Ce panier de la ménagère concocté par Paperjam a connu une inflation moyenne de 9% en l’espace de huit mois. D’un pays et d’une grande surface à l’autre, des variations très marquées apparaissent. (Photo: Catherine Kurzawa/Maison Moderne)

Ce panier de la ménagère concocté par Paperjam a connu une inflation moyenne de 9% en l’espace de huit mois. D’un pays et d’une grande surface à l’autre, des variations très marquées apparaissent. (Photo: Catherine Kurzawa/Maison Moderne)

Belgique, France et Luxembourg connaissent une hausse des prix. À produits comparables, les achats frontaliers ne sont pas logés à la même enseigne. Sans même parler de shrinkflation, cette pratique qui consiste pour la grande distribution à diminuer la quantité pour masquer l’inflation.

Où est-il le plus avantageux de remplir son caddie? Paperjam a déjà répondu à cette épineuse question réalisé dans la zone des trois frontières le 20 septembre 2022. À l’époque, l’addition était 21% plus avantageuse à l’Auchan de Mont-Saint-Martin qu’au Cora de Messancy.

Huit mois plus tard, le 19 mai 2023, nous avons ressorti ce panier de la ménagère qui, certes, peut donner des sueurs froides aux nutritionnistes, mais qui a le mérite de comparer des produits de marques identiques distribués dans chacun des trois pays.

La France particulièrement exposée à la shrinkflation

Premier enseignement, personne n’échappe à l’inflation puisqu’en huit mois, le prix de cet assortiment de 50 produits a augmenté. La fourchette varie de 7% côté belge à 11% côté français. Le Luxembourg – qui pourtant affichait en mars – accuse une hausse tarifaire de 10% selon notre relevé.

Deuxième leçon: la France reste le pays où les courses sont les moins onéreuses. En septembre, le ticket de caisse affichait 287,96 euros à la sortie de l’Auchan Mont-Saint-Martin. Huit mois plus tard, la douloureuse s’élève à 320,03 euros à quantités égales.

Précision importante, les packagings ont fortement évolué ces derniers mois, en particulier dans l’Hexagone où 17 références ont changé de volume de conditionnement sur un échantillon de 50. En clair, plus d’un produit sur trois a changé de format de vente. Ce phénomène porte un nom, c’est la shrinkflation: une rencontre de la contraction et de l’inflation qui peut brouiller pas mal de pistes pour les consommateurs. Fort heureusement, ceux-ci peuvent toujours se référer au prix au kilo ou au litre pour tenter d’y voir plus clair.

Si la manœuvre peut permettre aux industriels de limiter les hausses des prix affichés dans les rayons, elle peut aussi peser sur leurs volumes de ventes écoulés. Voilà pourquoi certains produits se déclinent tantôt en packaging plus petit, mais d’autres en plus grand. Au final, c’est au consommateur que revient le choix du format, en fonction de ses habitudes et surtout de son rythme d’utilisation du produit en question. Sur l’emblématique bouteille de Coca-Cola par exemple, la Belgique et le Luxembourg sont restés au format de 1,5 litre tandis qu’en France, le géant américain des boissons sucrées décline son breuvage en deux formats: 1,25 litre et 1,75 litre. À vos calculettes.

Herta domine le podium inflationniste

En moyenne, les prix ont augmenté de 9% sur notre panier de 50 produits achetés aux trois frontières. Évidemment, des écarts sont notables d’un magasin à l’autre. Mais la variation la plus forte s’exprime pour le paquet de Knacki Herta Original: son prix a décollé de 42% en moyenne dans les trois grandes surfaces. Si au Cactus de Bascharage elle s’est limitée à 6%, elle affiche 61% au Cora de Messancy et 60% à l’Auchan de Mont-Saint-Martin.

La deuxième hausse notable revient aussi à un produit Herta, le jambon cuit sans nitrite 6 tranches (+36%). Vient enfin le velouté de potiron Liebig, dont le prix a bondi en moyenne de 32%.

Deux références s’affichent moins chères qu’en septembre: les préservatifs Durex en boîte de 10 (-31%) et les céréales Special K de Kellogg’s. Les prix de ces derniers ont en moyenne diminué de 14%. Attention toutefois: cette conclusion s’est faite sur base d’une règle de trois car aucun des trois magasins ne proposait ce produit dans le format de référence de notre relevé en septembre (550 grammes).

La Belgique globalement peu attractive

Enfin, chaque pays conserve son attractivité tarifaire. Sans surprise, la France tire son épingle du jeu sur les produits laitiers et l’eau. Celle-ci s’avère 46% plus avantageuse qu’en Belgique. Le Luxembourg se démarque sur les boissons alcoolisées à l’exception du Passoa, du JB et de la Battin plus avantageux côté français. Et la Belgique reste globalement peu attractive, à l’exception des produits Ferrero et Lotus, qui comptent des manufactures sur son territoire.

Soulignons que ce relevé a exclu les promotions. Précision importante au niveau des boissons: Cora Messancy joue la carte des promotions à l’achat de grandes quantités, par exemple 2 packs de Vittel achetés donnent droit à deux autres offerts au moment de notre passage, le 19 mai.

En avril 2023, le taux d’inflation annuelle en zone euro a atteint 7% selon Eurostat. Pays par pays, le Luxembourg se distingue avec une hausse des prix de 2,7%, contre 3,3% en Belgique et 6,9% en France.