Il fallait arriver une bonne heure avant l’ouverture officielle. Patienter sur les escaliers du centre de conférences. Passer le contrôle de sécurité. Se faire badger. Et respirer enfin le parfum de la global tech vendue par Farvest pour sa conférence de deux ou trois jours.
Ce mardi matin, il n’y a pas de file. Le contrôle de sécurité est sommaire. L’accréditation instantanée. Et le vide impressionnant.
Car les organisateurs ont volontairement limité l’accès aux trois «scènes» de conférences, Space et Cybersécurité à l’extérieur de la grande salle, consacrée à l’intelligence artificielle. Seuls les orateurs qui le souhaitent (81 des 136) et quelques «VIP» ou accompagnateurs seront sur place.
Dans la grande salle, 12 des 25 chaises, contre près de 300 habituellement, ont trouvé preneurs. «Impossible de jouer avec la salle ou de chercher un visage», lâche le maître de cérémonie et fondateur de Finologee, Jonathan Prince. Pas de rires, peu d’applaudissements, les orateurs doivent apprendre à délivrer leurs messages à une audience connectée, mais à distance.
Premier à se jeter dans une intervention new age, à mi-chemin entre le digital et le physique, le CTO de NTT Europe, basée au Luxembourg, Michael Mossal, décrit les cinq projets principaux dans lesquels sa société, un géant des telco, est impliquée: une plateforme pour l’internet des objets en relation avec l’automobile et le sport (10 prototypes sont en cours), une autre pour les Motor TT Races sur l’Île de Man, la plateforme pour le large-scale testing avec les Laboratoires Réunis pour le compte du gouvernement, une autre plateforme pour la santé avec les Hôpitaux Robert Schuman et un Medical Product Catalogue avec les mêmes hôpitaux et le Luxembourg Institute of Science and Technology.
Selon des chiffres donnés par Vitalie Schiopu, expert en intelligence artificielle d’Accenture, trois quarts des dirigeants d’entreprise soulignent le risque de ne pas avoir assez d’intelligence artificielle pour aider leur développement ou même la gestion du business dans les cinq ans à venir.
Le country manager de Microsoft, Candi Carrera, lui, souligne les premiers enseignements du Covid-19 en matière d’intelligence artificielle. «C’est la première fois que l’intelligence artificielle permet de mieux faire face à une crise», explique-t-il en déroulant quelques exemples: comment l’étude des eaux usées permet de voir à quel stade en est l’épidémie de coronavirus, notamment à partir des eaux de la station de Beggen et du List, ou comment les robots permettent de répondre aux inquiétudes des habitants et de dégager du temps aux services de secours pour venir en aide à ceux qui sont vraiment malades. «1.230 bots ont été les premiers interlocuteurs de 18 millions de personnes dans 160 millions de messages», explique-t-il.
Avant de souligner une des contraintes qui sera en tête de liste pour longtemps: la protection des données individuelles empêche-t-elle les spécialistes de développer des intelligences artificielles au service des populations.
L’ICT Spring est bien lancé. L’ambiance est toujours étrange. Et on ne sait pas si ceux qui sont connectés à distance, après six mois de vidéoconférences, de télétravail ou de webinars, sont toujours concentrés derrière leur écran. Les outils les plus utilisés ne font pas sonner une petite cloche quand l’internaute décroche.
. La webapplication MyICTSpring permet d’avoir accès à d’autres modules, comme la solution de networking imaginée en deux mois au Luxembourg.