Le Green Exchange de la Bourse de Luxembourg illustre le rôle pionnier joué par le Luxembourg sur le plan ESG. Par contre, les ambitions du pays ne sont pas alignées avec les résultats environnementaux des entreprises. (Photo: Shutterstock)

Le Green Exchange de la Bourse de Luxembourg illustre le rôle pionnier joué par le Luxembourg sur le plan ESG. Par contre, les ambitions du pays ne sont pas alignées avec les résultats environnementaux des entreprises. (Photo: Shutterstock)

Si le Luxembourg s’en sort haut la main dans les scores ESG souverains, il en est tout le contraire pour ses entreprises. Pourtant les notations souveraines ainsi que celles des entreprises constituent des indicateurs essentiels pour les investisseurs.

Parmi ses activités d’analyse économique, l’Economist Intelligence Unit (EIU) offre un service de notation ESG des États. Au deuxième trimestre de cette année, l’EIU a classé le Luxembourg en septième position de son classement des scores ESG (environnement, social et gouvernance) de 150 pays. Même si le Luxembourg se maintient dans le haut du classement, il a cependant perdu une place par rapport au trimestre précédent.

Un tel score obtenu par le Grand-Duché tend à confirmer les efforts du pays dans le domaine de la finance durable. Dès septembre 2016, la Bourse de Luxembourg a, par exemple, lancé sa plateforme Green Exchange, entièrement dédiée aux instruments de la finance durable. Plus tard, en 2018, la feuille de route du gouvernement dans le domaine a donné naissance en 2020 à la création de la Luxembourg sustainable finance initiative (LSFI), incarnant la volonté du pays de se positionner en pole position de l’industrie des produits financiers durables. Une mission notamment endossée par Luxflag, l’agence de labellisation des fonds durables.

La particularité des notations ESG souveraines, telle celle de l’EIU, est de se distinguer des scores attribués aux seules entreprises. Pour ce faire, au niveau de la gouvernance, l’EIU mesure des indicateurs liés à la pluralité et au processus électoral, au fonctionnement du gouvernement et au fonctionnement décisionnel des entreprises. En matière sociale, les conditions de l’emploi, l’égalité des chances et les droits civils sont évalués. Finalement, l’agence de notation passe au crible des éléments environnementaux, tels le degré de décarbonisation du pays, la gestion de l’environnement ainsi que celle de l’eau et des déchets.

Un indicateur à long terme

Les scores ESG souverains apportent aux investisseurs une vue d’ensemble de la maturité d’un pays en matière de durabilité. Il s’agit d’un indicateur de l’attrait à long terme en tant que destination des investissements, de la compétitivité du pays et de l’environnement opérationnel des entités commerciales.

Malgré que fait que le Luxembourg, en tant que pays, se hisse dans le haut du classement ESG de l’EIU, le constat est, en revanche, à l’opposé pour les entreprises qui y sont domiciliées. En matière d’environnement, les entreprises luxembourgeoises se situent encore loin de l’objectif de réduction des émissions de carbone fixé à 1,5°C lors de l’Accord de Paris en 2015, selon (Carbon Discoure Project), publié le 6 septembre.

Les mesures du CDP montrent que les émissions des entreprises luxembourgeoises s’élèvent à 3°C, alors que la moyenne européenne est de 2,4°C. À l’échelle européenne, il n’y a que les entreprises autrichiennes qui affichent un score identique. Derrière les entreprises luxembourgeoises et autrichiennes, le pire score européen est enregistré par les entreprises grecques avec 3,1°C.

Une différence avec la réalité économique

En dessous de la moyenne européenne, les sociétés allemandes, néerlandaises et italiennes affichent les meilleurs scores avec 2,2°C. Elles sont ensuite suivies par les sociétés françaises et finlandaises avec un score de 2,3°C. Des résultats qui restent par contre encore loin de l’objectif de 1,5°C.

De même que les scores ESG souverains, les scores des entreprises servent les intérêts des investisseurs professionnels dans leur prise de décision d’allocations d’actifs. N’analysant pas les mêmes variables, ils sont complémentaires. L’un mesure l’engagement d’un gouvernement en matières ESG, l’autre évalue la réalité sur le terrain économique.

Tout porte donc à croire que les facteurs de gouvernance de l’État luxembourgeois sont au beau fixe pour offrir un cadre propice à la transition énergétique de l’économie, mais les entreprises, quant à elles, ne sont pas encore au niveau, du moins sur le plan environnemental de l’ESG.