Chez ArcelorMittal, les équipes pratiquent le télétravail par roulement pour éviter toute contamination. (Photo: Matic Zorman/Paperjam)

Chez ArcelorMittal, les équipes pratiquent le télétravail par roulement pour éviter toute contamination. (Photo: Matic Zorman/Paperjam)

Sans certitude pour l’avenir, l’industrie prétend tenir le coup malgré le coronavirus. Les entreprises font tout pour protéger leurs salariés, mais se retrouvent, pour certaines, obligées d’arrêter temporairement leur activité.

Précision à nos lecteurs: une version initiale de cet article était préparée quelques heures avant sa diffusion. Quelques minutes après sa mise en ligne, nous apprenions que , signe de l’adaptation rapide dont doivent faire preuve les acteurs économiques face au coronavirus.

Goodyear a décidé de stopper sa production européenne pour répondre à la baisse soudaine du marché. L’usine de Colmar-Berg du fabricant de pneus se retrouve donc fermée, alors qu’elle prétendait il y a deux jours tourner presque à 100%, même si elle n’excluait pas une baisse de la demande à venir. Elle assurait aussi ne pas connaître de problèmes de livraison et avoir des plans de secours pour se fournir ailleurs si besoin.

Reprise pour Cargolux

Peu d’inquiétude chez Cargolux (1.570 salariés) à Luxembourg. «Alors que , l’industrie du fret aérien commence à montrer des signes de reprise, et la demande augmente», se réjouit la compagnie aérienne de cargo. «Des restrictions s’appliquent à l’ensemble du réseau en raison des restrictions des divers gouvernements. La situation reste extrêmement dynamique à ce stade, mais nous la suivons de près et adaptons nos opérations en fonction de son évolution», prévient-elle tout de même. L’entreprise a introduit un roulement de télétravail pour ses salariés afin d’éviter une propagation du virus en interne.

Télétravail par roulement

Du côté d’ArcelorMittal (3.810 salariés), il est encore trop tôt pour évaluer l’impact du Covid-19 sur l’activité. L’entreprise sidérurgique basée à Luxembourg a elle aussi mis en place le télétravail par roulement des salariés au sein d’une même équipe, «afin d’avoir toujours des ressources disponibles en cas de propagation du virus, dans le domaine IT, par exemple». «Nous mettons aussi en place des mix de salariés d’équipes différentes pour éviter qu’une équipe entière ne soit touchée», détaille-t-elle.

Le groupe sidérurgique a suspendu les déplacements professionnels dans les zones à risque «dès les premiers cas identifiés». Il privilégie les réunions en téléconférence sur ses neuf implantations au Grand-Duché (bâtiments administratifs et industriels). Enfin, il informe ses salariés sur l’évolution de la situation et les mesures d’hygiène via «des campagnes d’e-mailing, le site intranet, le réseau interne d’écrans TV sur les sites qui en sont équipés et l’affichage de posters dans les lieux de passage». Des prospectus ont également été mis à disposition du personnel et des visiteurs (notamment les chauffeurs de camion) sur les sites industriels luxembourgeois.

La Fedil compte sur l’aide du gouvernement 

«Nous accompagnons nos entreprises dans cette phase difficile», commente Marc Kieffer, secrétaire général de la Fedil, Fédération des industriels luxembourgeois. «Pour tout le volet plan de continuité, nous avons un échange de bonnes pratiques entre les entreprises. Nous donnons accès aux entreprises à toutes les informations nécessaires pour la gestion de cette crise: congés familiaux, chômage partiel…», liste-t-il. À cet effet, la Fédération souhaite aménager une page web qui contiendra tous les documents importants.

Interlocutrice directe du gouvernement, elle l’informe des impacts du coronavirus sur l’activité des entreprises. «Nous n’avons pas encore de données chiffrées, nous sommes en train de les récolter», affirme Marc Kieffer. «Il y a des sociétés qui s’approvisionnent en Italie, en Chine. Il y a un risque. En général, elles ont très peu de stock. Cela ne fait pas sens, car les pièces produites dans l’industrie sont souvent spécifiques.» Il attend la mise en pratique des mesures annoncées par le gouvernement.

Par exemple, la possibilité de retarder le paiement des impôts pour garder des liquidités, dont il se satisfait. La Fédération ajoute qu’elle sensibilise les décideurs politiques sur l’importance des flux de marchandises et de certaines catégories de travailleurs transfrontaliers. «Nous voulons promouvoir le prêt temporaire de main-d’œuvre et monter une plate-forme de mise en relation entre offreurs et demandeurs lorsque des pénuries de main-d’œuvre disponible nous seront signalées par les secteurs qui maintiennent leurs activités», termine-t-elle.