Léa Sitbon: «Il faudrait fondamentalement rétablir certaines inégalités du statut d’indépendant par rapport à celui du salarié, car l’indépendant cotise tout autant et devrait avoir des droits équivalents de protection.» (Photo: DR)

Léa Sitbon: «Il faudrait fondamentalement rétablir certaines inégalités du statut d’indépendant par rapport à celui du salarié, car l’indépendant cotise tout autant et devrait avoir des droits équivalents de protection.» (Photo: DR)

Paperjam est parti à la rencontre des femmes figurant dans la liste des «100 femmes pour un conseil d’administration» publiée fin février. Pour comprendre leur vécu de la période que nous traversons. Entretien avec Léa Sitbon, vice-présidente de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise.

Comment avez-vous vécu cette première phase de la crise?

– «Comme beaucoup, j’ai été surprise par cette première phase de la crise et par son ampleur. Il a fallu se réorganiser et effectuer les démarches nécessaires pour gérer l’incertitude. De nombreux indépendants ont souffert de la précarité de leur statut dans ces moments difficiles.

À la Fédération, de multiples métiers sont représentés, et tous les secteurs ont été touchés par la crise. Beaucoup de branches ont dû s’arrêter de fonctionner. Certaines professions ont pu néanmoins continuer à exercer, et la mise en place du chômage partiel a soulagé les entreprises pour leurs employés.

Personnellement, en cette période de crise, j’ai profité d’avoir du temps pour continuer une formation professionnelle.

En parallèle, le télétravail s’est fortement développé, ce qui a entraîné une nouvelle gestion de la vie familiale et un style de vie différent. Ces nouvelles habitudes sont là pour perdurer.

Quels sont les trucs et astuces que vous souhaiteriez partager en termes de management d’entreprise ou de tenue d’un board lors de cette période de confinement?

«En cette période de confinement, la communication reste un facteur-clé. Il s’agit à la fois de la communication interne et externe. Avec le développement du télétravail, les conférences et les meetings en ligne ont pris de l’ampleur.

Au niveau de la Fédération, nous avons maintenu notre communication interne et nos conseils d’administration en ligne. Nous avons pris le temps de communiquer pour continuer à faire avancer nos projets.

Nous avons notamment travaillé sur la refonte de notre site internet.

Par ailleurs, nous avons prévu différents types d’événements en ligne pour nos membres, concernant les enjeux actuels, comme le télétravail ou la gestion de la reprise.

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», nous proposons à nos lecteurs de partager une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Quelle serait la vôtre?

«De nos jours, la crise et l’incertitude qu’elle a entraînée ont affecté la confiance générale des consommateurs dans l’économie. Il faut redonner confiance aux consommateurs. De même, il faut redonner confiance à l’entrepreneuriat, qui est générateur d’emploi.

Dans cette crise, en fonction des secteurs, le statut de salarié est resté privilégié par rapport à celui de l’indépendant ou de l’entrepreneur, qui prennent en général plus de risques. De nombreux commerçants se sont notamment retrouvés dans une situation difficile. Face à ces difficultés, la digitalisation a été une solution partielle, cette tendance est là pour perdurer.

Par ailleurs, il faudrait fondamentalement rétablir certaines inégalités du statut d’indépendant par rapport à celui du salarié, car l’indépendant cotise tout autant et devrait avoir des droits équivalents de protection.

Il faudrait prévoir certains dispositifs pour pallier une situation de crise. Par exemple, la mise en place d’une mutualité spécifique à l’entrepreneuriat permettrait d’amortir les chocs d’une crise comme celle que nous traversons.

La revalorisation du statut d’indépendant permettrait certainement de redynamiser l’entrepreneuriat, et ainsi indirectement l’économie luxembourgeoise.»