Massimo Greco, chief of EMEA funds chez JP Morgan AM, estime que les consommateurs européens sont encore trop souvent soumis à une distribution captive. (Photo: JP Morgan AM)

Massimo Greco, chief of EMEA funds chez JP Morgan AM, estime que les consommateurs européens sont encore trop souvent soumis à une distribution captive. (Photo: JP Morgan AM)

Dans un entretien accordé à Paperjam à Londres, Massimo Greco, head of EMEA funds chez JP Morgan AM, décrit les priorités pour le marché européen. La finance durable et la diversification des services se trouvent sur la feuille de route. Tout cela sur le «long terme» et face à un risque de récession.

D’emblée, Massimo Greco met l’accent sur la transformation opérée par JP Morgan AM au niveau de la finance durable. «Dans un secteur comme le nôtre qui ne change pas beaucoup, c’est un changement qui n’arrive qu’une fois par génération, tout au plus», explique-t-il. Le rythme s’est tellement accéléré qu’atteindre une position leader dans les investissements durables est devenu «la priorité» pour l’asset manager. «C’est ce qui guide tout ce que nous faisons.»

Même si la transformation se déroule à une vitesse soutenue, le head of EMEA funds tient à rappeler qu’il s’agit d’une stratégie axée sur le temps long. D’autant plus, que selon lui, il s’agit d’une question qui ne doit pas être affectée par l’actuelle hausse des prix de l’énergie. «Si nous devons décarboner notre économie de manière substantielle, c’est une approche long terme.»

Décarboner l’économie est une chose, générer des rendements pour les clients en est une autre. Sur ce point, Massimo Greco souligne que «les tendances que nous identifions dans l’investissement durable sont si puissantes qu’elles influencent le prix des actifs et les rendements».

Le projet de transition énergétique de l’Union européenne est colossal. Nous parlons de plusieurs trillions qui vont être dépensés pour promouvoir la transition.
Massimo Greco

Massimo Grecohead of EMEA fundsJP Morgan AM

À en croire Massimo Greco, les opportunités d’investissement ne vont pas manquer en Europe: «Le projet de transition énergétique de l’Union européenne est colossal. Nous parlons de plusieurs trillions qui vont être dépensés pour promouvoir la transition.» Des investissements qui pourraient même encore bien s’accélérer, en raison à la fois de la flambée des prix de l’énergie et la recherche d’indépendance vis-à-vis de certains pays, relève le head of EMEA funds de JP Morgan AM. 

Le recrutement de profils experts

Afin d’accompagner cette transition d’offres de produits financiers durables, JP Morgan AM a recruté davantage de nouveaux employés dans ce domaine que dans les autres, précise Massimo Greco. À la question de savoir comment identifier les bons candidats dans un champ de compétence en pleine émergence, il se montre plutôt optimiste, expliquant que des diplômes spécialisés commencent à apparaître. Il tient d’ailleurs à réfuter l’idée que l’horizon académique actuel reste faible en la matière.

Même si le recrutement de profils spécialisés ne constitue pas en soi un défi particulier, le gestionnaire d’actifs recrute cependant souvent ses experts en finance durable hors du monde de la finance, parmi les profils d’ingénieurs ou technologiques.

Les profils recrutés n’ont pas besoin de suivre une formation spécialisée, car ils possèdent déjà l’expertise grâce à leur parcours professionnel. Ces experts sont souvent d’anciens employés gouvernementaux, d’institutions internationales ou de banques multilatérales de développement telles la Banque mondiale ou la Banque européenne de développement (BEI). Ce qui compense l’absence de formation académique spécifique.

Diversifier les produits

En parallèle des investissements durables, le responsable des fonds EMEA souhaite que les consommateurs européens aient plus de choix dans les services financiers. «Clairement, à long terme, il y a encore trop d’argent investi dans les dépôts en Europe et ce n’est pas bon pour l’économie», déplore-t-il. Ce qui n’est pas non plus dans l’intérêt des épargnants.

Il y a encore trop de distribution captive en Europe.
Massimo Greco

Massimo Grecohead of EMEA fundsJP Morgan AM

Toujours dans un souci de diversification de l’offre, Massimo Greco constate qu’«il y a encore trop de distribution captive en Europe», regrettant que trop souvent les établissements de crédit ne proposent à leurs clients individuels que le produit de la banque en elle-même. «Nous espérons que les choses vont bouger et nous sommes activement présents pour donner davantage de choix.»

Toutes ces ambitions s’inscrivent dans une vision «long terme», rappelle Massimo Greco. Des ambitions qui pourraient être marquées par des défis posés par la macroéconomie. «Il est clair que tout le monde prête attention au fait que l’effort de lutte contre l’inflation va plonger nos économies dans la récession. Et c’est effectivement un risque dont nous devons être conscients», souligne le head of EMEA funds de JP Morgan AM, qui indique que «les gouvernements ont injecté trop d’argent pour répondre à la crise du Covid-19» et que «les dépenses de relance ont peut-être été trop élevées», même si personne ne peut prédire la durée et l’impact total de la pandémie.