«Icare» raconte l’histoire du jeune crétois, avant son célèbre envol. (Illustration: Iris Productions)

«Icare» raconte l’histoire du jeune crétois, avant son célèbre envol. (Illustration: Iris Productions)

À l’occasion du Luxembourg City Film Festival, Carlo Vogele a présenté en avant-première son premier long métrage «Icare». Cette animation «Made in Luxembourg» inspirée de la mythologie grecque plonge les spectateurs dans un récit qui porte sur ce qui s’est passé avant la fatidique chute.

 «Icare» est un premier long métrage, mais n’est pas l’œuvre d’un débutant. En effet, avant de s’attaquer à cette histoire inspirée du mythe grec, Carlo Vogele a travaillé pendant huit ans chez Pixar aux États-Unis, sur la création de «Toy Story», «Brave» ou encore «Monsters University». Il a également réalisé plusieurs courts métrages avec lesquels il s’est déjà fait remarquer lors de festivals, notamment celui d’Annecy.

Profitant du Luxembourg City Film Festival, il présente sa nouvelle œuvre, la plus ambitieuse à ce jour, qui sort en salle au Luxembourg le 6 avril. «Icare» raconte l’histoire du jeune crétois, fils de célèbre inventeur Dédale qui œuvre pour le roi Minos. Il travaille avec son père dans leur atelier à Cnossos et l’aide notamment dans ses livraisons au palais. C’est à l’occasion de l’une d’elles qu’il découvre l’existence d’une mystérieuse personne, un enfant-taureau qui vit reclus et est caché dans le palais royal. Icare se lie d’amitié avec ce «monstre» à qui il vient rendre visite régulièrement en cachette, jusqu’à ce que le Minotaure soit enfermé par Minos dans un labyrinthe construit par Dédale, et confronté au combat contre Thésée.

Une production européenne

Carlo Vogele a d’abord essayé de faire produire son long métrage par Pixar, mais l’histoire ne les ayant pas intéressés, il se tourne vers l’Europe, et le Luxembourg en particulier dont il est originaire. Avec Iris Productions à ses côtés, il présente son projet au Film Fund Luxembourg, qui lui accorde des fonds. Et poursuit sa recherche financière du côté français et belge, avec succès. «L’Europe permet la production de films d’auteur qui ne sont pas envisageables aux États-Unis», explique Carlo Vogele lors de la projection à la Cinémathèque de Luxembourg. «Grâce aux différents soutiens publics que nous avons pu solliciter, ‘Icare’ a pu devenir réalité. L’idée de ce film remonte à 2016. Ma mère m’a introduit depuis mon enfance à la mythologie grecque et mon mari, qui est archéologue, m’a fait découvrir les vestiges crétois. De mon côté, j’ai eu envie de porter à l’écran l’histoire d’Icare, et surtout de raconter l’histoire avant la chute», explique Carlo Vogele.

Une animation aux nombreux atouts

En plus d’être l’histoire adaptée de célèbres mythes, ce film est aussi un récit initiatique, une histoire d’amitié, de désobéissance, et d’une relation père-fils. Et c’est une animation aux nombreux atouts.

Esthétiquement, la qualité est au rendez-vous avec un habile mélange de 2D pour les décors et 3D pour les personnages, quelques scènes flamboyantes et d’autres plus haletantes, dont celle du combat dans le labyrinthe, au crayonné blanc sur fond noir. La direction artistique, tout en maitrise, est assurée par Édouard Cour.

Du point de vue du scénario, on suit très volontiers la réécriture de l’histoire du jeune Icare qui embarque les spectateurs dans ce qui pourrait être un prequel à l’histoire qu’on connait le plus. Sans jamais la montrer, la violence – qu’elle soit physique ou psychologique – n’est pas écartée et est au contraire finement abordée. Les dialogues, co-écrits avec la collaboration d’Isabelle Andrivet, sont un régal. Enfin une animation qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles, avec des échanges vifs et soutenus. On notera en particulier la rencontre enlevée entre l’éphèbe Thésée et la pimbêche Ariane dont les adultes sauront apprécier les sulfureuses allusions.

Enfin, la musique composée par André Dziezuk apporte une dimension supplémentaire très réussie.

On ne saurait donc que recommander chaudement la découverte de cette création, qui plaira à n’en pas douter autant aux enfants qu’aux parents.