L’alpiniste Cathy O’Dowd a inspiré les chefs d’entreprise lors de la conférence Horizon de Deloitte. (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

L’alpiniste Cathy O’Dowd a inspiré les chefs d’entreprise lors de la conférence Horizon de Deloitte. (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

L’alpiniste Cathy O’Dowd, première femme à gravir l’Everest par ses deux faces, a fait des parallèles entre les difficultés d’une entreprise à innover et celles d’un alpiniste à ouvrir une nouvelle voie, lors de la conférence Deloitte le jeudi 4 avril.

«Qu’est-ce qui compte le plus: survivre plus longtemps ou avancer plus vite?», a lancé l’alpiniste sud-africaine Cathy O’Dowd lors de la de Deloitte, le jeudi 4 avril.

Première femme à avoir gravi l’Everest par ses faces sud et nord (en 1996 et 1999), elle a captivé l’audience par le récit de sa performance. Mais aussi par le double langage qu’elle a employé durant toute son intervention, faisant le parallèle entre l’ouverture d’une nouvelle voie et la manière d’innover en entreprise.

Challenge de taille

Car Cathy O’Dowd ne s’est pas arrêtée à l’Everest: elle est parvenue au sommet du Lhotse (8.516 mètres) en 2000, puis s’est attaquée en 2012 à l’arête Mazeno, au Nanga Parbat (Pakistan).

Un , puisqu’il s’agit de la voie la plus longue du monde: 8 sommets et 10 kilomètres à plus de 7.000 mètres d’altitude. Dix cordées avaient auparavant tenté son ascension, toutes en vain. «Nous nous demandions ce que nous pouvions faire de différent», explique-t-elle.

Une fois le défi choisi et minutieusement planifié, restait encore un point à prévoir: «Il faut toujours penser à un plan de repli. L’échec se planifie aussi», déclare-t-elle. Une affirmation également valable dans un processus d’innovation.

«Après, il arrive un moment où il faut arrêter de planifier et commencer à grimper», ajoute-t-elle.

 Cathy O’Dowd: «Nous avons fait les frais d’un manque de communication et nous n’avons pas réussi à trouver de solution.» (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

 Cathy O’Dowd: «Nous avons fait les frais d’un manque de communication et nous n’avons pas réussi à trouver de solution.» (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

Erreurs inévitables

Pour atteindre ce sommet, l’équipe devait être restreinte et pouvait uniquement porter 10 jours de nourriture. À l’aube du 10e jour, après la chute d’un des alpinistes, puis l’annonce d’une tempête qui leur a fait perdre une journée, il restait encore à l’équipe 18 heures d’ascension et au moins deux jours de descente.

Sauf que le plan n’a pas fonctionné comme prévu: après ces 18 heures d’efforts, les alpinistes se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas sur la bonne voie...

«Nous avons fait les frais d’un manque de communication et nous n’avons pas réussi à trouver de solution. C’est aussi ça d’être pionniers! C’est tellement difficile de lorsque vous innovez... Parce qu’on ne connaît pas ce qu’on ne connaît pas», souligne Cathy O’Dowd.

Prévoir le pas d’après

L’alpiniste sud-africaine conseille alors à tous ceux qui cherchent à innover de sélectionner soigneusement les membres de son équipe, et de faire en sorte qu’elle soit la plus variée possible.

«Une communication efficace et une grande flexibilité sont ensuite deux éléments-clés de succès de toute entreprise innovante. Il faut savoir travailler ensemble pour changer les plans», ajoute-t-elle.

Le 12e jour, décision est prise de laisser seulement les deux alpinistes les plus aptes physiquement et émotionnellement, Sandy Allan et Rick Allen, retenter le sommet. Ce qu’ils ont réussi le 15e jour!

La descente n’est pas non plus une mince entreprise: c’est sur le chemin du retour que se produisent de nombreux accidents, en grande partie dus à la fatigue. Ultime recommandation de Cathy O’Dowd: «Lorsque les équipes sont très focalisées sur l’objectif et y parviennent, la descente peut être rude. Il faut toujours prévoir le pas d’après.» À méditer.