8% des terres cultivables pourraient devenir inadaptées d’ici à la fin du siècle, selon le Giec. (Photo: Shutterstock)

8% des terres cultivables pourraient devenir inadaptées d’ici à la fin du siècle, selon le Giec. (Photo: Shutterstock)

Le Giec vient d’apporter une mise à jour dans notre connaissance des effets du changement climatique. Le résultat, sans appel pour les personnes, met également les entreprises au défi d’adapter leurs modèles d’affaires et leurs chaînes de valeur.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) des Nations unies la deuxième partie de son sixième rapport d’évaluation sur le climat. Après s’être d’abord penchés sur les aspects physiques et chimiques des changements produits dans l’atmosphère, les experts ont maintenant communiqué leurs conclusions sur les effets de ces changements. Chaque rapport prend en moyenne entre sept et dix années pour être réalisé et comporte trois parties.

À la lecture des conclusions, Nicolette Bartlett, chief impact officer chez CDP, une ONG qui gère une base de données de chiffres sur l’impact environnemental des sociétés d’investissement, des entreprises et des pays, se montre critique, se confiant à Paperjam: «La description brutale de l’escalade des impacts climatiques faite aujourd’hui devrait mettre la puce à l’oreille des gouvernements et des entreprises des économies à fortes émissions les plus responsables du changement climatique, dont le manque d’action à ce jour affecte de manière disproportionnée les plus vulnérables de la planète et rapproche le monde d’un point de non-retour.»

La description brutale de l’escalade des impacts climatiques faite aujourd’hui devrait mettre la puce à l’oreille des gouvernements et des entreprises des économies à fortes émissions les plus responsables du changement climatique, dont le manque d’action à ce jour affecte de manière disproportionnée les plus vulnérables de la planète et rapproche le monde d’un point de non-retour.
Nicolette Bartlett

Nicolette Bartlettchief impact officerCDP

Les conclusions sur les conséquences du changement climatique sont en effet sans appel. 3,5 milliards de personnes sont vulnérables au climat. La moitié de la population de la terre fait face à de sérieuses pénuries d’eau au moins une fois dans l’année. Un tiers de la population terrestre est également exposée à un stress thermique – un chiffre devant augmenter de 50 à 75% d’ici à 2100. Un demi-million de personnes sont également exposées chaque année au risque d’inondations graves. D’ici à la moitié du siècle, un milliard de personnes vivant sur les côtes seront concernées. C’est sans compter que l’augmentation des températures facilitera la transmission de maladies. Les experts alertent également sur le fait que 8% des terres agricoles deviendront inadaptées, même si le réchauffement de la terre se plafonne à 1,6 °C d’ici 2100 – nous sommes déjà à 1,1°C.

100 entreprises responsables de 71% des émissions

Au-delà de son impact sur les habitants de la Terre, l’économie se trouve aussi exposée au changement climatique. L’adaptation des entreprises passera notamment «par le biais de chaînes d’approvisionnement ou de modèles commerciaux résilients», interpelle Nicolette Bartlett, rappelant que «les efforts d’adaptation étant désormais la condition minimale de survie». En ce sens, «l’inaction est un risque commercial insensé qu’aucune entreprise ne peut se permettre». La publication d’informations ESG par les entreprises devant contribuer à cette résilience.

L’inaction est un risque commercial insensé qu’aucune entreprise ne peut se permettre.
Nicolette Bartlett

Nicolette Bartlettchief impact officerCDP

Les informations divulguées par les entreprises ont justement permis à CDP de conclure, en 2017, que 100 entreprises étaient responsables de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et, en 2021, que les sociétés cotées en bourse l’étaient pour 40%. «Le rapport du Giec publié aujourd’hui démontre une fois de plus les liens scientifiques clairs qui peuvent être établis entre les impacts et le changement climatique, avec des preuves croissantes de l’identité des moteurs du changement climatique», note Nicolette Bartlett, ajoutant: «Pour être véritablement efficaces, les plans de transition crédibles vers un avenir net zéro doivent inclure des mesures d’adaptation croissantes et suivies, parallèlement à des objectifs 2030 solides et fondés sur des données scientifiques.» Pour limiter les effets du changement climatique, les entreprises devraient alors réduire de moitié leurs émissions d’ici à 2030.

«L’adaptation deviendra plus difficile, voire impossible, si le réchauffement se poursuit au rythme actuel et que la planète franchit point de basculement après point de basculement et subit des impacts irréversibles», souligne la chief impact officer de CDP.

La troisième partie du présent rapport du Giec se penchera sur les manières de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle devrait être publiée en octobre, juste avant la tenue de la COP27, le mois suivant, en Égypte.