Pour le deputy CEO de La Financière de l’Échiquier, une erreur de pilotage des banques centrales dans l’application des mesures de resserrement monétaire en 2022 constituerait un risque majeur pour les investisseurs. (Photo: LFDE)

Pour le deputy CEO de La Financière de l’Échiquier, une erreur de pilotage des banques centrales dans l’application des mesures de resserrement monétaire en 2022 constituerait un risque majeur pour les investisseurs. (Photo: LFDE)

Olivier de Berranger, deputy CEO & chief investment officer de La Financière de l’Échiquier, donne sa vision des marchés financiers. Modérément optimiste, il mise sur les résultats de croissance des entreprises en 2022 pour compenser la politique de resserrement monétaire.

s’est exprimé le 13 janvier en introduction de la webconférence «2022 Investment Strategy» organisée par La Financière de l’Échiquier. Des flux massifs, une volatilité faible, des performances de plus de 20% pour la plupart des grands indices: 2021 a été une année euphorisante pour les actions. En ce début d’année, la troisième sous format contraint par la crise sanitaire, et comme il fallait s’y attendre, Olivier de Berranger fait d’abord le parallèle entre cycle économique et cycle sanitaire. Le variant du virus actuel, malgré la vitesse des contaminations, reste moins létal que les précédents. En conséquence, l’économie fin 2021 et début 2022 se présente plutôt bien. «On a fait une croissance en Europe supérieure à 5% en 2021. On aura une croissance mondiale en 2022 supérieure à 4,4% et probablement même que l’Europe sera en tête de la croissance par rapport aux USA.» La croissance est soutenue par l’épargne des ménages qui reste élevée, les profits des entreprises réalisés en 2021, des stocks à reconstituer, qui seront financés par des investissements prévus à la hausse en 2022.

Les «mid cap» se mettent au rachat d’actions

L’économiste de La Financière de l’Échiquier ne cède cependant pas à l’optimisme démesuré, car 2022 sera une année de transition: «Plus volatile, avec des points d’entrée à ne pas manquer, alors que 2021 était une année de traîne.» L’inflation que l’on disait transitoire serait finalement plus structurelle, avec une hausse moyenne des prix de 20% en Europe sur les 12 derniers mois. Si elle va décroître, elle n’atteindra pas les taux que l’on a connus avant 2018. Même constat pour le cours des actions. Si ce dernier ne va pas s’écrouler du jour au lendemain, les rendements d’actifs seront liés à deux facteurs essentiels: une communication et un calendrier clairs au niveau des banques centrales sur la politique de resserrement monétaire à déployer (baisse des taux), «et à condition que les entreprises soient au rendez-vous et maintiennent des résultats performants». Question d’équilibre.

En 2021, les actifs risqués ont fait de très bonnes performances. Les moins risqués, de type emprunts d’État, ont moins performé. Olivier de Berranger conseille en 2022 d’«éviter la duration (emprunts obligataires notamment). Les rendements viendront surtout des résultats de la croissance des entreprises.» L’économiste va plus loin en s’attendant à une hausse des fusions-acquisitions et des rachats d’actions par les entreprises elles-mêmes en 2022, «avec une tendance des nouvelles sociétés de type ‘mid cap’ à s’y engager». En effet, face à une hausse des taux, l’appréciation du prix des actions ne peut plus se faire par l’accroissement des multiples de valorisation, qui vont avoir tendance à baisser, mais par la hausse des bénéfices par action.

Il conclut sa vision financière en rappelant que s’il induit un resserrement des conditions monétaires, le retour de l’inflation est une bonne nouvelle. D’autant qu’elle est générée par une demande robuste. «Pour les entreprises dotées de bases solides et de la capacité à ajuster leurs prix, c’est loin d’être le plus mauvais des contextes!»