Après des années d’addiction aux politiques monétaires accommodantes (et fiscales pendant le Covid), il ne faut toutefois pas oublier que l’inflation baisse, car l’économie ralentit. De même, il faut garder à l’esprit que le véritable pivot, c’est quand la Fed coupe ses taux directeurs. Et cela n’est généralement pas de bon augure ni pour l’économie ni pour les actifs risqués.
Avec une hausse cumulée d’environ 500 points de base (quand la Fed aura atteint son taux terminal), il est facile d’envisager un point de rupture aux États-Unis. Le secteur immobilier ralentit depuis plusieurs mois, et le secteur manufacturier s’est contracté en novembre. Jusqu’à présent, le marché de l’emploi restait une preuve que l’économie américaine n’était pas entrée en récession, forçant la Fed à rester relativement agressive dans sa hausse des taux. Cela étant, même si la création d’emplois reste solide, le marché du travail montre quant à lui quelques signes de ralentissement: le taux de démissions (pour changer d’emploi) et les ouvertures d’emplois ont chuté en octobre, le ratio entre ouvertures d’emplois et chômage étant au plus bas depuis un an.
L’inflation dans le paysage
De l’autre côté du globe, la Chine rouvre plus vite que prévu à la suite de manifestations massives. Même si cette réouverture restera progressive, elle devrait permettre à l’Empire du Milieu de rebondir, au moins modérément, à condition que Pékin arrive à mitiger les risques venant du secteur immobilier. Cela devrait empêcher l’économie mondiale d’entrer en récession en 2023, même si elle pourrait flirter avec des niveaux récessionnistes durant la première partie de l’année avec une demande globale en berne du fait du resserrement monétaire.
Cette baisse de l’inflation ne sera pas linéaire et rapide – elle devrait rester à des niveaux supérieurs à ce que l’on a connu avant le Covid. On l’a vu ces derniers jours avec la sortie des chiffres sur les salaires américains toujours en forte croissance, et la bonne santé du secteur des services aux États-Unis. De plus, il est fort probable que les investissements guidés par le secteur public pour couvrir la relocalisation de la production et la transition écologique sur fond de risques géopolitiques persistants soient quelque peu inflationnistes. Ces investissements devraient malgré tout soutenir la croissance à long terme.
Prudence pour 2023
Et à plus court terme, comment appréhender les marchés en 2023? Avec prudence au moins dans un premier temps. Les investisseurs seront tentés de capitaliser autour de valorisations attractives, ce qui ne s’avérera fructueux que si et seulement si l’atterrissage se fait en douceur. Un mélange entre retour de l’inflation et/ou plus fort ralentissement économique serait une cause de volatilité, et cela reste un risque pour le moment.
Dans notre scénario central où la croissance continue de ralentir durant la première partie de l’année et où l’inflation baisse, nous favorisons les obligations de grande qualité, souveraines (américaines, européennes ou britanniques) et d’entreprise. Elles présentent également des niveaux d’entrée intéressants.
Nous restons légèrement sous-investis sur les actions du fait du ralentissement économique, tout en privilégiant, au sein de cette classe d’actifs, les actions à forts dividendes (avec la baisse des rendements obligataires) et à faible volatilité.