De l’importance d’interpréter correctement les fondamentaux. (Photo: Capital Group)

De l’importance d’interpréter correctement les fondamentaux. (Photo: Capital Group)

Les actions mondiales sont plus volatiles que les actifs obligataires, mais elles offrent en contrepartie une exposition déterminante à la croissance. Nos analystes identifient de nombreuses entreprises assorties d’un formidable potentiel de croissance sur les cinq à dix prochaines années. Martyn Hole, directeur d’investissement actions chez Capital Group, confirme ainsi qu’il faut investir au cas par cas, en se basant sur l’analyse fondamentale, plutôt que de suivre les indices.  

Quelle est votre mission?

Je suis basé à Londres et je fais partie de l’équipe européenne de spécialistes de l’investissement (sept pour les actions et deux pour les obligations). Notre rôle est d’être l’intermédiaire entre notre Investment Group et nos clients et consultants. Autant nous sommes appelés à débattre de différentes stratégies, autant chacun de nous a ses propres domaines de spécialisation. Je suis personnellement chargé des fonds ciblés sur les marchés américains et européens, et d’un fonds d’envergure mondiale. Les réunions sont toujours des moments riches d’enseignements: par exemple, nous avons rencontré dernièrement les dirigeants de plusieurs sociétés européennes de petites et moyennes capitalisations, ce qui nous a permis d’en savoir plus sur leur activité et de les voir interagir avec l’Investment Group, d’écouter les interrogations et d’échanger sur leurs perspectives.

En quoi la fonction de directeur d’investissement est-elle si importante au sein de Capital Group?

À la fin des années 1990, les gérants de portefeuille, que ce soit chez Capital Group ou dans le reste du secteur, étaient constamment en déplacement pour rencontrer les clients. Ils ne participaient pas aux réunions d’investissement ni aux rencontres avec les sociétés, et certains d’entre eux estimaient que leurs résultats s’en ressentaient. Chez Capital Group, nous tenons à ce que les professionnels de l’investissement consacrent leur temps à la gestion de portefeuille et qu’ils ne soient pas distraits par de trop nombreuses réunions avec les clients. Nous avons donc créé la fonction de directeur d’investissement pour savoir précisément ce qui se passe au sein de l’Investment Group, pourquoi nous possédons certains titres en portefeuille, pourquoi nous les achetons ou nous les vendons, le tout afin de diffuser ensuite clairement ces informations auprès des clients. Au travers de notre système multi-gérants The Capital SystemSM, les portefeuilles comptent entre trois et dix gérants; si chacun d’eux peut parler des sociétés qu’il possède et apprécie, j’ai – en tant que directeur d’investissement – une vision globale de l’ensemble du portefeuille. Les directeurs d’investissement assurent donc la liaison entre l’Investment Group et les clients.

Pourquoi les actions mondiales sont-elles importantes dans un portefeuille?

Les marchés actions internationaux sont importants car ils offrent à la fois une exposition à la croissance, à la stabilité du capital et au revenu. Ils se situent actuellement à un niveau assez intéressant, d’autant que leur rendement est supérieur à celui de la plupart des emprunts d’État. Bien que le marché ait globalement peu évolué ces derniers mois, la volatilité a fortement augmenté: le cours boursier d’une entreprise donnée peut, du jour au lendemain, gagner ou perdre 10%. Les actions sont plus volatiles que les obligations, mais leur présence dans un portefeuille est essentielle, car elles sont source de croissance et permettent de stimuler le revenu.  

Quels changements avez-vous constatés au cours de l’année écoulée, et seront-ils définitifs?

La pandémie a contribué à accélérer les changements dans de nombreux domaines, et en particulier dans l’e-commerce. Tobi Lutke, le CEO de Spotify, l’a très bien exprimé: les changements que ses équipes attendaient d’ici 2030 se sont produits en un an seulement! Les innovations ont donc dix ans d’avance dans la distribution. Dans certains pans du secteur, la transition du magasin physique vers le site de vente en ligne a eu un effet dévastateur sur la rentabilité. Certaines de ces évolutions seront définitives et, même si la part de l’e-commerce reculera sans doute en 2021 et 2022 au sortir de la crise sanitaire, il est fort possible qu’elle reparte ensuite à la hausse. L’hystérésis est un mot que j'aime beaucoup et qui signifie schématiquement qu’un objet que l’on déforme ne retrouve pas immédiatement, si ce n’est jamais, sa forme d’origine. Je pense que ce phénomène s’applique à un grand nombre de secteurs économiques dans le contexte actuel.

La productivité – déjà élevée – de notre Investment Group a fortement augmenté avec l’avènement des réunions à distance avec les entreprises. De près de 14.000 en 2019, le nombre de réunions (c’est-à-dire de rencontres entre l’Investment Group et chaque équipe dirigeante) est passé à près de 20.000 en 2020.  La qualité et la fréquence de ces entrevues ont augmenté. Nous avons récemment mené 22 réunions avec de grandes capitalisations européennes, auxquelles ont participé 17 CEO et 12 CFO. Grâce à la visioconférence, nos professionnels de l’investissement peuvent, le même jour, participer à une conférence en Europe et échanger avec des entreprises de Boston.

Quelles sont vos perspectives pour 2021 et les années suivantes?

Pour quantité d’observateurs, les marchés d’actions sont chers, en particulier aux États-Unis. Mais nous n’investissons pas d’après les indices, nous procédons au cas par cas, sur base d’une recherche fondamentale approfondie. Certaines des entreprises que je rencontre sont vraiment intéressantes et offrent un formidable potentiel de croissance à cinq ou dix ans. Nos analystes sont extrêmement prolixes en idées nouvelles. Lorsque nous comparons les valorisations des actions avec celles d’autres classes d’actifs, nous suivons notamment la prime de risque actions. Cela consiste à prendre le PER des marchés internationaux pour calculer le rendement réel des actions, auquel on retranche le rendement de l’emprunt d’État de référence à 10 ans. Au début des années 2000, la prime de risque actions était nulle, voire négative. Aujourd'hui, elle atteint 3% aux États-Unis et 6% en Europe et au Japon. Cet indicateur est donc vraiment utile pour estimer le rendement relatif entre les actions et les emprunts d’État ces dix prochaines années, et il donne à penser que les actions surperformeront les obligations d’environ 3% par an aux États-Unis, et plus encore dans les autres pays. Ce n’est pas négligeable. Par ailleurs, la part des liquidités est assez limitée dans nos portefeuilles, ce qui atteste de notre capacité à identifier une multitude de sociétés très attrayantes.  

En ce qui concerne la dualité entre titres «value» et «growth», plus l’on s’attache à suivre les résultats d’une société dans l’un de nos fonds, plus les fondamentaux deviennent importants. Sur une période de huit ans, les fondamentaux sont la seule explication justifiant la surperformance de ces titres. Toutes les analyses que nous avons faites confortent la thèse selon laquelle une interprétation correcte des fondamentaux permet de sélectionner les titres réellement prometteurs. À partir de là, le niveau initial des valorisations perd toute son importance.

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