En rachetant l’un des trois sites d’Emsil en Roumanie, Industeam constitue sa base de production en Europe de l’Est. (Photos: Romain Gamba/Maison Moderne)

En rachetant l’un des trois sites d’Emsil en Roumanie, Industeam constitue sa base de production en Europe de l’Est. (Photos: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’équipementier industriel luxembourgeois Industeam vient de signer un contrat avec l’entreprise Emsil en Roumanie, pour y baser sa production. Jusqu’ici, elle était réalisée par des sous-traitants. Voilà la création d’une nouvelle filiale pour l’entreprise qui n’a cessé de se diversifier en 15 ans.

Depuis quelques mois, Thierry Franceschetti prépare le dossier depuis ses bureaux à Bettembourg. Quelques allers-retours sur place auront été nécessaires. Avant la signature du contrat, le 7 août, de création d’une filiale de sa société Industeam en Roumanie. Effectif à partir du 1er septembre.

L’ensemblier industriel luxembourgeois né en 2006 comptait jusqu’ici 17 implantations «de Calais à Mulhouse» en France, en passant par le Grand-Duché, et employait 700 salariés. La majeure partie de son activité consiste à construire ou transférer des équipements industriels d’un pays à l’autre. Entre 40% et 45% vient de la maintenance. Au niveau de la fabrication, le groupe a toujours compté sur des contrats de sous-traitance. Il les complétera désormais avec sa propre production d’équipements industriels via Industeam East Europe en Roumanie.

Une base à Aiud

Le groupe avait commencé à travailler avec ce pays il y a une dizaine d’années. «Nous avons fait quelques grosses opérations de transfert. Et nous avons vu que la main-d’œuvre correspondait à nos besoins», raconte l’administrateur délégué. Alors, quand plusieurs de ses sous-traitants liés à l’automobile se sont mis à disparaître, à cause des mutations du secteur et de la crise du Covid-19, «nous avons réfléchi à intégrer la production plutôt que de la sous-traiter. Pour maîtriser et sécuriser notre offre.»

Industeam a donc analysé le marché roumain et repéré la société Emsil, spécialisée dans la fabrication de machines-outils et de turbines. Les relations commencent avec de la sous-traitance. Menant, un an et demi plus tard, à ce fameux contrat. «Nous prenons une participation minoritaire dans un groupe de 300 personnes, avec un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros par an», détaille Thierry Franceschetti. Et l’un des trois sites d’Emsil, basé à Aiud et où travaillent 50 personnes, devient Industeam East Europe, dans lequel Emsil ne garde qu’une participation minoritaire.

«Par exemple, nous venons de signer un contrat sur trois ans pour l’extension d’une usine au Mexique. Les équipements seront fabriqués dans cet atelier», illustre Thierry Franceschetti. Les parts de chacun, tout comme le montant de la transaction, restent confidentielles.

La limite des 30%

Il ne s’agit pas du premier rachat d’Industeam. L’équipementier avait déjà intégré DSD Luxembourg et Imecolux à son portefeuille fin 2020. En plus d’une des filiales françaises du belge Pirson, Secométal. Pour les deux basées au Luxembourg, cela représente un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros et 80 nouveaux salariés. «Ils étaient nos concurrents et travaillaient dans des domaines d’activité, notamment la cimenterie, dans lesquels nous n’étions pas.»

La diversification étant «la force du groupe». D’abord spécialisé dans la sidérurgie – sa première importante opération fut le transfert du laminoir de Dudelange à Genk, en Belgique –, il s’est ensuite développé dans l’agroalimentaire, le ferroviaire… «Nous nous interdisons d’avoir plus de 30% de commande chez un même client. Nous ne voulons pas dépendre d’un seul secteur d’activité.»

Depuis trois ans, il se tourne vers l’énergie verte. «Nous sommes occupés à  transformer des usines thermiques qui fonctionnaient au charbon en utilisant des pellets», développe-t-il. «Nous travaillons sur des projets de biomasse, sur des barrages, dans l’énergie hydraulique. Nous voulons aussi offrir nos services pour la construction d’usines à hydrogène.» Tout cela représente déjà 30% de l’activité. «Tous les ans, nous réfléchissons à ajouter davantage de stabilité à notre modèle économique», résume Thierry Franceschetti. Sans dire quelle sera la prochaine corde à son arc. Pour 2021, il prévoit un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros. En 2019, il s’élevait à 75 millions d’euros, pour chuter de 20% en 2020. L’objectif: atteindre les 100 millions avant 2022.