En plus de s’inquiéter de l’accroissement de la dette publique du Luxembourg, la Cour des comptes a également indiqué qu’une inaction climatique coûtera beaucoup plus cher au pays.  (Photo: Matic Zorman/Archives Maison Moderne)

En plus de s’inquiéter de l’accroissement de la dette publique du Luxembourg, la Cour des comptes a également indiqué qu’une inaction climatique coûtera beaucoup plus cher au pays.  (Photo: Matic Zorman/Archives Maison Moderne)

La Cour des comptes a rendu son avis sur le projet de loi concernant le budget de l’État 2022. Si la dette publique est à surveiller, l’inaction face au réchauffement climatique pourrait coûter extrêmement cher.

La Cour des comptes a analysé le projet de budget 2022 ainsi que la programmation financière pluriannuelle 2021-2025. Le tout est synthétisé dans un document épais de 156 pages. , dans son avis concernant le prochain budget de l’État, l’institution a souligné l’importance de tenir à l’œil la dette publique. Cette dernière a connu un accroissement important sous l’effet de la volonté du gouvernement soucieux de venir au secours des acteurs économiques du pays au plus fort de la crise sanitaire.

Une stratégie saluée par la Cour des comptes qui préconise «une surveillance étroite de l’évolution de la dette et sa réduction progressive si la conjoncture économique le permet». Le but étant de «préserver la liberté d’action du gouvernement en matière d’investissements et d’assurer la résilience du pays face à de nouvelles crises», a indiqué l’institution.

La Cour des comptes salue également l’engagement du gouvernement à s’inscrire dans la transition écologique. L’institution a en effet souligné que la crise climatique actuelle et à venir fait porter dès maintenant un «réel danger pour la pérennité de nos finances publiques. L’inaction face au réchauffement climatique aurait des conséquences dramatiques pour l’ensemble de l’économie et, de surcroît, pour nos finances publiques. En effet, les coûts liés à la crise climatique auxquels seront exposées les futures générations dépasseront de loin les dépenses qui devraient être effectuées aujourd’hui pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique», peut-on lire dans cet avis.

Les coûts du changement climatique

Sur plusieurs pages de son avis, la Cour des comptes s’est intéressée au coût des dernières catastrophes dans le monde et au Luxembourg. Ainsi, sur les cinq dernières années, l’État a dépensé 160 millions d’euros en aides publiques allouées aux catastrophes naturelles, et les compagnies d’assurances ont versé 362 millions d’euros en indemnisations suite aux catastrophes naturelles dans le pays. 

Des catastrophes naturelles qui ne cessent d’augmenter dans le monde depuis 30 ans et qui ont un coût non négligeable. À titre d’exemple, la Cour des comptes souligne dans son avis que les tempêtes, les inondations et les tremblements de terre ayant eu lieu entre 1998 et 2017 placent trois pays européens parmi les dix pays du monde les plus impactés d’un point de vue financier – à savoir l’Allemagne en sixième position (57,9 milliards de dollars), l’Italie à la septième (56,6 milliards de dollars) et la France à la dixième place (43,3 milliards de dollars).

Pour en revenir au Luxembourg, l’institution préconise également la création d’un fonds spécial dédié au financement des dommages occasionnés par les catastrophes naturelles. «La crise du climat engendrera des coûts supplémentaires pour l’État, qui pèseront de plus en plus lourd sur les finances publiques au cours des prochaines années. À cet égard, pour garantir une plus grande visibilité et un meilleur suivi de ces dépenses, il serait utile d’envisager la création d’un fonds spécial dédié au financement des dommages occasionnés par les catastrophes naturelles», indique la Cour des comptes.

Enfin, la Cour des comptes a également indiqué que dans un environnement économique particulièrement incertain, le rôle des banques centrales a été et continue à être primordial dans le cadre des mesures de soutien à l’économie. «Face à l’urgence climatique, les banques centrales pourraient jouer un rôle essentiel en catalysant la réorientation des flux financiers vers des investissements neutres en dioxyde de carbone (CO2) au détriment des combustibles fossiles», conclut-elle.