Des économistes analysent l’impact des mesures pour lutter contre l’inflation, et ce, malgré l’important degré d’incertitude sur les hausses de prix. (Photos: Shuttertock/Archives Maison Moderne. Montage: Maison Moderne)

Des économistes analysent l’impact des mesures pour lutter contre l’inflation, et ce, malgré l’important degré d’incertitude sur les hausses de prix. (Photos: Shuttertock/Archives Maison Moderne. Montage: Maison Moderne)

Malgré les mesures pour contrer l’inflation, les prix continuent de grimper au Luxembourg. Comment rendre des actions locales efficaces alors que le pays dépend des marchés internationaux? Paperjam a interrogé plusieurs experts. Selon eux, mieux vaut qu’elles soient ciblées ou rapidement mises en œuvre.

ont, certes, permis de freiner la hausse des prix. Mais pas autant qu’espéré. Telle est la , qui table sur un taux d’inflation de 6,4% en 2022 et de 3,4% en 2023. . Moins bien que les

En cause, «les prix des carburants et du mazout qui ont connu des hausses inattendues en octobre et une dépréciation supposée plus persistante de l’euro vis-à-vis du dollar».

Se pose alors la question de l’efficacité de mesures locales, quand on dépend de marchés et d’événements internationaux.

Des mesures ciblées pour les ménages les moins aisés

«Dans un environnement volatile, il est difficile de prévoir quoi que ce soit», admet Muriel Bouchet, économiste à la Fondation Idea. Il faut donc «examiner la situation de façon fréquente et agir en conséquence. Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire.» Il juge cohérentes les mesures comme le «bouclier tarifaire» face aux prix de l’énergie ou les aides aux ménages ayant les plus faibles revenus comme «l’allocation de vie chère, la prime énergie, le crédit d’impôt». Alors qu’il estime moins efficaces «les rabais sur les énergies fossiles».


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On a d’ailleurs pu constater que la , issue de la avait vite été rattrapée par l’explosion des prix. Pour un réel effet, il faut «réduire fortement comme en France ()», analyse-t-il. «Mais ce n’est ni idéal (écologiquement, ndlr), ni différencié socialement.»

La baisse de la TVA, relativement moins efficace

Lors de la tripartite de septembre, le Statec a justement quantifié l’impact de chaque mesure. «La plus forte est la limitation à 15% de la hausse du prix du gaz, sans laquelle elle aurait pu aller jusqu’à 170%», révèle Tom Haas, chef de l’unité de modélisation et de prévisions à l’institut de statistiques. Son effet est estimé à «deux points de pourcentage». Celui du plafonnement des prix de l’électricité, à un point.

Les bonnes mesures sont celles qui arrivent tôt.
Tom Haas

Tom Haaschef de l’unité de modélisation et de prévisionsStatec

À l’inverse, celui de la baisse de la TVA au 1er janvier ne vaut que 0,3 point. «Nous avons fait l’hypothèse qu’elle ne serait reportée qu’à 50% sur tous les produits, sauf pour les prix de l’énergie, couverts par des mesures spécifiques (prix maxima, etc.)», justifie l’économiste. «Il est possible que des entreprises décident de ne pas la répercuter sur le prix final, pour réaugmenter leurs marges». Pour lui, «les bonnes mesures sont celles qui arrivent tôt». Pour deux raisons: baisser au plus vite l’inflation, mais aussi «avoir un impact sur le déclenchement des tranches indiciaires, car il est calculé sur une moyenne semestrielle de l’inflation. Il y a donc ce retard de six mois à prendre en compte».

Un coût pris en charge par l’État avec le plafonnement des hausses de prix

Au sujet des mesures vite contrebalancées par la hausse des prix, comme la ristourne à la pompe, «il y a toujours un impact par rapport à une situation sans mesure», relativise-t-il. Ce genre de situation ne risque en tout cas pas d’arriver avec le plafonnement de la hausse du prix du gaz puisque dans ce cas, «si les prix explosent plus qu’anticipé, c’est pour l’État que le coût augmente». D’où un impact plus important pour les ménages.

Pour réaliser ses prévisions d’inflation, le Statec se base sur «les prédictions des instituts d’intelligence économique et des marchés de l’énergie, où on peut acheter de l’électricité livrée en 2023 et en déduire des prix», illustre-t-il. Le Statec fait ensuite «le lien avec nos prix à la consommation». Hors énergie, «il y a les interactions économiques traditionnelles. Depuis la fin des restrictions Covid, nous avons une forte hausse de la demande». Face à une offre qui ne suit pas, «cela s’exprime par une hausse des prix».

Un travail qui a «beaucoup changé ces 12 derniers mois», admet-il. Avec une marge d’incertitude bien plus grande.