Alors que les partenaires sociaux vont rencontrer jeudi 25 août le gouvernement de manière bilatérale, l’UEL n’envisage pas une remise en cause du report de la prochaine indexation, tandis que l’OGBL considère un tel report comme une «ligne rouge» à ne pas franchir. (Photo: Luc Deflorenne/SIP/Archives)

Alors que les partenaires sociaux vont rencontrer jeudi 25 août le gouvernement de manière bilatérale, l’UEL n’envisage pas une remise en cause du report de la prochaine indexation, tandis que l’OGBL considère un tel report comme une «ligne rouge» à ne pas franchir. (Photo: Luc Deflorenne/SIP/Archives)

Des rencontres bilatérales entre gouvernement et partenaires sociaux ont lieu ce jeudi, en vue d’une nouvelle tripartite sur l’indexation. Les positions des uns et des autres semblent pour le moment très éloignées, l’OGBL rejetant tout report de l’index, quand l’UEL s’inquiète de la «démesure» du coût de la compensation.

En préparation d’une , des rencontres bilatérales entre les partenaires sociaux et le gouvernement se tiennent ce jeudi matin. S’il ne s’agit pour le moment que d’échanger et de présenter les différents points de vue, les positions de départ de chacun semblent d’ores et déjà très éloignées les unes des autres.

Différentes questions se posent depuis que le Statec qu’une prochaine tranche indiciaire serait franchie dès le quatrième trimestre 2022: faut-il à nouveau reporter une indexation, après le report de celle de juillet? Si oui, faut-il la compenser? Et dans quelle mesure? C’est ce que devra trancher la nouvelle tripartite.

Pour rappel, –  – prévoyait qu’il ne pouvait pas y avoir plus d’une indexation déclenchée sur 12 mois. Mais la loi transposant l’accord, adoptée en juin, ne prévoyait finalement , laissant planer une ambiguïté quant aux suivantes.

Le ministère des Finances avait toutefois assuré en juin que le principe de l’accord d’une seule indexation sur 12 mois était maintenu. À la veille d’une nouvelle tripartite, les négociations à venir ne semblent pas pour autant pouvoir faire l’économie d’un débat sur la légitimité d’un nouveau report.

L’OGBL sans concession

De fait, l’OGBL s’y opposera à nouveau, comme il s’y était opposé en mars. «Le report de l’indexation est une mauvaise piste, cela reste notre ligne rouge», déclare ainsi la présidente de l’OGBL, .

Avec une guerre en Ukraine qui est loin d’être finie et une inflation qui continue d’augmenter, d’autres tranches indiciaires seront franchies, analyse Nora Back. Et le problème reste : comment payer l’intégralité des indexations reportées au 1er avril 2024, comme le prévoit par défaut l’accord actuel? «Ce n’est pas réaliste», insiste Nora Back. «Si nous continuons à reporter, le risque est que des tranches soient supprimées et l’OGBL ne peut pas signer pour cela.»

De son côté, la CGFP a indiqué à Paperjam ne pas vouloir s’exprimer avant les réunions bilatérales. Mais début août, alors que le Statec venait d’annoncer dans ses prévisions le franchissement d’une tranche indiciaire au 4e trimestre 2022, le président de la CGFP, , avait déclaré à Paperjam : «Nous devons remettre les choses à plat et repartir sur de nouvelles négociations», expliquait-il alors. «Il est assez clair pour nous que l’indexation des salaires doit de nouveau fonctionner comme avant. Un nouveau report de l’index ne semble pas être une option.»

Le LCGB prudent

Le LCGB se fixe comme priorité le maintien du pouvoir d’achat et la sauvegarde de l’emploi, sans vouloir se positionner pour le moment sur la question du report de la prochaine indexation. L’accord signé en mars est «un bon accord» et son contenu reste en vigueur, assure le président du LCGB, . Qui admet par ailleurs qu’il reste toujours possible de «trouver un meilleur accord qui remplace l’ancien». Patrick Dury prévient en outre: «Pour le LCGB, le principe de l’indexation n’est pas à disposition. Le patronat a toujours de nouvelles idées pour tenter d’abolir ce système, mais cela ne se fera pas avec nous.»

Un état des lieux précis et une analyse détaillée de la situation seront en tout cas nécessaires pour élaborer des solutions, alors que le contexte s’est dégradé depuis mars, selon le président du LCGB. Ce que réclame aussi Nora Back: «Nous espérons que la tripartite sera mieux préparée, avec une meilleure analyse des secteurs économiques en difficulté pour cibler plus précisément les aides» et éviter une «politique de l’arrosoir» qui vient en soutien de toutes les entreprises, même celles qui ne sont pas en difficulté.

Le report n’est pas en question, selon l’UEL

De l’autre côté du spectre politique, l’UEL n’envisage pas que le report de l’indexation soit remis en cause. «L’indexation n’est pas la bonne solution», estime le président de l’UEL, . «Il ne faut pas confier aux entreprises la charge de remédier aux problèmes des ménages.»

D’ailleurs, l’accord en vigueur est «très clair» sur ce point, selon lui: «Il y a eu une indexation en avril 2022, puis le report de celle de juillet en avril 2023. La prochaine ne peut avoir lieu que douze mois après au plus tôt.» L’indexation de fin d’année devra donc être reportée à avril 2024.

Réunir les cinq protagonistes

Selon le président de l’UEL, les négociations devraient davantage porter sur les mécanismes de compensation. Alors qu’un risque de récession existe pour 2023, Michel Reckinger estime que «la compensation coûte très cher. Or, si nous voulons conserver notre triple A, il faut prendre garde à la démesure et à ne pas trop charger le ministère des Finances.»

La discussion devra donc tourner autour de cette question, selon le président de l’UEL: «Doit-on compenser et payer, ou trouver un autre moyen?», s’interroge-t-il.

Le gouvernement aura donc fort à faire pour élaborer une feuille de route qui parvienne à réunir tous les protagonistes. L’accord tripartite de mars dernier avait été entaché par l’absence de l’OGBL. «Nous sommes quatre sur cinq, j’aurais préféré cinq sur cinq», avait alors regretté le Premier ministre, (DP). Reste à espérer que ce nombre ne diminue pas dans les prochains mois.