Le secteur financier est une cheville ouvrière de l’économie luxembourgeoise. Il est donc essentiel qu’il réussisse sa transition digitale. C’est pour l’aider à y parvenir et pour faire du Luxembourg un centre fintech de référence que la LHoFT a été créée. Pour le CEO de cette structure, Nasir Zubairi, le bilan du pays par rapport au développement d’un écosystème fintech performant est très positif.

La nécessité de digitaliser l’ensemble des secteurs de nos économies n’est pas un slogan sans substance. Elle répond à la transformation profonde de nos habitudes, qui n’épargne pas non plus le monde de la banque et de la gestion de fortune, un domaine essentiel pour l’économie luxembourgeoise.

«Mes enfants ne feront pas des investissements financiers de la même façon que ce que je fais aujourd’hui, c’est certain, explique Nasir Zubairi, CEO de la LHoFT (Luxembourg House of Financial Technology). Si les institutions financières traditionnelles ne s’adaptent pas, elles seront dépassées par d’autres acteurs. Le ‘Libra’ présenté dernièrement par Facebook est un exemple d’initiative qui doit inciter ces grands acteurs à agir, car c’est un projet de très grande envergure, soutenu par des organisations majeures comme MasterCard ou Paypal.»

Il s’agit aussi de réduire les coûts engendrés par les vagues de réglementation qui se sont abattues sur le secteur.
Nasir Zubairi

Nasir ZubairiCEOLHoFT

Faire face à la pression sur les coûts

Pour les institutions financières traditionnelles, le défi est certes de parvenir à transformer radicalement leur manière de fonctionner en offrant aux clients la fluidité qu’ils trouvent dans la plupart des services qu’ils utilisent aujourd’hui. Mais il s’agit aussi de réduire les coûts engendrés par les vagues de réglementation qui se sont abattues sur le secteur. Ces deux facteurs ont contribué à l’explosion du nombre de fintech créées au Luxembourg, qui est le deuxième centre de fonds d'investissement au monde après les États-Unis.

Les fintech, ces start-up qui conçoivent des solutions digitales à destination du secteur financier, ont des champs d’application très divers. Toutefois, il est clair que celles qui s’attachent à faciliter la mise en œuvre des nouvelles réglementations – les ‘regtech’ – connaissent un succès grandissant. «Il s’agit d’un domaine très important pour les acteurs financiers», confirme Nasir Zubairi.

Le Luxembourg assez bon élève

Pour répondre à ces différents défis et permettre à l’industrie financière de continuer à occuper une place centrale dans son économie, le Luxembourg a pris les devants en créant il y a plus de deux ans la LHoFT. Véritable catalyseur du secteur des fintech, cette structure accueille des start-up du monde entier et bénéficie de partenariats avec des organisations prestigieuses.

Nous avons réalisé des avancées importantes et nous offrons de plus en plus de solutions digitales efficaces à l’industrie financière.
Nasir Zubairi

Nasir ZubairiCEOLHoFT

«Il est assez étrange de commenter soi-même un travail que l’on a mené personnellement mais, en écoutant les retours du secteur, je pense que nous sommes sur la bonne voie», juge Nasir Zubairi. «Nous avons réalisé des avancées importantes et nous offrons de plus en plus de solutions digitales efficaces à l’industrie financière.» Le Luxembourg a également su tirer profit du Brexit qui, selon le CEO de la LHoFT, «a été bénéfique pour tous les centres financiers comme le nôtre».

Nasir Zubairi pointe notamment la qualité du régulateur du secteur financier luxembourgeois pour expliquer l’arrivée de nombreuses sociétés au Luxembourg. «On a tendance, dans le secteur financier, à voir la réglementation comme une contrainte, explique-t-il. Mais quand l’encadrement proposé est de bonne qualité, cela peut être intéressant pour les sociétés actives dans ce milieu. Ainsi, de nombreuses entreprises qui viennent de l’étranger sont positivement surprises par l’attitude de la CSSF, qui est beaucoup dans le conseil, l’accompagnement. La relation avec le régulateur est beaucoup plus proche qu’ailleurs et je crois que cela contribue à renforcer l’attractivité du Luxembourg.»

Les nouvelles technologies permettent de résoudre la plupart des problèmes que rencontrent aujourd’hui les institutions financières.
Nasir Zubairi

Nasir ZubairiCEOLHoFT

À en croire le CEO de la LHoFT, il faudra toutefois continuer à travailler pour suivre le rythme de la transformation digitale, qui a tendance à s’accélérer. Le principal défi restera de convaincre les organisations traditionnelles de moderniser rapidement leurs pratiques. «Je comprends que ce genre de changement prenne du temps. Il y a encore parfois un manque d’éducation et d’inspiration par rapport au digital dans ce milieu.»

«Pourtant, les nouvelles technologies permettent de résoudre la plupart des problèmes que rencontrent aujourd’hui les institutions financières. Il faut que ces acteurs le comprennent et mettent en place les stratégies nécessaires sous peine d’être rapidement dépassés. L’histoire regorge d’exemples de sociétés qui pensaient avoir le contrôle de la situation et qui se sont retrouvées tellement larguées qu’elles ont finalement disparu…» Une entreprise avertie en vaut deux…