Philippe Nathan: «Le végétal comme ornement de l’architecture et de l’urbanisme ne fait que dissimuler notre lâcheté de réellement faire face aux questions capitales.» (Photo: 101Studios)

Philippe Nathan: «Le végétal comme ornement de l’architecture et de l’urbanisme ne fait que dissimuler notre lâcheté de réellement faire face aux questions capitales.» (Photo: 101Studios)

En amont de l’événement 10x6 Architecture: «Les nouvelles façons d’habiter l’espace» organisé par le Paperjam + Delano Club le mercredi 21 avril, l’un des orateurs, Philippe Nathan (2001), partage sa vision sur le logement, les façons de vivre et d’occuper l’espace.

Le Luxembourg est en «perpétuels travaux». Le végétal peut-il vraiment réimporter la nature au centre-ville?

. – «Le végétal comme ornement de l’architecture et de l’urbanisme ne fait que dissimuler notre lâcheté de réellement faire face aux questions capitales. Au-delà de nos goûts très limités, au-delà de la réaction d’un électorat très limité, il faudra qu’on reconsidère de manière systémique où et comment on construit. De cette manière, on pourra profiter de logis dignes à proximité de la nature; sous forme de parcs appropriables, de forêts denses et de paysages productifs. Une nature libérée du fardeau de décoration ‘romantisée’.   

En 2020 et 2021, on parle de résilience: comment l’architecture a-t-elle pu être résiliente?

«Permettre un accès et un usage continus, refuser le mono-fonctionnel et contourner le mono-usager/mono-public, promouvoir la synergie entre fonctions, anticiper le changement fonctionnel, condenser pour libérer, maximiser les espaces tout en minimisant l’emprise au sol, réduire les couches, éviter des techniques, rendre les usagers plus intelligents que les installations, est ce qu’il nous faudrait pour intégrer la résilience dans notre environnement bâti, est ce qu’il nous faudrait pour équiper la société.

Si le Kirchberg était une feuille blanche, comment l’imagineriez-vous architecturalement aujourd’hui?

«La question ne se pose pas. L’expérience, les essais et erreurs de développement du plateau sont d’une richesse inspirante. L’état existant doit nous intéresser et engager. Car ce qui devrait réellement nous révolter, c’est que, chez nous, sous nos yeux, et donc avec notre affirmation tacite, des espaces et bâtiments publics, souvent de grande qualité, sont fermés au public.

Pire, l’Europe même, idée abstraite matérialisée par ces bâtiments et espaces, automutile tout embryon d’idéologie fédératrice. Si l’architecture est l’expression des valeurs d’une société à un moment donné, voici la feuille blanche.»