L’intelligence artificielle cristallise les peurs et ressuscite le mythe de la machine dominant l’Homme. Pourtant, il faut le dire et le redire: l’IA est et sera bien créatrice de nouveaux emplois, autour d’un large spectre de métiers notamment articulés autour de la data, du design d’interface homme-machine et de la maintenance.
Selon une étude réalisée par l’Institute for the Future (IFTF), 85% des jobs à l’horizon 2030 n’ont pas encore été créés. Les destructions d’emplois concerneront surtout des métiers à faible valeur ajoutée, souvent liés à des opérations manuelles courantes, répétitives et contraignantes. L’emploi n’est donc pas détruit mais plutôt transformé.
Leigh McMullen, vice-président et analyste distingué de Gartner, déclare que, d’ici 2024, l’IA sera «un élément essentiel, mais largement invisible, des activités quotidiennes». L’enjeu est alors de recentrer les hommes sur ce qu’ils font de mieux que la machine dans les années à venir.
Assurer le dynamisme de notre économie actuelle et future
Ironie de la chose: ses pourfendeurs oublient bien vite que l’intelligence artificielle est pensée et mise en œuvre par… des humains. À l’heure où les entreprises rencontrent les plus grandes difficultés à recruter des experts, il est crucial pour notre économie et son avenir de former des cerveaux, en qualité et en quantité.
Une multitude d’initiatives voient le jour dans cet objectif et on ne peut que s’en réjouir: la création d’écoles accessibles à des jeunes au chômage, à des personnes en reconversion, issues de quartiers prioritaires ou en situation de handicap, mais aussi des partenariats entre les entreprises et des organismes d’État, telle l’Adem, qui forment des demandeurs d’emploi aux métiers du numérique.
L’IA pour «All Inclusive»
L’intelligence artificielle et plus globalement la tech constituent une formidable opportunité pour réinsérer des personnes éloignées de l’emploi, mais aussi pour faciliter l’inclusion des 650 millions de personnes concernées par le handicap dans le monde. C’est tout le sens du mouvement «IA For Good», qui ne cesse de prendre de l’ampleur en Europe.
La Handitech, une association que CGI a créée avec JobinLive, Bpifrance et APF France handicap, a fait de l’amélioration du quotidien des personnes en situation de handicap sa priorité et fédère un écosystème riche de start-up, d’entreprises, d’écoles, d’institutions, d’associations et d’investisseurs. Et ça marche. L’émulation prend au niveau international, les solutions se multiplient, tels SignBand, un logiciel qui exploite la puissance de l’IA pour traduire instantanément la langue des signes, et Translator AI, un plug-in PowerPoint qui permet de sous-titrer des présentations, ou encore Wyes, une technologie qui permet à des personnes paralysées de dialoguer par le clignotement des yeux via une combinaison de lunettes et de capteurs infrarouges.
Le gouvernement du Luxembourg voit en l’IA et la digitalisation de manière plus générale un levier d’inclusion: Marc Hansen, ministre délégué à la Digitalisation, a déclaré lors des Luxembourg Internet Days que «l’enjeu majeur de la transition vers l’ère digitale est de faire du numérique une chance pour tous».
Sauver la planète
Le mouvement «IA For Good» s’implique aussi fortement dans la question écologique, avec pour mission de préserver l’environnement. Pour la nouvelle génération de start-up engagées dans ce combat, l’IA est un puissant accélérateur, qui permet de créer des applications et des services dédiés à la limitation de l’impact environnemental en puisant dans les masses de données privées et publiques à disposition – météorologiques, agricoles, issues des sociétés de transport, etc.
À la clé: lutte contre la pollution, amélioration de la gestion des énergies, aide pour le recyclage des déchets et préservation des écosystèmes. Chaque jour, des start-up ou des initiatives d’entreprises voient le jour, visant à améliorer notre façon de produire ou de consommer, à améliorer la traçabilité des matières premières utilisées, ou encore à miser sur l’écoconception ou sur l’innovation sociale.
Par exemple, l’optimisation des déplacements conventionnels (sur terre et surtout dans les airs) est au cœur d’une solution développée par CGI, qui permet grâce à des données satellitaires d’automatiser la surveillance de la végétation autour des lignes à haute tension et des pipelines. Nous pouvons, et devons donc, désormais, considérer l’intelligence artificielle comme une technologie responsable qui agit (aussi) sur la vie des gens et sur le monde, pour le meilleur. Finalement, l’humain est au centre de toute cette avancée technologique, puisque l’IA est avant tout une application des modèles cognitifs humains à la machine.