«Hytte» est le premier long métrage de fiction de Jean-Louis Schuller à qui l’on doit notamment «High/Low», désigné Meilleur documentaire lors du Luxembourg Film Präis en 2012, ou «Chungking Dream» qui est désormais dans la collection du Mudam.

Pour son premier film de fiction, Schuller s’attaque au sujet de l’identité. «Hytte», qui signifie «la cabane» en norvégien, raconte l’histoire de Luc (Luc Schiltz), un quadragénaire luxembourgeois divorcé qui part en vacances en Norvège, au Svalbard, un archipel proche du pôle Nord, juste avant d’emménager avec sa petite fille dont il partage la garde avec son ex-femme. Sur son chemin, sous le soleil de la nuit et après une soirée de fête et d’alcool, il croise Mike (Mike Tock), un autre Luxembourgeois. Intrigué, Luc discute un peu avec lui. Au fil des brefs échanges, Mike évoque une cabane totalement isolée dans laquelle il veut se rendre. Mais, tel un personnage allégorique, Mike disparaît. Quelques jours après, Luc prend la direction de l’aéroport pour le retour. Prétextant d’avoir raté son avion, il choisit finalement de rester et de fuir ses obligations familiales. Alors que Luc part à la recherche de Mike, il rencontre Ingrid (Ingrid Liavaag), enseignante norvégienne qui lui plait et chez qui il s’installe. Bienveillante, mais avec une personnalité bien forgée, elle est à ses côtés, l’épaule et l’accompagne dans cette quête qui s’avère identitaire, sans juger.

Se confronter pour se retrouver

Personnage jusqu’au-boutiste, se mettant dans une situation et des conditions extrêmes, Luc, interprété très justement par Luc Schiltz, se cherche, vacille, tombe, se relève. Il interroge sa masculinité, renoue avec les choses simples (le travail manuel, le chant choral), cherche à se mettre à l’écart de sa vie de cartographe, de ce monde globalisé, de l’hypertechnologie. Pour cela, il choisit ce territoire extrême, à la limite du pôle Nord et de la civilisation. Un territoire à la fois hostile et absolument fascinant, une nature puissante, d’une grande poésie, dont il découvre la richesse et la culture. En s’obligeant à cette confrontation avec cette nature, il s’offre la possibilité de se retrouver, une introspection en constante relation avec les autres et les conditions sauvages. Vivre pleinement, sans préjugé, au contact des éléments. Pour mieux se connaître et s’accepter.

«Hytte», un film de Jean-Louis Schuller, produit par a_Bahn, Novak Prod, Les Films Fauves, Espera Productions. En salles actuellement.