Ingénieur civil métallurgiste de formation, Marc Solvi a rejoint Paul Wurth en 1976. Il y gravit tous les échelons jusqu’à occuper la fonction de directeur général de 1998 à 2014. Depuis 2010, il préside l’Association luxembourgeoise des ingénieurs, architectes et industriels (Aliai), qui a entre-temps fusionné avec l’ALI et Tema.lu pour devenir Da Vinci, puis Ingénieurs et scientifiques du Luxembourg.  (Photo: Ingénieurs et scientifiques du Luxembourg)

Ingénieur civil métallurgiste de formation, Marc Solvi a rejoint Paul Wurth en 1976. Il y gravit tous les échelons jusqu’à occuper la fonction de directeur général de 1998 à 2014. Depuis 2010, il préside l’Association luxembourgeoise des ingénieurs, architectes et industriels (Aliai), qui a entre-temps fusionné avec l’ALI et Tema.lu pour devenir Da Vinci, puis Ingénieurs et scientifiques du Luxembourg.  (Photo: Ingénieurs et scientifiques du Luxembourg)

Ce vendredi 30 septembre, l’Association des ingénieurs et scientifiques du Luxembourg fête ses 125 ans d’existence. L’occasion d’aborder les défis d’une profession dont Marc Solvi, son président, assure qu’elle ne connaîtra pas la crise dans les années à venir.

Georges Wittenauer, Paul Wurth, Alphonse Munchen, Jules Fischer, Charles Palgen, Léon Metz ou encore Victor Dondelinger sont des noms familiers au Luxembourg. Outre le fait que des rues portent les noms et prénoms de certains, il s’agit d’une petite partie des 12 membres du premier conseil d’administration de l’Association luxembourgeoise des ingénieurs et industriels fondée le 27 mars 1897 au Grand Café de la place d’Armes à Luxembourg. Ingénieurs de formation, certains sont devenus directeurs d’usine ou encore fondateur d’. Ils ont contribué à façonner le pays à l’époque où la sidérurgie était le poumon économique de la région.

Ce vendredi 30 septembre, l’association, qui se nomme aujourd’hui Ingénieurs et scientifiques du Luxembourg asbl, va fêter ses 125 ans d’existence. L’occasion d’aborder les défis d’une profession dont , président de l’association, assure qu’elle ne connaîtra pas le chômage dans les années à venir.

Le Luxembourg a connu une longue tradition d’ingénieurs réputés au cours de son histoire. Les ingénieurs sont-ils aujourd’hui une ressource difficile à trouver?

Marc Solvi. – «À la grande époque de la sidérurgie, le Luxembourg avait énormément d’ingénieurs. Leur nombre a logiquement diminué quand le pays s’est redéployé vers la finance. Aujourd’hui, que ce soit au Luxembourg ou en Europe, il n’est plus si facile de trouver des ingénieurs. On constate en tout cas qu’il y a un déficit dans les parcours scientifiques et dans l’ingénierie. Les jeunes semblent davantage attirés par les sciences humaines comme la sociologie, l’éducation ou la psychologie. Le métier d’ingénieur a souvent été associé au travail à l’usine dans un environnement bruyant, et il a souffert de cette mauvaise image. Malheureusement, il va y a avoir de moins en moins d’ingénieurs luxembourgeois. La société a évolué, la concurrence dans les segments de l’industrie est de plus en plus forte, avec une internationalisation. C’est une main-d’œuvre de plus en plus rare, notamment au Luxembourg où les jeunes voient plutôt un avenir dans la fonction publique, en raison d’une rémunération peut-être plus élevée et d’une moins grande pression. C’est un problème sur lequel il faudra travailler davantage, notamment afin de faire découvrir le métier d’ingénieur et de scientifique aux plus jeunes. Car, il faut le dire, c’est un métier qui ne connaîtra pas la crise, qui ne connaîtra pas le chômage dans les années à venir puisque la demande d’ingénieurs demeurera importante.

La base de l’ingénieur se trouve dans les mathématiques, une matière qui n’est pas toujours simple.
Marc Solvi

Marc Solviprésident de l’Association des ingénieurs et scientifiques du Luxembourg

Pourquoi donc?

«Les grands problèmes qui sont face à nous, comme l’écologie, la robotisation, la transition énergétique, la santé, seront résolus par des scientifiques et des ingénieurs. J’irai même plus loin en soulignant qu’il y aura encore moins de risque pour les femmes scientifiques et les femmes ingénieurs. Pendant longtemps, la société a considéré que ces métiers n’étaient pas pour elles. Mais fort heureusement, les choses se sont améliorées et les entreprises sont à la recherche de femmes scientifiques et de femmes ingénieurs.

Comment convaincre les jeunes de s’intéresser aux études d’ingénieurs?

«C’est un problème de longue date que nous n’allons pas régler du jour au lendemain, car nous ne pouvons pas rattraper le temps perdu pendant les 30-40 dernières années. Mais dès leur plus jeune âge, nous devons réapprendre aux enfants à construire des choses qui auparavant étaient encore construites à la maison. C’est pour cela que nous avons lancé des ateliers du savoir où l’on encourage les enfants à faire preuve d’une mentalité «do it yourself». C’est-à-dire que l’on apprend aux enfants de 8 à 12 ans à construire des sonnettes, de petits moulins à vent, de petites éoliennes, etc. Le but est de les convaincre qu’il est intéressant de savoir utiliser l’ingénierie pour trouver une solution à un problème. Nous prenons des initiatives pour aller dans les écoles et les maisons relais afin de montrer que ce métier peut apporter beaucoup de satisfaction. L’idéal serait évidemment que l’éducation nationale formalise ce type d’initiative, car en principe l’école a l’ambition et la prétention de former à la vie. On peut aussi se féliciter d’avoir, au Luxembourg, un lieu comme le Science Center, à Differdange, qui permet aussi de faire découvrir les possibilités qu’offrent la science et l’ingénierie.


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Il faut également convaincre les parents. La base de l’ingénieur se trouve dans les mathématiques, une matière qui n’est pas toujours simple. Mais au final, exercer le métier d’ingénieur ou de scientifique est passionnant, attractif, et quand même bien rémunéré, et permet aussi de s’expatrier dans la mesure où, partout dans le monde, on recherche des ingénieurs.

Après 125 ans d’existence, que peut-on souhaiter à l’association pour les 125 prochaines années?

«Réussir à convaincre les jeunes à entamer des études d’ingénieur ou de scientifique. Ils vont développer les technologies de demain et ils vont former une chaîne avec les ouvriers hautement qualifiés, et les artisans seront indispensables à la construction de la société. Mais pour cela, il faut travailler sur des initiatives afin de pousser les jeunes à découvrir cette voie professionnelle.»