La silver economy est considérée par les gestionnaires de fonds comme une opportunité de développement économique sur le long terme et donc un facteur de performance pour les marchés financiers. (Photo: Shutterstock)

La silver economy est considérée par les gestionnaires de fonds comme une opportunité de développement économique sur le long terme et donc un facteur de performance pour les marchés financiers. (Photo: Shutterstock)

Le vieillissement de la population est une «tendance séculaire» appelée à façonner le développement économique de ces prochaines décennies. La pandémie a eu au moins trois effets sur celle-ci selon Bastien Drut et Simon Cardoen, stratégistes chez CPR AM.

Le vieillissement de la population est un phénomène global qui touche toute la planète, à l’exception notable de l’Afrique. Il résulte de deux phénomènes: une baisse de la natalité et une augmentation de l’espérance de vie. C’est l’une des cinq mégatendances mises en avant par l’Organisation des Nations unies en septembre 2020, à l’occasion de son 75e anniversaire. Pour mémoire, les quatre autres sont le changement climatique, l’urbanisation, l’émergence des technologies numériques et l’accroissement des inégalités.

Le vieillissement de la population a donné naissance à la «silver economy», concept désignant l’ensemble des marchés, activités et enjeux économiques liés aux personnes âgées dépassant la barre des 60 ans. Deux champs économiques majeurs s’imposent: le marché du «grand âge» centré sur les services de santé à la personne et «le marché des seniors» centré sur le pouvoir d’achat en hausse constante de cette catégorie de population.

La silver economy est considérée par les gestionnaires de fonds comme une opportunité de développement économique sur le long terme, plus particulièrement dans les secteurs de la santé, du tourisme, de la culture, du commerce de détail, des services financiers ainsi que des services ménagers et d’aide à la personne.

Risque de tensions accrues sur le marché du travail

Le premier impact de la pandémie a été d’inverser la tendance observée ces dernières années d’une participation accrue des plus de 65 ans au marché du travail, phénomène particulièrement marqué dans les pays anglo-saxons. «Cela montre à quel point il est délicat de tirer des conclusions générales sur les conséquences macroéconomiques du vieillissement», estiment Bastien Drut et Simon Cardoen, se référant à l’analyse selon laquelle le vieillissement fait mécaniquement baisser la part de la population en âge de travailler et donc affaiblit mécaniquement la croissance potentielle.

La pandémie touchant davantage les populations les plus âgées, le taux de participation des plus de 65 ans a lourdement chuté aux États-Unis en 2020, pour revenir vers les niveaux qui prévalaient il y a une dizaine d’années. Et à la mi-2021, il n’a pas rebondi contrairement à ce qui se constate pour les autres tranches d’âge.

Si les choses restaient en l’état, le scénario selon lequel le vieillissement causera des pénuries de main-d’œuvre – et donc de l’inflation – pourrait bien se réaliser. «Cela dépendra à la fois de l’évolution de l’épidémie, du système des retraites de chacun des pays et de la situation dans le cycle démographique.»

Un pouvoir d’achat en hausse

Pour ce qui est du pouvoir d’achat des seniors, il semble sortir renforcé de la crise, c’est le second impact.

C’est particulièrement vrai aux États-Unis. Même si leurs revenus sont plus faibles en moyenne que ceux des autres classes d’âge, c’est la catégorie pour laquelle les revenus médians ou moyens ont le plus augmenté sur la période 2009-2019. «Ainsi, les revenus agrégés des plus de 64 ans ont augmenté de 119% sur la période 2009-2019, contre 69% pour les 55-64 ans, 52% pour les 25-34 ans et 45% pour les 25-34 ans», relèvent les analystes pour qui, dans les années post-Covid, «la consommation des seniors devrait être dopée par la forte augmentation de leur patrimoine».

La majeure progression du pouvoir d’achat est liée au patrimoine financier traditionnellement plus important chez les plus de 55 ans, un patrimoine qui a bénéficié de la hausse des marchés actions.

Aide au déploiement de nouveaux services à la personne

Troisième impact majeur: «l’adoption accélérée des technologies numériques pendant la crise va transformer le vieillissement», pour Bastien Drut et Simon Cardoen. L’adoption des nouvelles technologies par les seniors était déjà visible depuis plusieurs années, mais la crise Covid a accéléré le phénomène. Toujours aux États-Unis, les dépenses liées aux nouvelles technologies pour les adultes les plus âgés ont augmenté de 194%. Une croissance dans l’équipement qui va de pair avec un sentiment d’être plus à l’aise avec ces outils.

Cette progression de l’adoption des nouvelles technologies par les seniors représente une opportunité pour la diffusion de services permettant de préserver l’indépendance, comme la téléassistance et la télémédecine. «De nouveaux services permettant de vivre le vieillissement autrement.»