Andrés Israel avait désigné le Luxembourg à longueur d’articles de Bloomberg l’an dernier. L’Uruguayen a vraiment ouvert une antenne de sa Global Cannabis Holding (GCH) au Luxembourg pour lancer, fin juillet, la première opération au monde de tokénisation liée à des investissements dans le cannabis.
Pour cela, GC Capital a séparé ses actions en deux catégories, dont une est tokénisée par la fintech luxembourgeoise Stokr en vue de lever 1,75 million de dollars auprès d’investisseurs avisés, mais pas seulement professionnels au sens stricto sensu. Les titres numériques à 350 dollars sont considérés comme des securities et tombent sous le coup de MiFiD.
«1,75 million de dollars, ce n’est pas forcément spectaculaire», a dernièrement reconnu un des quatre cofondateurs et managing partners de GCH, David Luftglass, au cours d’un entretien avec un des cofondateurs de Stokr Arnab Naskar. «Mais il faut bien comprendre notre business model. Tout a démarré très tôt pour nous, en 2013 en Uruguay, un des pays très en avance sur le sujet. Nous étions des avocats et nous avons aidé un certain nombre d’acteurs à mettre leur société en conformité avec la loi. Parfois, nous n’étions pas payés en cash, mais en equity. C’est d’ailleurs quelque chose que nous continuons à faire. Mais cette levée de fonds nous permettra d’entrer dans 10 à 20 nouvelles entreprises dans le courant de l’année.»
Une fois que le monde aura compris qu’il existe cette nouvelle possibilité de trouver des financements, de manière robuste, sûre et conforme à la législation européenne, GCH ne demande pas mieux qu’à continuer son développement, elle qui a déjà levé 1,2 million de dollars jusqu’ici. . L’offre se termine mi-septembre.
La distribution en Europe commence à intéresser GHC
L’autre parti pris de GCH est de ne pas se concentrer sur une partie de cet écosystème très fragmenté, mais d’ajouter des pièces complémentaires pour tenter d’avoir au final un écosystème qui fasse du sens. «Nous voulons que chaque nouvelle société dans laquelle nous investissons amène de la valeur au portefeuille. Notre première démarche est de vérifier la solidité financière de l’entreprise, d’effectuer une dilligence classique et de vérifier que l’équipe comprend des leaders expérimentés qui s’alignent avec notre façon de voir les choses», ajoute le représentant de la holding canadienne, qui dit s’intéresser de près à la distribution au Portugal, en Allemagne et en Australie.
Depuis qu’Andrés Israël a donné un aperçu de son projet, son équipe a dû passer près de 200 entreprises liées au cannabis à la moulinette de la rigueur juridique et financière, pour n’en conserver que 38, majoritairement américaines. «Si les Européens ont des projets à nous soumettre, qu’ils n’hésitent pas!», lance-t-il joueur.
«Pour nous, le Luxembourg est une place unique! De confiance et stable. Compréhensive avec le business. C’est un peu long quand il s’agit de se conformer au KYC etc., mais ensuite tout s’accélère!», analyse David Luftglass, qui renvoie la question. «Et vous, que connaissez-vous de l’Uruguay? C’est le pays le plus stable de la région, le plus éduqué aussi depuis que le gouvernement a décidé en 2007 d’offrir ordinateurs et connexions à internet à tous les enfants. Ça a crée un incroyable sens de l’entrepreneuriat et un nombre d’ingénieurs largement supérieur à la moyenne. Sans compter qu’il est un des pays les plus avancés en termes d’énergies renouvelables!»
Après les ETF et les actions de certaines sociétés, cette tokénisation ajoute un nouveau mode de financement d’un business en plein développement, qui avait atteint 25 milliards de dollars en 2021 et devrait atteindre jusqu’à 70 milliards de dollars en 2028. Si le Canada était un précurseur dans ce domaine, la réticence des banques canadiennes à prêter de l’argent en vue d’investir dans des sociétés étrangères a obligé différents acteurs à chercher d’autres solutions.