Carole Muller est prête à revoir les budgets pour l’exercice 2021. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Carole Muller est prête à revoir les budgets pour l’exercice 2021. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Habituée à anticiper, la CEO de Fischer s’est adaptée depuis un an pour ouvrir ses points de vente. Les gens en télétravail «nous manquent», confie Carole Muller.

Quel regard portez-vous sur cette année si particulière?

– «On espérait tous que 2021 commencerait sans la misère! Finalement, on sait qu’on va y être encore pendant un moment. Ça pèse sur les entreprises, ça pèse aussi beaucoup sur le moral des gens. Le pire, c’est l’imprévisibilité. Se demander si ça va durer deux semaines, deux mois, trois mois. C’est difficile à gérer pour soi, mais très compliqué pour une entreprise. Nous avons fait nos budgets en septembre, en se disant que septembre n’était pas si mauvais que cela, on a fait des budgets à la hausse. Mais on va recommencer les budgets pour cette année.

Vous avez fermé à peu près un tiers de vos magasins au plus fort de la crise…

«Plus de 90 % de mes salariés sont des femmes. Nous ne voulions vraiment pas mettre de pression sur nos équipes, c’était important pour nous. Tous ceux qui voulaient invoquer des raisons familiales l’ont fait. La première raison de fermeture était que nous n’avions pas de personnel, ce n’était pas une question de volonté. Nous n’avions pas de clients non plus.

Ce n’est pas toujours évident d’avoir accès au matériel dont on a besoin, si?

«Nos fournisseurs réguliers ont été très réactifs. Les masques viennent d’un atelier protégé à Luxembourg. Je suis absolument contre les masques jetables, même si je sais que c’est plus agréable et plus facile. Écologiquement, c’est un désastre absolu ! On ne se rend pas encore compte de l’impact que ça va avoir. 


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Comment ont réagi vos clients, en dehors de la polémique sur la disparition de la monnaie dans vos magasins?

«Les clients ont été d’une gentillesse incroyable avec nos vendeurs, en les remerciant parce que le magasin était ouvert, parce qu’ils continuaient à assurer ce service de proximité. Ce lien social, il ne faut pas l’oublier. Quant à la problématique de l’argent, la décision n’est pas venue de la direction, mais de mes équipes. À ce moment-là, on ne savait pas vraiment si le virus pouvait être propagé par l’argent ou pas.

Qu’est-ce qui vous a aidé?

«Mon implication dans la Fédération des jeunes dirigeants (FJD) ou envers la Confé­dération luxembourgeoise du commerce (CLC). Avoir des pairs avec qui discuter et se dire qu’on n’est pas la seule confrontée aux mêmes problématiques. Je suis dans une situation qui n’est pas agréable, mais ils sont dans la même. On discutait des solutions trouvées par les uns et les autres.

Comment entame-t-on 2021?

«Le plus dur de la crise sanitaire sera peut-être bientôt derrière nous, je l’espère, avec les vaccins. Le pire de la crise éco­nomique, j’espère qu’il ne sera pas trop fort.

Que faudrait-il faire, selon vous?

«Cela dépend du secteur d’acti­vité. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres, comme les restaurants, les discothèques, la vie culturelle... Il faut les soutenir. La Confédération luxembourgeoise du commerce est en train de mettre en place – et c’était urgent de le faire – un numéro de téléphone à disposition des chefs d’entreprise qui auraient besoin d’une aide psychologique. Il faut des accompagnateurs économiques, surtout pour les petites entreprises. Pour leur montrer à quelles aides ils ont droit, comment les demander. Il faudra aller vers le cas par cas.

Si on veut garder les emplois, il va falloir écouter les entreprises ! Le meilleur conseil que je pourrais donner est d’aller dans une fédération patronale, que ce soit la Fedil ou la CLC, ou d’autres, comme la Fédération des artisans (FDA). C’est là qu’ils trouveront de l’aide, des interlocuteurs, des pairs, des gens qui pourront leur donner des idées.

Pour votre business, qu’est-ce que la crise a ralenti?

«Nous subissons une sérieuse perte de chiffre d’affaires. Nous avons besoin d’une fréquentation autour de nos points de vente. Ces gens nous manquent aujourd’hui.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de    qui est parue le 27 janvier 2021.

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