Avant d’arriver au portrait-robot futuriste du patient de demain, dessiné par McKinsey, de nombreux écueils devront être contournés. (Photo: Shutterstock)

Avant d’arriver au portrait-robot futuriste du patient de demain, dessiné par McKinsey, de nombreux écueils devront être contournés. (Photo: Shutterstock)

Le coronavirus a accentué le besoin d’innovation du secteur de la santé en mettant en lumière l’épuisement des forces de travail, celui des systèmes de santé et les craintes des patients, notamment sur la qualité des produits et sur la conservation de leurs données. Des patients fiévreux.

«John» a ses données (médicales, financières, personnelles, sociales) dans un seul endroit et il peut les partager avec qui de droit dans le paysage éclaté de la santé. Il a l’assurance qu’une intelligence artificielle va permettre de convertir ces données brutes en données utiles aux professionnels. Il aura un concierge digital pour l’accompagner dans son maintien en forme, que ce soit en matière de cuisine ou de santé mentale, par exemple; un service de livraison de nourriture saine pour son métabolisme; une plateforme communautaire sur laquelle il pourra échanger avec des experts; un abonnement à une plateforme qui lui permettra d’obtenir le renouvellement de ses médicaments sans passer par une consultation; un appel automatique quand ses fondamentaux de santé se détériorent et un service qui l’emmènera vers un hôpital ou un médecin.

veut faire comprendre aux professionnels de santé, comme aux sociétés de technologie qui s’emparent de ces questions, que la donnée doit être «liquide», mais «sécurisée». Autrement dit, qu’à chaque instant de cette chaîne de valeur, le patient la contrôle, facilement, pour partager les données ou pour ne pas les partager.

Accenture ne dit pas autre chose, dans un rapport sur le futur de la santé, dans lequel 85% des cadres de santé sont conscients que la technologie sera plus importante dans les trois années à venir, et 70% des patients. «Personnalisation» et «autorité sur la décision pour le patient» sont les deux maîtres-mots.

Selon les professionnels, deux outils feront très vite du sens: l’intelligence artificielle, pour automatiser tout ce qui peut l’être (69% des cadres de santé), et la robotique (70%), avec deux écueils, la confidentialité des données – soulevée par 66% des patients – et la nécessité de former le personnel de santé, pour plus de la moitié desquels les robots seraient un véritable défi.

Dans un rapport paru ce jeudi, CB Insights indique que le troisième trimestre a été quasiment un record dans le financement de solutions d’intelligence artificielle dans la santé. (Source: CB Insights)

Dans un rapport paru ce jeudi, CB Insights indique que le troisième trimestre a été quasiment un record dans le financement de solutions d’intelligence artificielle dans la santé. (Source: CB Insights)

Ce jeudi, dans un autre rapport, CB Insights rappelle avec justesse que le Covid-19 n’est pas au centre de toutes les initiatives et évoque, par exemple, Ezra, projet américain de détection intelligente du cancer de la prostate, à la fois plus efficace et beaucoup moins cher pour la sécurité sociale. Ou Sight Diagnostics, capable d’établir un bilan sanguin complet en quelques minutes.

Dans la stratégie à déployer, note encore Accenture, les structures de soin doivent explorer les opportunités technologiques, faire de l’innovation une partie de leur ADN et l’avoir en permanence en tête pour injecter de petites doses d’innovation en continu.

Dans un troisième rapport, lui aussi sorti dernièrement, McKinsey pointe un autre problème, européen, à partir du cas de la télémédecine, amenée à s’imposer dans les années à venir pour 53% à 58% des praticiens: le cauchemar du remboursement! Sur 30 sociétés de technologie sondées, 55% n’ont jamais pu obtenir le moindre remboursement pour leur prestation ni leurs clients-patients. 30% n’ont obtenu qu’un remboursement, mais il leur a fallu un an en moyenne.

Non seulement les systèmes nationaux de santé sont très différents d’un pays à l’autre, mais ils n’ont pas le même niveau de maturité, l’Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni faisant figure de références européennes.

Le constat s’accompagne de son corollaire: puisque les systèmes sont tous différents, de nouveaux acteurs doivent les avoir compris avant de commencer à déployer leurs solutions. Comment faire? Le rapport suggère la voie «diplomatique» de l’association au monde de la recherche, pour que la solution recueille de plus en plus d’adhésion. Or, jusqu’ici, les 47 licornes – les start-up valorisées à plus d’un milliard d’euros – n’ont pas été très efficaces: seuls 8 à 11% d’entre elles ont été citées au moins une fois dans un papier de recherche.

Dans un billet de blog, pour avoir le point de vue de VC sur les mêmes questions et ne pas se contenter de remarquer que de 2014 à 2018, il y a eu aux États-Unis 580 deals à plus de 10 millions de dollars (pour 83 milliards de dollars au total), Mangrove Capital Partners cible deux choses: la nécessité de s’intéresser de près à la santé mentale et aux problèmes liés à la crise d’un côté, et la nécessité pour les autorités de revoir leur politique de conservation des données de santé.

Le champ de bataille sera là, entre les entrepreneurs et les autorités, tandis que des deux côtés, ils diront de garder le patient au centre du jeu. 

:

1. Télémédecine;

2. Santé des femmes;

3. Santé mentale;

4.  Digital therapeutics ();

5. Santé au travail;

6. Personnalisation de la santé;

7.  Technologies non chirurgicales contre le vieillissement;

8. Jumeaux numériques;

9. Thérapies digitales par la voix;

10. Traçage digital.

«Le Covid-19 n’a pas ralenti l’innovation en matière de technologie numérique; c’est plutôt l’amplifier à des niveaux historiques», a déclaré le Dr Kaveh Safavi, directeur général principal de la pratique Santé d’Accenture et auteur du rapport, dans un communiqué. «Compte tenu de l’environnement actuel, les organisations de soins de santé doivent élever leur programme technologique pour explorer les technologies numériques émergentes qui fournissent la bonne infrastructure pour aider les gens à se sentir plus sûrs d’utiliser des outils technologiques pour leur expérience de soins de santé.»

Ce qui est aussi une bonne chose, rappelle un autre rapport, lui aussi exclusivement centré sur la santé. «L’histoire a montré que les entreprises qui investissent dans l’innovation pendant la crise superperforment dès la sortie de la crise par rapport à leurs concurrentes.»

Investir dans l’innovation pendant une crise est une idée qui a fait ses preuves. (Source: McKinsey)

Investir dans l’innovation pendant une crise est une idée qui a fait ses preuves. (Source: McKinsey)