des semaines A et des semaines B. Les instituteurs ont vu les points essentiels du programme, mais n’ont pas pu voir tout le programme.» Au-delà des connaissances, c’est aussi le vivre-ensemble qui a pâti de cette période chahutée. «Ce qui a surtout manqué, ce sont les interactions entre les élèves et leurs instituteurs, qui n’ont pas pu remédier directement aux faiblesses de certains. Il y a des choses à rattraper chez certains élèves.

Certains élèves ont un peu décroché tandis que d’autres ont été surstimulés et ont mis à profit le confinement pour étudier beaucoup.

Alain MassenprésidentReprésentation nationale des parents

Côté parents, le constat est mitigé. «Certains ont été très bien encadrés à la maison et pouvaient être aidés par leurs parents, tandis que d’autres ont eu plus de mal pour des raisons de langues, de compétences et de non-disponibilité des parents qui ont dû travailler pendant le confinement parce qu’ils exercent une profession essentielle», note Alain Massen, président de la Représentation nationale des parents. «Ainsi, certains élèves ont probablement un peu décroché tandis que d’autres ont été surstimulés et ont mis à profit le confinement pour étudier beaucoup et améliorer leurs notes.» L’expression d’un «enseignement à deux vitesses» qu’il convient d’équilibrer.

Face à ce constat, même si l’ampleur du phénomène n’est pas encore mesurée, le ministère de l’Éducation nationale a bien lancé des cours de rattrapage facultatifs depuis début septembre, qui se poursuivront durant le premier semestre. «C’est une bonne chose de faire quelque chose, mais comme il s’agit de cours facultatifs, nous ne sommes pas certains de viser 100% des élèves concernés», regrette M. Remakel. «Ce sont les parents qui décident si leur enfant y participe ou non.»

C’est dans le cadre de l’école que l’on rattrape le mieux un retard scolaire.

Patrick RemakelprésidentSNE

Pour le SEW-OGBL, «les mesures prises pour l’instant relèvent plutôt de mesures de façade. Les cours de rattrapage dans le fondamental consistaient en 4 ou 5 fois 2 heures avec un personnel enseignant surtout composé d’étudiants sans formation pédagogique. Il faut bien plus qu’une semaine pour apprendre à connaître les enfants et déceler leurs lacunes.»

Les syndicats avaient milité pour une autre formule. «Nous avions proposé au ministre de donner des ressources supplémentaires aux écoles à partir du 15 septembre afin d’être sûrs de toucher tous les élèves», explique M. Remakel. «C’est dans le cadre de l’école que l’on rattrape le mieux un retard scolaire.»

M. Arendt renchérit: «Nous avions suggéré de réaffecter le personnel expérimenté inclus dans les différents programmes de réussite scolaire», jugés «trop administratifs» et moins efficaces, car en dehors du cadre scolaire. «Le ministère a refusé.» Le syndicat souligne encore «subir les mesures prises par le précédent ministre», notamment le contingentement des enseignants, qui ont «fait perdre des heures de cours alors que les effectifs ont augmenté».

«Pas à un mois près»

De son côté, la RNP plaide pour que «les instituteurs se focalisent sur la mise à niveau des compétences durant les six premières semaines». «Notre message au ministère et au personnel enseignant, c’est de prendre le temps. Nous avons raté quelques mois, nous ne sommes pas à un mois près! Il est important de s’occuper des élèves en décrochage dès la rentrée pour égaliser au mieux le niveau.»

Le SEW-OGBL propose d’ailleurs d’avancer les épreuves standardisées afin de pouvoir évaluer dès la rentrée le niveau des élèves. Et insiste: «Le risque de décrochage nous inquiète plus que l’aération des salles ou le port du masque.»