Serge Uschkaloff, CEO d’Immotop.lu, se réjouit d’avoir doublé le nombre de visites sur son site en mai et juin 2020 par rapport à l’année dernière. (Photo: Immotop.lu)

Serge Uschkaloff, CEO d’Immotop.lu, se réjouit d’avoir doublé le nombre de visites sur son site en mai et juin 2020 par rapport à l’année dernière. (Photo: Immotop.lu)

En s’associant à Devis.lu, Immotop.lu multiplie les services complémentaires à son portail immobilier, après les prêts et les assurances. Une stratégie qu’il devrait poursuivre cet été avec des partenariats dans les télécommunications, le déménagement et l’énergie.

Brique après brique, Immotop.lu se bâtit une place d’acteur majeur au Luxembourg. Le portail immobilier créé en 2008 vient de s’associer à Devis.lu afin que ses visiteurs puissent effectuer des demandes de devis de travaux directement depuis son site. Il s’agit d’un «partenariat commercial», précise Serge Uschkaloff, son CEO. Depuis le 1er juillet, «Devis.lu paie un tarif mensuel, et nous renvoyons nos visiteurs sur son site». Le tarif reste confidentiel. Il a été fixé, dans un premier temps, pour une durée de trois ans.

L’entreprise de 18 salariés fait un pas de plus dans sa stratégie de diversification, qui ne date pas d’hier: «Nous avons toujours été dans cette recherche de synergies», explique Serge Uschkaloff. Des partenariats similaires sont déjà en place depuis plusieurs années avec Lalux pour les assurances ou encore la Spuerkeess pour les prêts. Et de nouveaux arrivent. «Plusieurs négociations sont en cours avec des partenaires dans le domaine de l’énergie, des télécommunications et du déménagement», annonce fièrement Serge Uschkaloff. Il s’attend à des concrétisations avant septembre.

1,3 million de visiteurs uniques en juin

Beaucoup de projets que le Covid-19 n’a pas réussi à stopper. Le portail immobilier note une baisse de chiffre d’affaires de 10% sur la période de confinement, parce qu’il a offert l’affichage à ses clients pour les aider à survivre à la crise. Son business model repose sur un abonnement mensuel, qui va de 220 euros à un millier d’euros environ (selon la visibilité souhaitée), que paient les agences immobilières pour mettre leurs annonces en ligne. En 2019, il a ainsi réalisé 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Malgré une légère baisse des fréquentations du site en avril, les visiteurs sont vite revenus, si bien qu’il a enregistré 1,3 million de visiteurs uniques en juin – un record.

«Le nombre de visites a été multiplié par deux en mai et juin 2020 par rapport à l’année dernière», se félicite le CEO. Après avoir terminé 2019 avec 500 clients luxembourgeois – des agences de toutes tailles –, il en espère 550 fin 2020. «Nous avons fait des économies en marketing en avril, que nous avons réinvesties en mai. Nous avons aussi profité de la période pour améliorer notre SEO», justifie-t-il.

Il rappelle alors: «Nous sommes passés du statut de challenger à celui de coleadership avec atHome. Nous visons la place de numéro 1.» Immotop.lu souhaite se différencier grâce à des tarifs plus attractifs, puisque l’abonnement démarre à 600 euros chez son rival (selon atHome), qui compte une centaine de clients supplémentaires.

La plateforme immobilière souhaite toujours se concentrer sur son marché principal, le Luxembourg, même si elle n’exclut pas de poursuivre son développement en Grande Région.

À la recherche de jardins

La fin du confinement marque la reprise des visites du site, mais aussi des biens immobiliers. «Toutes les affaires ont été stoppées, on note maintenant un rattrapage au niveau des passages à l’acte qui devrait continuer jusqu’en août. La plupart des agents avec qui j’ai parlé me confirment que les affaires sont en train de reprendre.» Il ne constate pour l’instant pas de faillites chez ses clients, mais n’exclut pas ce risque d’ici la fin de l’année, surtout pour les petites structures ayant moins de liquidités.

En tout cas, l’après-crise se voudra digitale pour le secteur. Immotop.lu pense que les agences se tourneront vers de nouveaux outils comme les visites virtuelles, maintenant qu’elles ont vu les conséquences d’un confinement sur leurs activités.

«Je pense que le prix des maisons va augmenter avec la crise, on le constate déjà. Les gens qui ont vécu le confinement ressentent maintenant le besoin d’avoir de l’espace, un jardin. D’un autre côté, les gens qui achèteront une maison vont vendre leur appartement, les prix vont donc stagner», analyse également Serge Uschkaloff. Côté immobilier de bureaux, il s’attend aussi à une baisse de la demande, et donc des prix à cause du télétravail.

Actionnariat stable

Même s’il se dit «focus sur Immotop» et sa stratégie de synergies, Serge Uschkaloff pense déjà à l’après. Il reste pour le moment actionnaire à 30% avec son frère, alors que l’allemand Axel Springer et l’italien Real Web détiennent chacun 35% des parts de l’entreprise. Mais il n’a «pas l’intention de finir sa carrière chez Immotop» et aime «lancer de nouveaux projets». S’il cède l’entreprise, ce ne sera en tout cas pas avant plusieurs années, le temps de garantir une «bonne transition de la société familiale à corporate», dit-il.